Le ministère des Affaires étrangères a annoncé dans un communiqué le rapatriement sur le sol national de 35 enfants mineurs français et de 16 mères.Ils étaient détenus dans des camps de prisonniers djihadistes.Parmi les mères, Emilie König, l'une des djihadistes françaises les plus connues.
Dans un court communiqué, le Quai d'Orsay a annoncé le rapatriement de 35 mineurs et de 16 mères présents depuis la chute de l'organisation État islamique dans des camps de prisonniers djihadistes "du Nord-Est de la Syrie". À leur arrivée en France, les mères ont été remises aux autorités judiciaires et les enfants aux services d'aide à l'enfance, précise le communiqué.
Il s'agit du premier rapatriement aussi massif en France d'enfants et de mères depuis la chute en 2019 du "califat" de l'EI."35 enfants sont désormais sortis de l'enfer", a réagi la secrétaire d'État chargée de l'Enfance auprès de la Première ministre, Charlotte Caubel, saluant cette décision "pour laquelle je me suis longtemps battue". "Nous poursuivrons leur rapatriement tant qu'il le faudra pour les protéger", a-t-elle encore promis.
La moitié des mères rapatriées placées en garde-à-vue
Selon le Parquet national antiterroriste, sur les 35 mineurs, sept sont des enfants isolés. Quant aux 16 femmes, âgées de 22 à 39 ans, "quatre avaient déjà consenti au retour de leurs enfants au cours des derniers mois" et "12 sont revenues accompagnées de leurs enfants". Toutes ont la nationalité française "sauf deux d’entre elles qui ont en revanche des enfants français", précise le PNAT dans un communiqué.
Huit ont été placées en garde-à-vue "en exécution d’un mandat de recherche, huit font l’objet d’un mandat d’arrêt", ajoute-t-on de même source. Un mineur a également été placé en garde-à-vue, selon une source proche du dossier. Parmi les femmes, se trouve Emilie König, l'une des jihadistes françaises les plus connues. Cette femme de 37 ans, originaire de Lorient (Morbihan), était partie en Syrie en 2012. Elle est accusée d'avoir recruté pour le groupe État islamique et appelé à commettre des attaques en Occident. Elle devrait être mise en examen puis incarcérée après son passage devant des magistrats.
Des conditions de vie "épouvantables", alerte l'ONU
En tout, depuis 2016, ce sont donc 161 enfants dont les parents avaient rejoint des territoires repris à l'État islamique qui ont été rapatriés en France. Avant ce dernier retour, il restait près de 200 mineurs et 80 mères dans des camps du Nord-Est syrien contrôlés par les Kurdes, où les conditions de vie sont "épouvantables" selon l'ONU. Le 14 décembre 2021, une Française âgée de 28 ans, diabétique, était morte, laissant orpheline une fillette de six ans.
Fin avril, la Défenseure des droits, Claire Hédon avait exhorté le gouvernement à procéder au rapatriement "dans les plus brefs délais", de tous les enfants français retenus dans les camps du Nord-Est de la Syrie. Contrairement à d'autres pays européens, la France maintient une politique décriée de retours au compte-gouttes, des enfants uniquement. Le retour des adultes est refusé, au motif qu’ils devraient être jugés sur place. Lors du débat télévisé de l'entre-deux-tours, Emmanuel Macron avait affirmé que la protection de l’enfance serait au cœur des cinq années qui viennent.
Dans un communiqué publié mardi, le "Collectif des familles unies", qui regroupe des familles de Français partis en zone irako-syrienne, a dit "espérer" que ce dernier rapatriement "signe la fin de cette abjecte politique du +cas par cas+ qui revient à trier des enfants, à séparer les fratries et à arracher des enfants à leurs mères".