Syrie : des habitants assiégés par les forces de Bachar al-Assad forcés de se nourrir de foin

Publié le 14 novembre 2017 à 22h32
Syrie : des habitants assiégés par les forces de Bachar al-Assad forcés de se nourrir de foin
Source : MOHAMMED EYAD / AFP

PÉNURIES – Dans la région de la Ghouta, en Syrie, 400.000 personnes vivent en proie à la famine, assiégées par les soldats de Bachar al-Assad. Une situation humanitaire alarmante qui, selon les ONG, force certains habitants à manger du foin.

L’enfer au quotidien. Dans la région syrienne de la Ghouta, à l’extérieur de la capitale Damas, plus de 400.000 personnes souffrent de graves pénuries de nourriture et de médicaments, assiégées par les soldats de Bachar al-Assad. Une situation alarmante qui, selon les ONG présente sur place, contraint des habitants à manger du foin normalement réservé au bétail. "Les bénévoles sur place nous rapportent que certaines familles sont obligées de trouver des dérivatifs en mangeant le foin destiné aux animaux", affirme Sébastien Fresneau, directeur des programmes pour la Syrie Care, à nos confrères de 20minutes

"Le prix du pain a été multiplié par 35, le prix de la farine a augmenté de +174 à +390% depuis janvier 2017. A cette flambée des prix s’ajoute celle des carburants, un accès à l’eau et à l’électricité limité", poursuit l’humanitaire, précisant que les accès à la zone sont difficiles même si un convoi a pu intervenir dimanche pour la première fois depuis août dernier. 24 camions affrétés par le Comité international de la Croix-Rouge en coopération avec les Nations unies sont ainsi entrés à Douma, la plus grande ville de la Ghouta orientale. 21.000 civils devraient pouvoir être aidés. 

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"Epicentre de la souffrance"

Mais les préoccupations des institutions internationales demeurent. Evoquant le risque d’une "totale catastrophe", le chef du groupe de travail humanitaire de l'ONU pour la Syrie, Jan Egeland, avait qualifié jeudi la Ghouta orientale "d'épicentre de la souffrance" en Syrie. Trois jours plus tard, c'est l'Organisation mondiale de la santé (OMS) qui mettait en garde contre "la situation critique" dans la Ghouta, "où la vie de centaines de personnes, dont beaucoup d'enfants, est en jeu", déplorant de ne pas avoir reçu les autorisations nécessaires pour des évacuations médicales. 

Ces derniers jours, l'ONU a réclamé à maintes reprises l'évacuation de plus de 400 malades. Parmi eux, 29 personnes - dont 18 enfants - pourraient "mourir s'ils ne sont pas évacués". Selon l’Unicef, plus d'un millier de cas de malnutrition infantile aiguë ont été recensés ces derniers mois. Des photos (insoutenables) montrant des nourrissons dramatiquement amaigris et affaiblis ont récemment témoigné de l’urgence de la situation.  

Depuis 2013, année où la région a été le théâtre d’une attaque à l’arme chimique des forces loyalistes, la Ghouta vit étranglée par le siège incessant du régime. Si le territoire est censé être l’une des quatre zones de "désescalade" instaurées depuis la fin du printemps par les parrains internationaux des belligérants (Iran et Russie d’une part, Turquie de l’autre) pour mettre fin aux combats, le secteur a connu ces derniers jours une recrudescence des bombardements. Pas de quoi rasséréner les habitants, qui continuent de vivre l’enfer au quotidien. 


Alexandre DECROIX

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