Syrie : Washington et Bruxelles rejettent une élection présidentielle "ni libre ni juste"

Publié le 26 mai 2021 à 7h57
Les gens passent devant les panneaux d'affichage de la campagne électorale représentant le président syrien Bashar al-Assad, candidat au prochain scrutin présidentiel, dans la capitale Damas, le 25 mai 2021.
Les gens passent devant les panneaux d'affichage de la campagne électorale représentant le président syrien Bashar al-Assad, candidat au prochain scrutin présidentiel, dans la capitale Damas, le 25 mai 2021. - Source : LOUAI BESHARA / AFP

AUX URNES - Une partie du monde occidental a pointé du doigt le scrutin en Syrie organisé mercredi qu'elle perçoit comme une nouvelle volonté du président Bachar Al-Assad d'asseoir sa légitimité après dix ans de guerre civile.

Inutile de jouer, les dés sont pipés. C'est du moins ce que clament Washington et l'Europe lorsqu'ils évoquent l'élection présidentielle en Syrie qui ne sera "ni libre ni juste". Au contraire, les Occidentaux perçoivent ce scrutin comme une farce démocratique à l'issue de laquelle le président syrien Bachar Al-Assad est assuré de l'emporter.  Il s'agit d'une" tentative du régime d'Assad pour retrouver une légitimité sans qu'il ne cesse ses graves violations des droits humains ni ne participe de manière significative au processus politique facilité par l'ONU dans le but de mettre un terme au conflit", écrivent les ministres des Affaires étrangères américain, allemand, britannique, français et italien dans une déclaration commune. 

La présidentielle doit offrir un quatrième mandat à Bachar al-Assad, qui se veut l'homme de la reconstruction dans un pays en faillite après dix ans d'une guerre civile dévastatrice - et ainsi consacrer un demi-siècle de pouvoir de son clan familial. "Nous dénonçons la décision du régime Assad de tenir une élection en dehors du cadre décrit par la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU 2254 et nous soutenons les voix de tous les Syriens, notamment les organisations de la société civile et l'opposition syrienne, qui ont condamné ce processus électoral comme étant illégitime", ajoutent-ils.

Une élection frauduleuse
Les Occidentaux

Conséquences : les ténors du monde occidental exhortent la communauté internationale à rejeter "sans ambiguïtés" ce scrutin. Selon eux, des élections libres et justes ne peuvent s'organiser sans la supervision de l'ONU et doivent se plier aux "plus hautes exigences internationales en matière de transparence", estiment-ils. Que ce soit à Bruxelles ou à Washington, les diplomaties occidentales considèrent aussi qu'il est primordial que le scrutin soit ouvert à tous les Syriens -  y compris les déplacés internes, les réfugiés et les membres de la diaspora. "Sans ces éléments, cette élection frauduleuse ne représente aucun progrès vers une résolution politique", préviennent encore les Occidentaux.

Si une frange de la population syrienne n'aura pas accès aux urnes ce mercredi, les aspirants au pouvoir doivent cocher des cases précises pour se présenter au scrutin. En effet, la loi électorale impose aux candidats d'avoir vécu en Syrie dix ans de suite avant le scrutin, ce qui exclut de facto les figures de l'opposition en exil, très affaiblies. Ainsi seuls deux autres candidats sont en lice dans cette élection. Il s'agit d'un ancien ministre, Abdallah Salloum Abdallah, et ce qu’on appelle "un opposant de l’intérieur", Mahmoud Mareï, rappelle Franceinfo

Malgré les condamnations occidentales, le dictateur âgé de 55 ans, a pu inverser le cours de la guerre avec l'aide de ses alliés -Russie, Iran et Hezbollah libanais- enchaînant à partir de 2015 les victoires et reprenant les deux tiers du territoire, au prix d'un bilan très lourd. Le conflit a fait plus de 388.000 morts et poussé à l'exil des millions de Syriens. 


La rédaction de TF1info

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