Une invasion militaire de Taïwan par la Chine "paraît difficile", selon Pascal Boniface.Sur LCI, le géopolitologue explique que cette opération serait compliquée "militairement", mais surtout aurait un coût économique trop important pour Pékin.Il évoque en outre "l'ambiguïté stratégique" entretenue par Washington pour "dissuader la Chine".
La tension monte d'un cran en mer de Chine. Après l'arrivée très commentée de Nancy Pelosi à Taïwan mardi, la Chine a déployé ce mercredi une série de sanctions commerciales, ainsi que des exercices militaires autour de l'île. Une réponse "nécessaire et légitime", selon Pékin, qui menace "ceux qui offensent la Chine" - en l'occurrence les États-Unis.
Malgré cela, "même si une invasion militaire n'est pas à exclure, elle paraît difficile", tempère Pascal Boniface, invité sur LCI. "Militairement ce ne serait pas facile", l'île étant à 180 km des côtes, et "bien équipée, par les Américains", estime-t-il. Mais surtout, "cela porterait atteinte à la croissance économique de la Chine" -Taïwan fournissant les microprocesseurs dont le continent a besoin - ajoute Pascal Boniface. "Donc pour le moment il y a plus d'inconvénients que d'avantages à tenter une réunification par la force", conclut le directeur de l'Institut de relations internationales et stratégiques.
"Ambiguïté stratégique" des Etats-Unis
"Si bien sûr Taiwan proclamait officiellement son indépendance, les choses changeraient", nuance Pascal Boniface. "Pour l’instant, il y a une sorte de statu quo : Taiwan bénéficie d’une indépendance de fait, mais qui n’est pas reconnue par les autres pays", conclut le spécialiste. D'autant que Washington maintient une "ambiguïté stratégique pour maintenir un effet dissuasif", ne prenant pas de position claire sur sa participation au conflit en cas d'action militaire.
Dans ce contexte, la visite de Nancy Pelosi, troisième personnage politique des États-Unis, n'a pas plu à la Maison Blanche, même si le président américain a dû soutenir ce déplacement "devant le fait accompli" précise Pascal Boniface. Pour Joe Biden, "le fait de provoquer la colère de Pékin n’est pas l’urgence du moment, alors que la communauté internationale essaye de faire la plus grande séparation possible entre Pékin et Moscou", rappelle-t-il.
Ce voyage de la présidente de la Chambre des représentants américaine est un déplacement "pour la gloire médiatique", estime encore le spécialiste. "Effectivement, elle sera célébrée partout, mais stratégiquement, c'est contre-productif", estime-t-il.
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