Téhéran confirme l'arrestation de deux ressortissants français, accusés de vouloir "déstabiliser" l'Iran

Annick Berger avec AFP
Publié le 17 mai 2022 à 16h16

Source : JT 20h Semaine

Les autorités iraniennes ont confirmé, mardi, avoir arrêté deux ressortissants Français.
Elles affirment qu'ils auraient tenté de provoquer des troubles dans le pays.
Le 12 mai dernier, le ministère français des Affaires étrangères avait dénoncé des arrestations "sans fondement".

L'Iran a finalement confirmé. Le 12 mai dernier, le ministère des Affaires étrangères français avait annoncé l'arrestation par Téhéran de deux ressortissants sans les identifier. Ce mardi, la télévision d'État iranienne a confirmé ces interpellations, affirmant qu'ils auraient tenté de provoquer des troubles en rencontrant des représentants de syndicats d'enseignants. Le média a également diffusé des images de ces deux Français, une femme de 37 ans et un homme de 69 ans, depuis leur arrivée dans la République islamique, le 28 avril, jusqu'à leur arrestation le 7 mai. 

"Le ministère des Renseignements a surveillé les deux personnes lors de réunions d'organisation et de coordination avec certaines personnes qui se considèrent comme des membres du syndicat des enseignants", a détaillé la télévision d'État, ajoutant qu'elles "tentaient de former une sorte de manifestation pour créer des troubles"

Des arrestations "sans fondement"

Le média a également diffusé un fichier audio dans lequel on peut entendre une voix féminine, présentée comme celle de la ressortissante française arrêtée. Elle y affirme, en anglais, que "c'est une bataille pour obtenir la majorité des Iraniens". Un homme, présenté comme le second ressortissant arrêté, complète de son côté, toujours en anglais : "Nous devrions construire un 'package' révolutionnaire". 

Le 11 mai dernier, le ministère iranien des Renseignements avait annoncé l'arrestation de deux Européens cherchant à déstabiliser le pays. Le lendemain, le ministère français des Affaires étrangères avait précisé qu'il s'agissait de deux citoyens de l'Hexagone, sans donner leur identité, avant de dénoncer des arrestations "sans fondement" et d'appeler à leur libération immédiate. 

Les deux prisonniers sont Cécile Kohler, professeure de français ainsi que son mari. Ils s'étaient rendus en Iran à l'occasion d'un voyage personnel durant les vacances de Pâques. C'est le syndicat de la jeune femme qui, sans nouvelles d'elle, avait alerté les autorités. L'enseignante est une syndicaliste très engagée, membre du syndicat Force ouvrière dont elle était chargée des relations internationales. 

Ces arrestations interviennent alors que l'Iran est secoué par des manifestations de professeurs contre leurs conditions de travail. Plusieurs d'entre eux ont été arrêtés, entraînant de nouveaux soulèvements pour réclamer leur libération. Au début du mois, l'ONG Human Rights Watch avait demandé la libération de près de 40 enseignants arrêtés depuis les manifestations du 1er-Mai.

"Diplomatie de la coercition"

Deux autres Français sont également retenus en Iran : la chercheuse franco-iranienne Fariba Adelkhah, condamnée à cinq ans de prison en 2020 pour "atteinte à la sécurité nationale" et Benjamin Brière, âgé de 30 ans, arrêté en mai 2020 pour avoir pris "des photographies de zones interdites à l'aide d'un drone de loisirs". Il a été condamné à plus de huit ans de prison. Deux citoyens que le chef de la diplomatie français, Jean-Yves Le Drian, avait qualifié "d'otages" en janvier dernier, appelant à leur libération. 

Les autorités iraniennes retiennent prisonniers plusieurs ressortissants étrangers pour des motifs jugés comme politiques par les pays occidentaux. Ces derniers considèrent ainsi que Téhéran s'en sert comme moyen de pression dans les négociations dans le dossier du nucléaire iranien ou pour desserrer l'étau des sanctions internationales. Un bon connaisseur occidental du dossier avait ainsi expliqué à l'AFP, le 12 mai, que l'Iran pratiquait la "diplomatie de la coercition".

Si des dizaines d'étrangers ont été arrêtés ces dernières années par Téhéran, parfois échangés contre des prisonniers iraniens détenus dans les pays occidentaux, le cas le plus sensible est celui du chercheur irano-suédois Ahmadreza Djalali, condamné à mort pour espionnage en 2017. Mardi, le Haut-Commissariat aux droits de l'Homme des Nations unies a appelé l'Iran à suspendre son exécution et demandé la révocation de sa condamnation. Une demande à laquelle pourraient accéder les autorités qui ont toutefois précisé que sa condamnation était "définitive". 


Annick Berger avec AFP

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