Covid-19 : l'Inde face à un manque cruel de doses de vaccin

M.D.
Publié le 17 mai 2021 à 10h02

Source : JT 20h WE

CATASTROPHE SANITAIRE - En Inde, face à la fragilité des systèmes de santé, les habitants se ruent dans les centres de vaccination. Mais les doses manquent cruellement à l'appel.

La vaccination avec le Spoutnik V russe a commencé à la veille du week-end en Inde. De quoi répondre en partie à la pénurie de vaccins qui frappe le pays depuis plusieurs jours. Jusque-là, seuls deux vaccins étaient disponibles : AstraZeneca et Covaxin, un sérum développé localement. Avec l’arrivée du vaccin russe, le gouvernement entend accélérer la cadence, alors qu’à peine 3% de la population indienne a reçu ses deux injections. À ce rythme, il faudra deux ans pour immuniser les 1,3 milliard d’habitants que compte le pays.

Suit à l’apparition des variants repérés au Royaume-Uni et en Inde, responsables de la flambée du nombre de contaminations à travers le pays, le gouvernement a étendu sa campagne à toutes les personnes âgées de 18 ans, soit au total plus de 900 millions de personnes. Par conséquent, la demande a explosé. Et nombreux sont ceux à ne pas pouvoir prendre rendez-vous. "Tout est déjà réservé. Même les semaines suivantes, il n’y a pas de créneaux disponibles. Ce virus m’effraie. Moi, tout ce que je veux, c’est protéger ma famille", explique, inquiet, Alamoor Kothandan Ranjit.

Pour obtenir un vaccin, il faut attendre pendant des heures et à la fin on n’est même pas sûr d’avoir une dose
Lucas Vandar, expatrié français basé à Calcutta

Lucas Vandard, volontaire au sein de l’ONG "Life Project 4 Youth" à Calcutta en Inde, a eu plus de chance. Cet expatrié est l’un des premiers ressortissants français à bénéficier de l’une des doses du vaccin Moderna acheminées spécialement par la France. Il n’a pas hésité à faire deux heures d’avion pour se rendre dans un centre de vaccination à New Delhi. "Pour obtenir un vaccin, il faut attendre pendant des heures et à la fin on n’est même pas sûr d’avoir une dose. Quand l'ambassade de France a proposé de se faire vacciner, j’ai tout de suite accepté", explique-t-il, soulagé.

Le gouvernement nous impose d’attendre entre 3 et 4 mois entre deux doses
Anisha Malik, médecin au Madan Mohan Malaviya hospital à New Delhi

L’Inde produit pourtant jusqu’à 90 millions de doses chaque mois. Face à la pénurie, l’État indien a même stoppé les exportations. Dans la capitale, plusieurs centres ont dû fermer leurs portes et, dans ceux qui restent ouverts, les doses sont disponibles en très petite quantité. "Il ne reste plus que du Covaxin", explique un agent à l’entrée d’un centre de vaccination à New Delhi, alors qu’une habitante demande à recevoir sa deuxième dose. "Vous avez eu AstraZeneca en première dose, vous aurez donc le même pour la deuxième injection", lui explique-t-il.

À cause de la pénurie, certaines cliniques ont choisi de limiter la vaccination aux personnes de plus de 45 ans. Dans un hôpital public, une décision encore plus radicale a été prise. Seules les secondes doses sont désormais administrées. "Nous devons désormais espacer les injections et le gouvernement nous impose d’attendre entre 3 et 4 mois entre deux doses", explique Anisha Malik, médecin au Madan Mohan Malaviya hospital à New Delhi.

Du fait de la pénurie cette pénurie, les établissements publics et privés se livrent à une compétition pour acheter en premier des stocks de vaccins auprès des laboratoires. Les cliniques huppées facturent 10 euros la dose au patient. Un prix inaccessible pour plus de la moitié de la population qui dépend de la gratuité des hôpitaux publics. "Comment voulez-vous que je m’inscrive en ligne ? Avez-vous vu mon téléphone ? Je n’ai même pas de smartphone", explique un vendeur itinérant. Une occasion de plus de prendre conscience des inégalités abyssales qui existent dans ce pays d'un 1,3 milliard d'habitants  


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