DECRYPTAGE - Le groupe terroriste cultive depuis ses débuts une mécanique très orchestrée en matière de propagande. Un savoir-faire qui a contribué à son expansion. Explications.
"Je viens de voir que ma photo des deux policiers prise après les attentats du 13 nov fait la une de Dar Al Islam, le magazine de Daech version française... #lagerbe." Le photographe Benjamin Filarski n’a pas caché son dégoût ce mardi en apprenant que le dernier numéro de "Dar al islam", le magazine en français de l'Etat Islamique (facilement consultable en ligne) avait choisi d’illustrer sa couverture avec sa photo. Un cliché qui, il y a encore quelques jours, illustrait les messages "Je suis Paris". Surprenant ? Pas sûr, tant la propagande de Daech a appris à mélanger les références pour servir sa cause.
Une machine qui tourne à plein régime depuis l’instauration du califat, dont les avancées militaires entre la Syrie et l’Irak sont indéniablement suivies d’une campagne de promotion sur Internet. Vidéos, photos, magazines... la puissance de frappe médiatique de Daech est savamment orchestrée. "L’organisation n’est pas pyramidale : chaque groupe armé a sa propre plateforme médiatique pour poster ses vidéos, plus ou moins bien réalisées. En outre, chaque combattant poste ses propres photos", nous expliquait il y a quelques mois Olivier Hanne, spécialiste de l’histoire de l’islam et chercheur-associé à l’université Aix-Marseille. Le but poursuivi obéi aux mécanismes classiques de la propagande : démoraliser "l'ennemi" et, dans le même temps, susciter de nouvelles vocations.
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Un "califat virtuel"
Selon le groupe de réflexion britannique Quilliam, spécialisé dans la déradicalisation, Daech aurait tout simplement instauré un "califat virtuel". Entre le 17 juillet et le 15 août, tout ce que le groupe a mis en ligne via ses unités de production et de communication a été recensé. Verdict : 1.146 entrées ont été enregistrées, soit plus de 38 par jour, sous forme de photos, de vidéos, d’articles ou d’enregistrements audio. "Cette propagande implique des équipes dédiées qui, de l'Afrique de l'Ouest à l'Afghanistan, travaillent sans relâche, nuit et jour, à la production et la dissémination de la marque califat", expliquait alors Quilliam.
Dans un article particulièrement documenté, le Washington Post énumère justement les détails auxquels ces équipes prêtent attention. On apprend par exemple qu’un condamné à mort a été obligé de répéter plusieurs fois ses dernières paroles pour permettre aux caméras d’enregistrer la scène sous plusieurs angles. Ou encore que le réalisateur d’une vidéo peut décider du moment de l’exécution, contrairement au bourreau. Il arriverait même que ce dernier lève plusieurs fois son sabre, afin de fournir, là encore, différents angles aux caméras.
La puissance de l'image
Si les moyens sont sophistiqués, la recette, elle, n’est pas nouvelle. "Ce type de propagande existe depuis une trentaine d’années", nous a assuré Abdelasiem El Difroui, un spécialiste des questions d'utilisation du Net par les djihadistes selon lequel elle résulte d’une "stratégie médiatique qui a débuté en Afghanistan" où ces vidéos réalisées par les talibans sont apparues au début des années 1990. Dans la foulée, Al Qaïda comprend très vite le pouvoir de la vidéo et monte une succursale de production nommée As-Sahab. Celle-ci va produire et rendre accessible en ligne les diatribes de Ben Laden. "Al Qaida a réussi brillamment, en son temps, ce qu’elle pouvait faire avec les moyens", précise Olivier Hanne.
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