Turquie : détenu pendant trois jours, le journaliste Olivier Bertrand dénonce une "dictocratie"

Barbara Azaïs
Publié le 15 novembre 2016 à 8h23
Turquie : détenu pendant trois jours, le journaliste Olivier Bertrand dénonce une "dictocratie"

RÉCIT - Le journaliste Olivier Bertrand, détenu en Turquie pendant trois jours alors qu'il était en reportage, raconte les conditions de sa détention dans plusieurs entretiens. Selon lui, la Turquie est en train de "plonger dans une dictature".

Le journaliste Olivier Bertrand, arrêté le 11 novembre dans une école syrienne de Gaziantep, une ville au sud de la Turquie, et expulsé vers la France 48 heures plus tard, raconte sa détention. Enfermé dans un centre de rétention turc jusqu’au samedi, le cofondateur du site d'information Les Jours explique dans plusieurs entretiens n’avoir pas eu le droit de joindre l’ambassade de France, ni d’être assisté par un interprète. 

"A aucun moment je n’ai su pour quel motif j’étais retenu, ni par quel service de police", explique-t-il dans une interview accordée à Télérama. Après douze heures de route à l’arrière d’un minivan Mercedes, sans aucune information sur ce qui l’attendait, Olivier Bertrand a été placé en cellule dans une cave d’Istanbul. "Plusieurs fois, les autorités m’ont dit que je pourrais rentrer immédiatement chez moi si je leur donnais les codes de mon téléphone (pour récupérer des contacts, ndlr). J’ai évidemment refusé". 

Erdogan, "pas très rationnel"

Pendant ces trois jours de détention, les autorités turques n’ont jamais spécifié au journaliste les charges précises, pénales ou administratives, qui pesaient contre lui. Depuis le putsch raté de cet été, les autorités turques mènent des purges dans plusieurs secteurs : presque 40 000 personnes ont été arrêtées, des dizaines de milliers de fonctionnaires licenciés, et plus de 160 médias fermés. "En arrêtant des intellectuels, des journalistes réputés et des écrivains, on fait passer le message aux Turcs que personne n'est à l'abri", a-t-il raconté dans un entretien à France Info. "C'est ce que tente le pouvoir turc avec la presse étrangère. Le fait d'être journaliste occidental représente une menace dans l'esprit des autorités turques".

Olivier Bertrand parle désormais d’une "démocrature" ou d’une "dictocratie". "La Turquie est en train de plonger dans une vraie dictature. C'est un pays où le président et le parlement sont élus. Mais je crains que ce soit le dernier attribut de la démocratie", a-t-il déploré. Si le journaliste va continuer à parler de la Turquie, il pointe l'instabilité du président Erdogan. "C'est quelqu'un qui a un comportement pas très rationnel. Diplomatiquement, c'est très compliqué".

 


Barbara Azaïs

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