TENSIONS - Après avoir annoncé fin février l'ouverture des frontières turques avec l'Europe, le président Recep Tayyip Erdogan a ordonné à ses garde-côtes d'empêcher les migrants de traverser la mer Egée.
Depuis la fin du mois de février, la tension est palpable entre l’Union européenne et la Turquie, qui a décidé d’ouvrir ses frontières vers l’UE aux migrants, brisant l’accord de 2016 dans lequel la Turquie acceptait de ne plus laisser les migrants passer sa frontière vers l’Europe en échange de 6 milliards d’euros. Ce samedi, le président turc Recep Tayyip Erdogan a temporisé.
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L'ouverture des frontières vers l'Europe "toujours valable"
Selon l’agence d’information Anadolu, qui cite le corps des garde-côtes turcs, le chef d’Etat turc a donné l’ordre d’empêcher les migrants de traverser la mer Egée : "Sur ordre du président (...) aucune autorisation ne sera donnée aux migrants de traverser la mer Egée en raison des dangers que cela comporte."
"L'approche consistant à ne pas intervenir pour empêcher les migrants de quitter la Turquie reste valable, sauf pour ce qui concerne les départs par la mer, en raison des dangers" a toutefois ajouté le corps des garde-côtes, qui précise avoir sauvé jeudi 97 migrants en danger, accusant les Grecs d'avoir "dégonflé leurs trois bateaux et les avoir laissé dériver, à moitié en train de couler".
Des milliers de migrants à la frontière gréco-turque
Depuis l’annonce d’Erdogan le 29 février dernier, des milliers de migrants tentent de passer la frontière terrestre entre la Turquie et la Grèce. Les autorités grecques indiquent avoir empêché 39 000 personnes de traverser la frontière, un chiffre trois fois supérieur selon la Turquie. Officiellement, Ankara proteste contre l'insuffisance de l'aide de l'UE pour faire face au coût des quatre millions de migrants et de réfugiés, principalement Syriens, qu'elle accueille depuis des années.
Un coût qui a augmenté avec l'offensive du régime syrien depuis décembre contre la province d'Idleb, dernier bastion rebelle en Syrie, qui a provoqué une catastrophe humanitaire, avec près d'un million de personnes déplacées. Les Européens, qui avaient proposé un milliard d'euros supplémentaire d'aide qu'Ankara a refusé, y voient un chantage politique pour obtenir un soutien occidental aux opérations turques en Syrie.