RETRAIT - Le Parti démocratique des peuples a décidé de cesser toute activité au Parlement à compter de ce dimanche. La décision fait suite aux nombreuses arrestations dans ses rangs ces derniers jours.
Une réponse politique. Le principal parti pro-kurde de Turquie et troisième force du pays, le Parti démocratique des peuples (HDP), a annoncé dimanche 6 novembre qu'il cessait toute activité au Parlement, après l'arrestation vendredi 4 novembre de neuf de ses députés, dont ses deux co-présidents, Selahattin Demirtas et Figen Yüksekdag. Le HDP est accusé par le gouvernement de soutenir le Parti des Travailleurs Kurdes (PKK), dont la lutte armée contre l'Etat turc a repris à l'été 2015.
BREAKING Turkey's pro-Kurdish #HDP says halting "legislative efforts" in parliament after detention of MPs, inc. party head #Demirtaş . pic.twitter.com/3Q0JcR8L1i — CNN Türk ENG (@CNNTURK_ENG) 6 novembre 2016
"Notre groupe parlementaire et les dirigeants de notre parti ont pris la décision de cesser tout travail dans les organes législatifs après cette attaque totale", a annoncé le parti dans un communiqué. Sortir de la vie politique institutionnelle est un moyen pour le HDP de protester contre les mesures anti-démocratiques prises par le gouvernement d'Erdogan depuis le coup d'Etat militaire manqué en juillet dernier, et d'interpeller la communauté internationale sur l'autoritarisme grandissant du président turc.
Depuis la mi-juillet 2016, 37.000 personnes ont été arrêtées, et 110.000 enseignants, policiers, magistrats, membres des services secrets et autres ont été mis à pied. Sympathisants de gauche, syndicalistes, militants des droits de l’homme et de la cause kurde… toute personne dissidente au régime d’Erdogan est désormais susceptible d’être inquiétée.
Censure et harcèlement des journaux
La presse se trouve particulièrement touchée par cette vaste répression. Lundi 31 octobre, douze journalistes du quotidien d'opposition Cumhuriyet [La République] ont été arrêtés, accusés de double collusion avec les "terroristes" du prédicateur Gülen et des séparatistes kurdes. En mars dernier, le grand journal d'opposition Zaman avait déjà subi l'offensive du pouvoir turc, lorsque le média avait été placé sous tutelle judiciaire.
Dans une tribune publiée dans le Washington Post, Asli Aydintasbas, journaliste de Cumhuriyet s'indignait le 4 novembre "du modèle familier de despotisme au Moyen-Orient" vers lequel se tourne la Turquie d'Erdogan. "Alors que j’écris ces lignes, mes compatriotes n’ont plus la possibilité d’utiliser les réseaux sociaux pour protester. Le fonctionnement de Twitter est perturbé, Facebook est inaccessible alors que des applications de messagerie instantanées comme WhatsApp restent bloquées", poursuit-il, confirmant la censure qui s'abat sur tous les moyens de communication.
Does anyone in China have any suggestions? https://t.co/wGoXBzqLvl — Ceylan Yeginsu (@CeylanWrites) 5 novembre 2016
"Quelqu'un en Chine a des solutions ?", ironise la correspondante du New York Times à Istanbul. Pour communiquer malgré les interdictions, nombreux sont ceux qui utilisent les réseaux privés virtuels (PVN) échappant au blocage.
L’Union Européenne a réagi tièdement en faisant part de ses préoccupations, mais aucune mesure concrète n'a été prise. A titre symbolique, l'ancien rédacteur en chef du quotidien entre 2013 et 2016, Can Dündar, condamné à cinq ans et dix mois de prison dans son pays pour "divulgation de secrets d’Etat", avait été nominé pour le prix Sakharov 2016 (attribué par le Parlement européen) "pour la liberté de l’esprit". Symbole de la censure, il avait révélé dans une enquête en 2015 que les services secrets turcs effectuaient des livraisons d’armes à des groupes islamistes rebelles en Syrie.
Après avoir démissionné un mois après le coup d’Etat, il s’est installé en Allemagne où il vit aujourd’hui en exil.
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