CONSÉQUENCES – La Turquie s'est réveillée jeudi encore sous le choc provoqué par l'explosion d'une mine dans l'ouest du pays qui a fait 282 morts, selon un dernier bilan. Un drame qui a rapidement été imputé au gouvernement islamo-conservateur qui aurait fait preuve de négligence. Un appel à la grève a été lancé et plusieurs rassemblements, violemment réprimés, ont eu lieu dans tout le pays.
Alors que les espoirs de retrouver des survivants de la catastrophe minière se réduisent désormais presque à néant, la situation en Turquie se crispe. Deux jours après l'effondrement de la mine de Soma, dans l'ouest du pays, qui a fait 282 morts selon un dernier bilan, l'heure est aux reproches. Les syndicats ont appelé à la grève jeudi pour dénoncer ce qu'ils appellent le "massacre de Soma". A Ankara, le rassemblement a été dispersé par la police à coups de grenades lacrymogènes et de canons à eau, de même qu'à Izmir (ouest), où 20.000 personnes s'étaient réunies.
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Le gouvernement islamo-conservateur du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan est accusé d'avoir fait preuve de négligence malgré les multiples avertissements des syndicats et des partis d'opposition. Trois semaines avant la pire catastrophe industrielle turque, le Parlement aurait en effet refusé de former une commission pour dresser un état des lieux de la sécurité des mines en Turquie, selon des médias locaux. Les trois partis d'opposition auraient soumis des propositions qui ont toutes été refusées par l'AKP, le parti majoritaire de la justice et du développement.
Record des morts liés à un accident du travail
La situation des mines dans ce pays qui détient le triste record du nombre le plus élevé de morts liés à un accident du travail, est loin d'être exemplaire. En 73 ans, plus de 3.000 mineurs ont perdu la vie. Sont notamment mis en cause l'indépendance des experts chargés d'évaluer les risques dans les mines, puisqu'ils sont payés par les entreprises qu'ils contrôlent, ainsi que la formation reçue par le personnel, souvent illettré, qui laisserait à désirer.
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Sous le feu des critiques, le gouvernement, reste, lui, droit dans ses bottes. Le ministère du Travail a affirmé que la mine de Soma avait été contrôlée en mars et qu'aucune atteinte à la réglementation en vigueur n'avait été relevée. Le chef du gouvernement s'est pour sa part rendu à Soma, mercredi, où il a été pris à partie par des habitants en colère qui l'ont hué et ont donné des coups de pied à sa voiture. Recep Tayyip Erdogan n'a malheureusement pas trouvé mieux que de comparer la catastrophe de Soma à d'autres survenues en Angleterre ou aux Etats-Unis, avant de conclure d'un maladroit : "ce sont des choses qui arrivent".
Ce drame intervient en outre dans un climat politique délétère après des mois de crise que la victoire de l'AKP, aux dernières élections locales malgré un vaste scandale de corruption en mars dernier, n'a pas suffi à éteindre. Un climat social très tendu qui ne laisse présager rien de bon à quelques jours de l'anniversaire des premières manifestations de la place Taksim à Istanbul, le 28 mai prochain.
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