Ukraine : Ioulia Timochenko libre, s'exprime place Maïdan, le président Ianoukovitch en fuite

Publié le 22 février 2014 à 19h20
Ukraine : Ioulia Timochenko libre, s'exprime place Maïdan, le président Ianoukovitch en fuite

KIEV - Dans un flou absolu au sommet de l'Etat, l'opposante fraîchement libérée de prison devrait s'exprimer place Maïdan. Pendant ce temps, le président Viktor Ianoukovitch aurait tenté de fuir vers la Russie.

Tandis que près de Kiev, des milliers d'Ukrainiens découvraient stupéfaits le faste de sa résidence, depuis l'est du pays, le président Viktor Ianoukovitch a dénoncé samedi un coup d'Etat et a déclaré à la télévision qu'il n'avait pas l'intention de démissionner. Dans un contexte constitutionnel vacillant où le Parlement semble désormais le seul pouvoir audible, il n'aura sans doute pas à le faire.

Après avoir voté la libération de Ioulia Timochenko, la figure de la révolution orange emprisonnée depuis 2011, les députés qui ont élu l'un de ses bras droits à la tête du Parlement, ont entériné la destitution du président Ianoukovitch, "dans l'incapacité d'exercer ses fonctions". Encore plus esseulé après de multiples défections, il ne devrait plus pouvoir compter sur la police, "aux côtés du peuple" dans son aspiration à des "changements rapides". Pas plus que sur l'armée, qui a assuré qu'elle ne s'impliquerait "en aucune manière dans le conflit politique" actuel. En cette fin de règne, reste à Ianoukovitch, le soutien de Moscou.

Ianoukovitch, sans police, sans armée, mais soutenu par Moscou

Au lendemain de l' accord de sortie de crise négocié sous la houlette européenne , la Russie a vigoureusement dénoncé l'attitude du Parlement. "L'opposition n'a non seulement pas rempli une seule de ses obligations, mais avance de nouvelles exigences, se soumettant aux extrémistes armés et aux pillards dont les actes constituent une menace directe pour la souveraineté et l'ordre constitutionnel de l'Ukraine", a dit le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. Un peu plus tôt, ses homologues allemand et français avaient appelé les deux parties à respecter l'accord prévoyant une réforme de la Constitution, un gouvernement d'unité nationale et des présidentielles anticipées avant la fin de l'année. Depuis, les députés ont arrêté la date du 25 mai.

Si ce calendrier devait s'imposer, la grande question est de savoir si Ioulia Timochenko, candidate battue en 2010 et Premier ministre démis dans la foulée, s'y présentera. Son parti, le BlouT, semble sortir gagnant du grand charivari de ce samedi, mais sa légitimité n'est pas acquise auprès des manifestants du Maïdan. L'oligarque à la main de fer devenue Premier ministre, puis condamnée pour un accord gazier signé avec la Russie du temps où elle était aux affaires, est assurément la figure la plus emblématique de l'opposition à Ianoukovitch.

Ioulia Timochenko sur le devant de la scène

"La dictature est tombée" a-t-elle commenté à sa sortie de prison, "non grâce aux hommes politiques et aux diplomates, mais grâce aux gens qui sont sortis dans la rue, qui ont réussi à protéger leurs familles et leur pays". Place de l'Indépendance, le haut lieu de la contestation où justement des gens ont bravé le pouvoir et perdu la vie , le fait est qu'elle est loin de faire l'unanimité. Libérée de l'hôpital carcéral de Kharkov, elle a pris l'avion pour Kiev et devrait vite s'exprimer, sans doute pour se poser en leader du changement.

Dans cette même ville de Kharkov, son fief où il s'était replié, impossible en fin de journée d'affirmer que le président Ianoukovitch s'y trouvait encore. D'après Olexandre Tourtchinov, le nouveau président du Parlement, il aurait tenté de fuir vers la Russie. "Il a essayé de prendre un avion à destination de la Russie, mais il en a été empêché par des gardes-frontières. Il se cache actuellement quelque part dans la région de Donetsk" rapporte l'agence Interfax.


La rédaction de TF1info

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