Ukraine : la Crimée a-t-elle le droit de déclarer son indépendance ?

Publié le 11 mars 2014 à 16h20
Ukraine : la Crimée a-t-elle le droit de déclarer son indépendance ?

CRISE - Les autorités séparatistes de Crimée ont fait un pas supplémentaire vers le rattachement à la Russie en adoptant mardi une déclaration d'indépendance, alors que le dialogue de sourds entre Russes et Américains réduit les chances d'une sortie de crise. Chacun invoque le droit international. Mais qui a raison ?

La Crimée sera-t-elle bientôt russe ? Le Parlement local de cette péninsule autonome de l'Ukraine a fait un pas de plus vers le rattachement à la Russie mardi, en adoptant une déclaration d'indépendance, avant la tenue d'un référendum prévu ce dimanche. Ce dernier proposera un rattachement à Moscou ou une plus grande autonomie vis-à-vis de Kiev.

Dans le même temps, le dialogue de sourd entre Russes et Américains se poursuit. Chacun invoque le droit international : d'un côté le Kremlin, allié du Parlement de la Crimée, qui fait valoir le droit des peuples à l'auto-détermination pour justifier ce rapprochement. De l'autre, Bruxelles et Washington, alliés de Kiev, pour qui le Parlement viole le droit international. Alors, qui a raison ?

Des arguments de droit contestables

"La Crimée ne peut pas organiser de référendum sans l'accord de Kiev, tranche pour metronews maître Stéphane Drai, avocat international . Ce serait comme si une région française demandait un référendum pour une séparation du territoire avant même que le Parlement l'ait décidé. Par ailleurs, la tenue d'un référendum serait justifiée si la population de Crimée avait clairement exprimé être en accord avec ce projet, ce qui n'est pas du tout avéré", ajoute ce spécialiste.

Les parlementaires, pour justifier leur décision, ont sorti la carte de la jurisprudence : le précédent de l'indépendance du Kosovo en 2008, proclamée par son Parlement puis reconnue par l'ONU. "La décision paraissait alors justifiée : il y avait des massacres, le pays était en situation d'urgence, nous explique l'avocat. Ce n'est pas le cas aujourd'hui pour la Crimée".

La sortie de crise s'éloigne

Légale ou non, tout semble déjà en place pour une sécession rapide de la péninsule : le "Premier ministre" Serguiï Axionov s'est autoproclamé "chef des armées" et les 2 millions de Criméens, majoritairement russophones, ont vu les chaînes russes remplacer les chaînes ukrainiennes sur leur poste de télévision. Depuis mardi, des hommes en treillis fouillent tout voyageur arrivant à la capitale Simféropol, et seuls les vols en provenance de Moscou peuvent y atterrir. De quoi éloigner un peu plus la perspective d'une sortie de crise.

"Tout va désormais se jouer dans le rapport de force diplomatique entre la Russie et les Etats-Unis", avance maître Drai, pour qui "la Russie n'a pas intérêt à annexer la Crimée si elle ne veut pas s'exposer à de très fortes sanctions internationales". Sauf que, signe d'un extrême tension entre les deux blocs, le chef de la diplomatie américaine, John Kerry, a exclu de rencontrer son homologue Sergueï Lavrov tant qu'il n'y aurait pas d'accord sur le contenu des discussions entre les deux pays. La table des négociations reste désespérément vide. Et alors que la diplomatie semble impuissante, chacun montre ses muscles. Dans le ciel, les avions de l'OTAN survolent la Roumanie et la Pologne, voisins de l'Ukraine. Sur le sol, Kiev a annoncé mardi engager des manœuvres militaires, "prêt à défendre son Etat". 


La rédaction de TF1info

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