Crise ukrainienne : Joe Biden, Olaf Scholz, Boris Johnson... Que disent les autres pays ?

M.L
Publié le 7 février 2022 à 14h54, mis à jour le 7 février 2022 à 15h14

Source : JT 20h WE

Emmanuel Macron se rend ce lundi à Moscou pour évoquer avec Vladimir Poutine une désescalade sur la crise ukrainienne.
Une rencontre dont attendent beaucoup les alliés de la France, à savoir les États-Unis, l'Allemagne et le Royaume-Uni.
L'Ukraine estime quant à elle qu'une "solution diplomatique" est en bonne voie.

Pour le chef de l'État, le défi est de taille : Emmanuel Macron est reçu ce lundi par Vladimir Poutine à Moscou, pour tenter d'amorcer une désescalade autour de l'Ukraine, dossier explosif sur lequel s'affrontent Russes et Occidentaux depuis plusieurs semaines. La menace d'une nouvelle invasion pèse sur ce pays d'Europe de l'Est, alors que des dizaines de milliers de soldats russes sont massés à la frontière. Le Kremlin, lui, exige le retrait des forces de l'Otan de son voisinage et refuse l'entrée de Kiev dans l'organisation.

Alors que la France préside actuellement le Conseil de l'Union européenne, Emmanuel Macron est le premier dirigeant occidental de premier plan à être accueilli par Vladimir Poutine depuis que la situation diplomatique s'est crispée, en décembre dernier. Un regain de tension d'une intensité inédite depuis l'invasion d'une partie du pays en 2014. Ce rendez-vous  est scruté par toutes les nations impliquées dans le conflit. En préparation de son voyage, Emmanuel Macron s'était d'ailleurs entretenu avec le président américain, Joe Biden, le Premier ministre britannique Boris Johnson, le chef de l'Otan Jens Stoltenberg et les dirigeants des trois pays baltes, pour coordonner la position occidentale. 

Les États-Unis se mobilisent "contre toute agression", défend Joe Biden

Les États-Unis sont les plus alarmistes quant à cette crise : ils ont récemment envoyé 3000 militaires en renfort en Europe. Le renseignement américain estime que la Russie a déjà mobilisé 70% des forces nécessaires pour lancer une invasion à grande échelle de l'Ukraine, à savoir 150.000 hommes. Dans le pire des scénarios envisagés, Kiev pourrait être renversée en 48 heures seulement et le conflit laisserait derrière lui des dizaines de milliers de morts civils et militaires, prédit-il. Des accusations balayées par le Kremlin, qui a exhorté à "ne pas croire sur parole" les autorités américaines.

Les premiers contingents américains sont toutefois arrivés samedi et dimanche en Pologne, dans le but de défendre les pays de l'Otan "contre toute agression", a argué Joe Biden. Mais aucune offensive n'est prévue : "Nous n'avons pas l'intention de déployer des forces américaines ou de l'Otan en Ukraine", a déclaré le président américain à une journaliste le 25 janvier dernier. 

L'envoi de renforts américains n'a pas pour but de "déclencher une guerre" contre la Russie, a confirmé dimanche le conseiller de la Maison Blanche pour la sécurité nationale, Jake Sullivan, tout en reconnaissant que les États-Unis "œuvrent d'arrache-pied pour préparer une réponse" en cas d'attaque. Des sanctions économiques pourraient en revanche s'abattre sur la Russie si elle envahit l'Ukraine, a mis en garde Joe Biden, menaçant le pays "d'énormes conséquences"

Berlin et Londres oscillent entre fermeté et ouverture au dialogue

Une ligne ferme que rejoint Olaf Scholz, qui retrouvera lundi à Washington son homologue américain. Le chancelier allemand a affirmé dans un entretien au Washington Post publié ce lundi que Moscou aurait "un prix important à payer si elle intervenait en Ukraine". Un ton destiné à trancher avec la tiédeur dont il est parfois accusé dans ce dossier. 

"Nous sommes prêts à faire tout ce qui est nécessaire pour renforcer" la présence de l'Allemagne dans les opérations de l'Otan dans les pays baltes, avait encore appuyé le dirigeant allemand samedi dans une interview à la chaîne ARD, après avoir semé le trouble ces dernières semaines en refusant de livrer des armes à l'Ukraine. Mais Olaf Scholz ne néglige pas la voie diplomatique : il sera reçu par Vladimir Poutine après Emmanuel Macron, invité à Moscou le 15 février.

Londres plaide aussi pour des discussions et défend un "esprit de dialogue" : le Premier ministre britannique Boris Johnson et Vladimir Poutine se sont fixés l'objectif d'un règlement "pacifique" de la crise ukrainienne au terme d'une conversation téléphonique mercredi, a déclaré un porte-parole de Downing Street. Tous deux se sont accordés sur le fait "qu'une aggravation n'était dans l'intérêt de personne". "Toute incursion supplémentaire russe en Ukraine serait une tragique erreur de calcul", a ainsi mis en garde le dirigeant britannique selon ce porte-parole.

L'Ukraine appelle à une "solution diplomatique"

La principale concernée dans ce dossier se montre de son côté optimiste : le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba a appelé dimanche sur Twitter à ne pas écouter les prédictions "apocalyptiques" de Washington, tout en se félicitant d'avoir une "armée puissante" et "un soutien international sans précédent". "Le flot de délégations étrangères en visite en Ukraine empêche la Russie d'envenimer la situation davantage du point de vue de la sécurité" et a permis de déjouer "la stratégie d'intimidation de Moscou", s'était-il félicité vendredi lors d'une conférence de presse.

"Les chances de trouver une solution diplomatique pour une désescalade sont considérablement supérieures à la menace d'une nouvelle escalade", a abondé dimanche Mykhaïlo Podoliak, conseiller du chef de l'administration présidentielle ukrainienne, dans des commentaires écrits remis à l'AFP. Cependant, l'Ukraine et ses alliés occidentaux doivent "être prêts à tous les scénarios et nous exécutons cette tâche à 100%", a-t-il admis. 

La Turquie charge les Occidentaux, Pékin soutient son allié

S'il encourage également la voie du dialogue, le président turc Recep Tayyip Erdogan a critiqué de son côté la stratégie des Occidentaux. Vendredi, il a accusé ces derniers "d'empirer les choses" entre la Russie et l'Ukraine. Seule l'ancienne chancelière allemande Angela Merkel avait grâce à ses yeux pour résoudre ce conflit, mais "hormis elle, il n'y a aucun leader pour le moment", a-t-il tancé. Allié des Ukrainiens, il a proposé sa propre médiation dans la crise et souhaité accueillir en Turquie des "pourparlers bilatéraux" entre Kiev et Moscou. Il affirme avoir déjà reçu une "réponse positive" de Vladimir Poutine.

Quant aux soutiens du dirigeant russe, seule la Chine est venue défendre la position du Kremlin. Elle a cosigné une déclaration avec Moscou publiée à l'occasion de la rencontre de Vladimir Poutine et Xi Jinping à Pékin vendredi, juste avant l'ouverture des JO : les deux pays y critiquent "l'influence négative pour la paix et la stabilité dans la région" de la stratégie américaine, et plus largement la menace que celle-ci représente à leurs yeux sur la "stabilité et une paix équitable" dans le monde. 

En particulier, ils se disent "opposés à tout élargissement futur de l'Otan" et appellent "l'Alliance atlantique nord à renoncer à ses approches idéologisées datant de la Guerre froide". Une position déjà défendue fin janvier par le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, qui avait fait valoir "préoccupations raisonnables" de la Russie quant à sa sécurité, lors d'un échange téléphonique avec son homologue américain Antony Blinken au sujet de l'Ukraine.


M.L

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