"La France coloniale a œuvré pour répandre l'analphabétisme", affirme un conseiller du président algérien

F.R. avec AFP
Publié le 19 avril 2021 à 7h35
Abdelmadjid Chikhi, conseiller aux questions mémorielles du président Tebboune
Abdelmadjid Chikhi, conseiller aux questions mémorielles du président Tebboune - Source : RYAD KRAMDI / AFP

COLONISATION - Abdelmadjid Chikhi, chargé des questions mémorielles du président algérien, a accusé la France d'avoir éliminé "tous les Algériens qui lisaient et écrivaient" et a fustigé "l'ère du pillage".

La France, en tant qu'ancienne puissance coloniale, a propagé l'analphabétisme en Algérie, a affirmé le conseiller pour les questions mémorielles du président algérien Abdelmadjid Tebboune, selon des propos rapportés ce dimanche 18 avril par plusieurs quotidiens locaux.

"La France coloniale a œuvré pour répandre l'analphabétisme en Algérie", a accusé Abdelmadjid Chikhi, directeur des Archives nationales et alter ego algérien de l'historien français Benjamin Stora, auteur d'un rapport en vue d'une réconciliation des mémoires entre la France et l'Algérie.

Pendant les trente premières années de colonisation, la France avait éliminé les personnes qui lisaient et qui écrivaient
Abdelmadjid Chikhi

D'après les médias, il a souligné, en citant "les historiens", sans les nommer, qu'au début de la colonisation française, en 1830, "le taux d'analphabétisme (en Algérie, NDLR) n'approchait pas les 20% de la population". "Et tous les Algériens lisaient et écrivaient. Pendant les trente premières années de colonisation, la France avait éliminé les personnes qui lisaient et qui écrivaient. Il s'en est suivi l'ère du pillage", a accusé Abdelmadjid Chikhi qui s'est exprimé samedi lors d'une "Journée du savoir", organisée au centre des archives à Alger. Il a par ailleurs annoncé la tenue prochaine d'une "conférence nationale sur la mémoire".

Tensions dans les relations entre la France et l'Algérie

Les relations traditionnellement difficiles entre la France et l'Algérie connaissent un nouveau coup de froid. Un déplacement du Premier ministre français Jean Castex a été récemment annulé à la demande d'Alger. Lundi dernier, Paris a déploré des critiques du porte-parole du gouvernement algérien Ammar Belhimer contre son ambassadeur à Alger, François Gouyette.

La veille, le secrétaire d'État français aux Affaires européennes, Clément Beaune, avait appelé à l'apaisement après qu'un ministre algérien eut qualifié la France "d'ennemi éternel". Des médias algériens ont accusé la France de "provocation", pour ses prises de position sur le mouvement de contestation (Hirak) ou encore sur la question du Sahara occidental.

France/Algérie : la difficile réconciliationSource : La Matinale LCI Week-end

Dans un entretien donné ce dimanche au Figaro, le président français Emmanuel Macron a jugé que la volonté de réconciliation des mémoires entre Français et Algériens est "très largement partagée" malgré "quelques résistances" en Algérie. Le chef de l'État a ainsi qualifié ainsi d"inacceptable" la déclaration du ministre algérien du Travail, Hachemi Djaâboub, qui a affirmé que la France était "l'ennemi traditionnel et éternel" des Algériens.

À l'approche du 60e anniversaire de l'indépendance de l'Algérie (1962), le président de la République a engagé ces derniers mois une série d'"actes symboliques" afin de tenter de "réconcilier les mémoires", sans geste de réciprocité jusqu'à présent côté algérien. Un rapport dédié, remis en janvier par l'historien Benjamin Stora, comportent plusieurs gestes dans ce but. Il a cependant été très fraîchement accueilli à Alger, Abdelmadjid Chikhi estimant que le document était un "rapport franco-français", ne concernant "pas l'Algérie" et n'appelant par conséquent pas de réponse. 


F.R. avec AFP

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