"Un homme est mort en face de moi" : le témoignage glaçant du photographe qui a assisté à l'assassinat de l'ambassadeur russe

Publié le 20 décembre 2016 à 13h01, mis à jour le 20 décembre 2016 à 18h09
"Un homme est mort en face de moi" : le témoignage glaçant du photographe qui a assisté à l'assassinat de l'ambassadeur russe
Source : Burhan Ozbilici/AP/SIPA

TURQUIE - Burhan Ozbilici, photographe pour l'agence Associated Press à Ankara, couvrait le déplacement de l'ambassadeur lundi soir. Un reportage "de routine" qui a très vite basculé.

Un reportage de "routine". C'est ce à quoi s'attendait Burhan Ozbilici, photographe pour l'agence Associated Press à Ankara, en se rendant lundi soir à une exposition de photographies. "Au lieu de ça, ce fut un assassinat froidement calculé", a-t-il raconté sur le site de son agence.

"Quand je suis arrivé, le discours avait déjà commencé. Après que l'ambassadeur Andreï Karlov commence sa prise de parole, je me suis approché pour le photographier, pensant que ces images pourraient être utiles pour illustrer des articles sur les relations turco-russes", a détaillé le photographe. Très vite, la scène bascule dans l'horreur : "Les coups de feu - au moins huit ont été tirés - ont résonné fortement dans la galerie d’art. Les gens criaient, se cachaient derrière des colonnes et sous des tables et se jetaient au sol", raconte-t-il à AP. 

"Je suis là, que je sois blessé ou tué, je suis un journaliste"

"Effrayé, confus", Burhan Ozbilici a malgré tout choisi de faire son travail : "prendre des photos". Caché derrière un mur, il prend des clichés qui, très vite, vont faire le tour du monde. "Je ne voyais pas de sang autour de lui, je pense que le tueur lui a tiré dans le dos. Il m'a fallu quelques secondes pour réaliser ce qu'il s'était passé : un homme est mort en face de moi, une vie a disparu devant mes yeux."

Le tueur, un jeune policier de 22 ans, est agité, évoque la situation à Alep. Malgré les cris et l'arme brandie par l'individu, urhan Ozbilici continue de photographier la scène. Voilà ce à quoi je pensais: “Je suis là, que je sois blessé ou tué, je suis un journaliste. Je dois faire mon travail. J'aurais pu fuir sans faire de photos... Mais je n'aurais pas eu de réponse légitime si on m'avait demandé ensuite ‘Pourquoi n'as-tu pas pris de photos ?''".

Rapidement, le tueur demande aux quelques personnes présentes dans la salle de quitter les lieux. Les forces de sécurité arrivent peu après, et neutralisent l'homme. "Quand je suis arrivé au bureau pour éditer mes photos, j’ai été choqué de voir que le tireur était en fait derrière l’ambassadeur lors de son discours, raconte enfin le photographe. Comme un ami ou un garde du corps".


Thomas GUIEN

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