L'ex-oligarque Oleg Tinkov, qui critique l'invasion russe, obligé de vendre ses parts "sans discuter du prix"

par Léa COUPAU
Publié le 3 mai 2022 à 0h19, mis à jour le 3 mai 2022 à 12h33

Source : JT 20h WE

Le 19 avril, Oleg Tinkov avait fustigé sur les réseaux sociaux le conflit en Ukraine et appelé l'Occident à aider à mettre fin à ce "massacre".
Moins d'une semaine plus tard, l'oligarque russe a été contraint de vendre les actions de sa société.
Il accuse le Kremlin d'être à l'origine de son départ.

Oleg Tinkov n'a pas attendu longtemps avant de subir le courroux russe. Le fondateur de l'une des plus grandes banques russes était pourtant reconnu comme l'un des rares magnats autodidactes de son pays grâce à sa société, Tinkoff Bank, la troisième banque du pays. Mais voilà, le 19 avril, le milliardaire de 54 ans a vivement critiqué l'offensive menée en Ukraine sur ses réseaux sociaux. Et sa prise de position n'a pas du tout plu au pouvoir russe qui l'a poussé vers la sortie, rapporte le New York Times.

"Cette folle guerre !"

"Je ne vois aucun bénéficiaire de cette folle guerre ! Des innocents et des soldats meurent (...) 90 % des Russes sont contre cette guerre !", avait-il écrit sur le réseau. Et d'ajouter : "Cher "Ouest", veuillez donner à Vladimir Poutine une sortie claire pour arrêter ce massacre." Très vite, les Russes pro-guerre ont publié des photos de leurs cartes de débit Tinkoff déchiquetées sur les réseaux sociaux. Certains présentateurs de la télévision d'État ont également fustigé le comportement de l'oligarque.

Mais au plus haut sommet du pouvoir, la colère semble être aussi montée. Dès le lendemain de la publication d'Oleg Tinkov, l'administration Tinkoff Bank aurait été contactée par le cercle du chef de Kremlin qui l'aurait menacée de nationaliser la banque si elle ne coupait pas ses liens avec le magnat, rapporte le quotidien américain.

Et c'est ce qu'elle a fait. Fin avril, l'oligarque se voit obliger de vendre sa participation "sans discuter du prix" au milliardaire minier russe Vladimir Potanine, proche de Vladimir Poutine. "J'étais comme un otage - vous prenez ce qu'on vous offre. Je n'ai pas pu négocier", a-t-il fustigé au New York Times. "J'ai vendu (ma participation) pour des kopecks", ajoute-t-il, soulignant que, depuis, sa banque a largement pris ses distances.

"Oleg n'est pas allé à Moscou depuis de nombreuses années, n'a pas participé à la vie de l'entreprise et n'a été impliqué dans aucune affaire", a notamment déclaré Tinkoff Bnak dans un communiqué pour justifier le départ d'Oleg Tinkov. De son côté, le Kremlin s'est refusé à tout commentaire, indique le journal.

Aujourd'hui, Oleg Tinkov est loin de la Russie, protégé par des gardes du corps. Il dit "ne plus croire en l'avenir de la Russie" et rejoue son départ. "Je croyais que le régime de Poutine était mauvais. Mais bien sûr, je n'avais aucune idée que cela prendrait une ampleur catastrophique", assure-t-il au New York Times, prédisant que Vladimir Poutine restera longtemps au pouvoir.


Léa COUPAU

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