VERIFICATEURS - Le président américain n'a pas hésité à relayer de fausses informations lors du dernier débat qui l'a opposé à Joe Biden, dans la nuit de jeudi à vendredi. Contrairement à ce qu'il a affirmé, aucun vaccin n'est en effet prêt aujourd'hui et les laboratoires poursuivent leurs essais cliniques.
Alors que l'élection présidentielle américaine du 3 novembre se rapproche, Joe Biden et Donald Trump ont échangé lors d'un dernier débat télévisé. Durant leurs échanges, le président sortant a avancé une série d'affirmations surprenantes et notamment indiqué que le vaccin contre le Covid-19 était "prêt". "Nous avons un vaccin qui arrive, il est prêt", a lancé le candidat républicain, affirmatif. "Ce sera annoncé dans les semaines qui viennent", a-t-il ajouté.
President Trump: "We have a vaccine that's coming, it's ready. It's going to be announced within weeks." #Debates2020 pic.twitter.com/pw8A6srlDi — The Hill (@thehill) October 23, 2020
Des essais cliniques toujours en cours
Un vaccin est-il réellement prêt aux Etats-Unis ? Pas encore. Comme le souligne CNN, la FDA (l'agence américaine du médicament) n'a "pas pas délivré d'autorisation d'utilisation d'urgence et approuvé de vaccin". Deux des laboratoires les plus avancés outre-Atlantique, Pfizer et Moderna, "ont tous deux déclaré qu'ils pourraient demander une autorisation d'utilisation [...] dans les semaines à venir", ajoute le network américain, "mais seulement s'ils obtiennent des résultats positifs de leurs essais cliniques de phase 3". Par ailleurs, "aucune des deux entreprises ne dit savoir si les résultats seront positifs".
Donald Trump s'avance donc aujourd'hui lorsqu'il explique qu'un vaccin est prêt. Les laboratoires semblent en bonne voie et affichent leur optimisme, mais rien ne garantit pour l'heure que les essais en cours, menés à grande échelle, vont aboutir. Les autorités de santé ont d'ailleurs martelé que l'urgence de la situation n'allait pas induire une inflexion du degré d'exigence en matière de sécurité pour les patients. "Je pense qu'un vaccin sera disponible dans un premier temps entre novembre et décembre, mais dont l'offre sera très limitée et qui nécessitera d'établir des priorités pour sa délivrance", a déclaré le directeur du CDC, la principale agence fédérale américaine en matière de protection de la santé publique.
Se basant sur les données de l'OMS, le journal britannique The Guardian a fait le point sur l'état d'avancement des différents candidats vaccins à travers le monde. Un travail qui permet de confirmer qu'aucun n'a pour l'heure été officiellement homologué pour un usage à grande ampleur. Parmi les 170 à l'étude, une majorité demeure d'ailleurs au stade "préclinique", ce qui signifie qu'ils n'ont pas encore été testés sur l'homme.
L'infographie ci-dessous montre que seuls 11 candidats vaccins sont aujourd'hui en "phase 3", soit celle durant laquelle il "est administré à des milliers de personnes afin de confirmer son innocuité - y compris ses rares effets secondaires - et son efficacité". Des essais qui "impliquent un groupe témoin auquel on administre un placebo".
Si l'optimisme est de rigueur aux États-Unis, les experts européens se montrent plus mesurés. En France, on table plutôt sur des résultats au second semestre 2021 tandis que la BBC note que "la plupart des experts pensent qu'un vaccin sera probablement disponible à grande échelle vers la mi-2021, soit 12 à 18 mois après l'apparition du virus".
Il convient enfin de rappeler que le fait qu'un vaccin soit approuvé ne signifiera pas immédiatement qu'il sera disponible pour tous les citoyens. Son administration à grande échelle demandera des adaptations en matière de logistique et ne pourra être envisagée qu'avec une production massive par les laboratoires. Un processus qui pourrait sans surprise prendre quelques semaines, voire quelques mois.
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