Une réfugiée yézidie, ex-esclave de Daech, croise son bourreau en Allemagne

Publié le 17 août 2018 à 17h50
Une réfugiée yézidie, ex-esclave de Daech, croise son bourreau en Allemagne
Source : AFP

RÉFUGIÉE - Ashwaq Haji, une jeune Yézidie réfugiée en Allemagne, affirme avoir croisé son bourreau djihadiste en février dernier. Elle a décidé de quitter le pays pour retourner en Irak, par crainte de représailles.

Son histoire est glaçante et reflète le quotidien de nombreuses femmes yézidies vendues comme esclave sexuelle à Daesh. Ashwaq Haji s'est réfugiée en Allemagne : un pays où elle avait trouvé asile avec sa mère et son frère, pour fuir les persécutions perpétrées par le groupe Etat Islamique sur la minorité à laquelle ils appartiennent. Après trois ans de vie non loin de Stuttgartt, la jeune femme croise la route de l'un de ses bourreaux, par hasard, et décide de rentrer chez elle, en Irak. Son histoire, elle l'a racontée en détails à l'AFP. Un récit glaçant qui sur certains points rappelle celui de la jeune Nadia Murad, lauréate du prix Vaclav Havel en 2016 (voir l'article en lien ci-dessous). Et pour cause, toutes deux ont été accueillies par le programme mis en place par le Bade-Wurtemberg. 

Achetée 100 euros par un djihadiste, elle sert d'esclave sexuelle avant de trouver refuge en Allemagne

Pour Ashwaq Hafi, le cauchemar commence en 2014, lorsque la jeune femme est enlevée, comme des milliers de femmes de la minorité yézidie. Parfois tuées, ou utilisées comme esclaves sexuelles, ces femmes reviennent de l'enfer, en témoignent leurs souvenirs terrifiants.

Durant deux mois, entre août et octobre 2014, Ashwaq servira d'esclave sexuelle à un certain Abou Houmam, un djihadiste qui l'avait achetée 100 dollars. Parvenant à s'échapper de ce cachot, la jeune femme trouve refuge en Allemagne en 2015, à une cinquantaine de kilomètres de Stuttgart. Là, avec sa mère et son petit frère, tous trois tentent de refaire leurs vies : apprennent l'allemand, espère trouver un travail ... 

Une renaissance qui sera durera trois ans. En février dernier, elle dit avoir aperçu dans un supermarché un homme descendre d'une voiture et l'appeler par son nom avant de s'adresser à elle en allemand, selon l'AFP. "Il m'a dit qu'il était Abou Houmam, je lui ai dit que je ne le connaissais pas et il s'est mis à me parler en arabe", affirme la jeune femme vêtue de noir, en signe de deuil pour ses cinq frères et sa soeur portés disparus depuis leur enlèvement par des djihadistes. "Il m'a dit : 'ne me mens pas, je sais très bien que tu es Ashwaq et que tu vis en Allemagne avec ta mère et ton frère', il m'a même donné mon adresse et d'autres détails de notre vie", raconte-t-elle. 

L'enquête de la police ne peut se faire sans son témoignage

La police locale du Bade-Wurttemberg indique à Ashwaq que l'homme est lui aussi un réfugié et lui indique un numéro de téléphone à appeler, au cas où. Sur Twitter, la police a récemment précisé avoir ouvert une enquête le 13 mars dernier mais que celle-ci ne pouvait se poursuivre en l'absence de la jeune femme. 

En effet, par peur de recroiser son bourreau, la jeune femme et sa famille sont retournés en Irak. Avant son départ, elle a pu néanmoins participer à l'enquête, en visionnant les caméras de vidéo-surveillance. Le parquet fédéral allemand s'est "penché sur la question", confirme à l'AFP un porte-parole. "Mais jusqu'ici, au regard des éléments de preuves disponibles, nous n'avons pas pu identifier avec la certitude nécessaire l'auteur présumé".

En Irak, des milliers de femmes et adolescentes, en particulier celles issues de la minorité yézidie, ont subi de terribles exactions dans des zones contrôlées par l'EI, tels que des viols, enlèvements, esclavage et traitements inhumains, estimait l'ONU, l'année dernière. Environ 3.000 femmes seraient encore en captivité, selon un rapport émanant des Nations Unies pour l'Irak et le Haut-Commissariat aux droits de l'homme de l'ONU, publié en 2017.


La rédaction de TF1info

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