ETATS-UNIS - Joseph DeAngelo,74 ans, a plaidé lundi "coupable" devant un tribunal de Sacramento de 13 assassinats, de plus d'une cinquantaine de viols et autres délits commis dans les années 1970-1980. Le septuagénaire évite ainsi un procès coûteux et la peine de mort à laquelle il aurait pu être condamné.
"Guilty", "I admit", "Yes" et "No" ("Coupable", "Je reconnais les faits", "Oui" ou "Non", ndlr) sont les quatre mots qu'il a répétés d'une voix chevrotante lundi au cours de l'audience devant les représentants de la justice, les avocats et la presse. Visage émacié et marqué par le temps, visière de protection pour respecter les mesures sanitaires en vigueur, crâne rasé, circulant dans un fauteuil roulant et vêtu d'une combinaison orange, Joseph DeAngelo a plaidé "coupable" lundi devant un tribunal de Sacramento de 13 assassinats ainsi que de dizaines de viols et autres crimes tels que des cambriolages.
Aujourd'hui âgé de 74 ans, cet homme surnommé le "tueur de Golden State" a répondu aux questions du juge, acceptant les termes de l'accord conclu avec la justice, qui vise notamment à éviter un procès long et coûteux (quelque 20 millions de dollars selon l'accusation). Cette procédure lui évitera également la peine de mort.
Un policier qui a basculé dans l'horreur
Né le 8 novembre 1945 aux Etats-Unis, Joseph James DeAngelo a été policier en Californie dans les années 1970 jusqu'à ce qu'il soit renvoyé en 1979 pour vol à l'étalage.
Initialement, ses crimes commis dans différentes régions n'avaient pas été reliés entre eux par les enquêteurs. Il est pourtant aujourd'hui accusé d’au moins 13 meurtres, plus d'une cinquantaine de viols, et plus de 120 cambriolages.
Modus operandi
Joseph DeAngelo a commis cette série de crimes entre 1975 et 1986. L'âge de ses victimes allait de 14 à 41 ans. La plupart de ses agissements ont été réalisés eu lieu aux alentours de Sacramento, mais certains se sont déroulés dans la baie de San Francisco, et tout au sud de la côte californienne, au gré de ses déménagements avec son épouse.
Son modus operandi est resté quasiment identique pendant des années. Il entrait par effraction la nuit chez ses victimes, parfois quand la maison était vide, se cachant et se préparant. Il agressait souvent des femmes seules lorsqu'elles dormaient ou des couples, les attachant, puis violant les femmes devant leur compagnon.
Il s'adressait également à ses victimes, leur demandant notamment si elles avaient de l'argent ou des biens de valeur, et où elles les dissimulait. Son langage était souvent très cru quand il s'agissait d'évoquer les relations sexuelles. A certaines de ses proies il a par exemple dit :" If you don't give me a good fuck, I kill every one" ("Si la baise n'est pas bonne, je tue tout le monde"). Il a également menacé de s'en prendre aux enfants des jeunes femmes, lançant à l'une d'entre elle qu'il "couperait les oreilles de son bébé et qu'il lui apporterait si elle lui résistait".
L'ADN a parlé
"A chaque fois, il s'échappait, disparaissant silencieusement dans la nuit, laissant les populations terrifiées durant des années", a expliqué lundi le procureur adjoint Thien Ho.
Il aura fallu l'ADN laissé sur les lieux des crimes et des recoupements effectués avec des informations génétiques sur un membre de la famille du tueur en série découvertes sur un site internet consacré à la généalogie pour l'identifier. Placé sous surveillance, le "tueur du Golden State" avait été arrêté en avril 2018 devant son domicile, dans une banlieue paisible de Sacramento.
Le dossier, resté "froid" pendant de longues années, avait aussi bénéficié d'un regain d'attention grâce à un livre best-seller, Et je disparaîtrai dans la nuit, de Michelle McNamara.
Publié à titre posthume en février 2018, il avait fait un carton en librairie et a été adapté en docu-série pour HBO, qui a commencé à la diffuser dimanche.
Des victimes et des témoins âgés ou décédés
"Les familles des victimes de meurtre ont attendu des décennies pour que justice soit rendue à leurs proches, les victimes d'agressions sexuelles ont attendu des décennies", a déclaré la procureure Amy Holliday, relevant que nombre de victimes et témoins étaient décédés et que beaucoup d'autres étaient désormais très âgés. Clore la procédure sans attendre permettra aux survivants et aux familles "d'entendre l'accusé reconnaître qu'il a commis ces actes et ces crimes", a expliqué la procureure.
L'ancien policier, qui avait écumé toute la Californie et a été plus de quarante ans après la commission des premiers faits grâce à son ADN, devrait être condamné à onze peines de prison à perpétuité sans possibilité de remise de peine.
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