"Référendums" d'annexion, Ukraine, Occident : ce qu'il faut retenir du discours de Vladimir Poutine

Publié le 30 septembre 2022 à 15h51, mis à jour le 30 septembre 2022 à 16h30

Source : Sujet TF1 Info

Le dirigeant russe s'est exprimé ce vendredi 30 septembre.
Vladimir Poutine a formalisé, à Moscou, l’annexion par la Russie de quatre régions ukrainiennes.
Et a évoqué un "choix sans équivoque", avant de dérouler une longue diatribe visant les États-Unis et l'Occident.

Sa prise de parole était attendue. Vladimir Poutine s'est exprimé, ce vendredi 30 septembre, pour formaliser l'annexion par la Russie des quatre régions ukrainiennes du Donbass, de Lougansk, de Zaporijia et de Kherson. Des territoires soumis à des "référendums" d'annexion et qui - sans surprise - se sont exprimé pour leur rattachement au pouvoir de Moscou, dans des conditions largement décriées.

Un discours au cours duquel il a longuement évoqué "l'Occident" et fustigé l'attitude de cette "entité", pointant notamment l'attitude des États-Unis et la volonté du bloc de considérer la Russie comme "une colonie". 

Retour ce qu'il faut retenir de ce discours.

Les référendums : un "choix sans équivoque"

"Les gens ont fait leur choix". C'est ainsi que Vladimir Poutine a commencé son discours ce vendredi. Évoquant l'annexion des quatre régions ukrainiennes, via des"référendums" particulièrement décriés, il a estimé que cette décision était un "choix sans équivoque et le droit inaliénable des habitants de ces régions". "Aujourd'hui, les gens de Lougansk, de Donetsk, de Kherson et de Zaporijia sont salués pour la volonté qu'ils ont manifesté pendant le référendum. Maintenant, nous allons confirmer les quatre nouveaux sujets de la Fédération de Russie, puisque c'est la volonté de millions de citoyens", a déclaré le dirigeant russe, saluant "un amour de la Russie que personne ne pourra supprimer" et une "histoire commune millénaire".

"Nous ne pourrons plus revenir dans le passé, dans l'Union soviétique, mais il n'y a rien de plus important que la volonté des peuples de revenir vers la Russie", a insisté Vladimir Poutine, affirmant que le "peuple du Donbass a connu un génocide" et que "dans les régions de Kherson et Zaporijia, on essayait de leur faire détester tout ce qui est russe".

Enfin, le chef du Kremlin a assuré que la Russie allait tout faire "pour assurer la sécurité de notre peuple" et "reconstruire, les villes, les villages, les écoles, les systèmes de santé et d'éducation". Les habitants de ces quatre régions sont "nos citoyens pour toujours", a-t-il conclu sur le sujet.

L'appel à l'Ukraine à "cesser immédiatement les hostilités"

Alors qu'au début de son discours, Vladimir Poutine a fait respecter une minute de silence pour "honorer la mémoire" des "héros de la grande Russie" qui ont perdu la vie lors des combats dans le Donbass, il a appelé l'Ukraine à "cesser cette guerre qu'elle a commencée en 2014" et à "retourner à la table des négociations". "Nous y sommes prêts" a assuré celui qui avait annoncé le lancement de ce qu'il continue à appeler une "opération spéciale" contre Kiev le 24 février dernier.

Par ailleurs, Vladimir Poutine a parlé d'une "mission libératrice pour notre peuple". Évoquant la "Nouvelle Russie (Novorussia)", il a mis en avant ce projet qui mêle histoire et nationalisme, et qui vise notamment à intégrer le sud et l'est de l'Ukraine à la Russie ainsi que des régions moldaves. Il a ensuite assuré que Moscou allait désormais assurer la défense "de nos terres avec tous les moyens à notre disposition", appelant "les pouvoirs de Kiev à considérer avec respect le choix libre du peuple" et à "cesser immédiatement les hostilités".

Diatribe contre l'Occident

Alors que Vladimir Poutine a brièvement évoqué la situation en Ukraine, il semble que le discours du chef du Kremlin se soit davantage orienté vers une vive critique de "l'Occident". Estimant que la situation actuelle était "de la faute" de ce bloc, Vladimir Poutine a assuré : "C'est de leur faute, c'est le résultat de leur politique qui a commencé bien avant l'opération spéciale en Ukraine". Une déclaration qui a mené à une longue diatribe contre l'Occident : "Nos compatriotes en Ukraine ont vu de leurs propres yeux ce que les cercles du pouvoir en Occident préparent pour l'humanité". Assurant que ces derniers ont voulu, "après l'effondrement de l'Union soviétique" imposer "leurs diktats sur le monde entier", il a affirmé que l'Occident voulait voir la Russie "comme une colonie" avant de l'accuser de chercher à "frapper" et à "détruire" le pays. 

"Cette russophobie, c'est du racisme", a accusé le président. Il faut identifier "qui est barbare, qui est sauvage et qui ne l'est pas", a revendiqué Vladimir Poutine, rappelant les "guerres coloniales" passées de l'Occident, une politique qui date"du Moyen Âge". Selon lui, l'Occident "n'est pas capable de faire sa repentance".

Vladimir Poutine a également largement critiqué les États-Unis, "seul pays à avoir fait usage à deux reprises de l'arme nucléaire". Il a estimé qu'ils "veulent faire peur à notre pays et à la population mondiale" avant d'assurer qu'ils ont "commis des atrocités au Vietnam, en Corée, au Japon", des traumatismes qui "restent", selon le dirigeant russe. Enfin, le chef du Kremlin a évoqué les accords violés selon lui par cet "Occident" uniforme : le traité sur l'élargissement de l'Otan à l'est, la non-prolifération des armes et le principe d'inviolabilité des frontières.

Par ailleurs, il a accusé l'Europe de "s'approprier" le blé ukrainien. "Où va le blé ukrainien ?", a tancé le chef d'État. Selon lui, "seulement 5% des convois céréaliers vont vers les pays les plus pauvres". Le reste est redirigé vers les pays occidentaux, a-t-il accusé.

La perversité de l'Occident

Poursuivant sa longue diatribe contre l'Occident, dans un grand mélange des genres, Vladimir Poutine a défendu les valeurs de la Russie."Est-ce qu'on nous voulons qu'en Russie les enfants aient une maman ou un papa ou un parent 1 et un parent 2 ?", a-t-il interrogé avant d'accuser "les élites occidentales" qui "en veulent à la Russie". Des élites qui, selon le chef du Kremlin, sont "toujours restée telles qu'elles étaient, colonisatrices, qui divisent les peuples". Les États-Unis et leurs alliés "asservissent au lieu de libérer", affirme-t-il.

Enfin, il a martelé que l'Occident ne voulait pas voir la Russie "comme un peuple libre" et qu'il "vise notre socle de valeur, car la prospérité de notre société le menace". "L'Occident pense pouvoir agir impunément" mais "nous allons toujours protéger nos valeurs" a lancé Vladimir Poutine devant les principaux représentants de l'État russe.

Nord Stream : la responsabilité anglo-saxonne

Vladimir Poutine a également évoqué les deux explosions qui ont touché les gazoducs Nord Stream cette semaine. Il a ainsi directement accusé les "Anglo-Saxons" d'être à l'origine de ces sabotages présumés. "En organisant les explosions de Nord Stream, les Anglo-Saxons ont commencé à détruire les infrastructures européennes. Ceux qui ont commis cet acte, ce sont ceux à qui cela profite", a affirmé le dirigeant russe.

Il a aussi fustigé "les hommes politiques en Europe", "obligés de convaincre leurs citoyens que la Russie est la source de tous leurs malheurs" mais "la vérité a été noyée en utilisant une propagande agressive. Plus le mensonge est gros et plus, on le croit".


Annick BERGER

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