Vente de frégates : un accord à plusieurs milliards entre la France et la Grèce menacé par Washington ?

Publié le 11 décembre 2021 à 9h49, mis à jour le 11 décembre 2021 à 15h26

Source : TF1 Info

CONCURRENCE - Le gouvernement américain a donné son feu vert, vendredi, à une possible vente à la Grèce de quatre frégates, entrant en concurrence directe avec Paris, qui a conclu il y a quelques jours, un accord discuté depuis septembre sur la vente de trois frégates à la marine grecque.

Après l'épisode des sous-marins, celui des frégates ? Moins de trois mois après l'accord conclu entre les États-Unis, l'Australie et le Royaume-Uni qui avait torpillé un mégacontrat entre la marine australienne et la France, l'administration de Joe Biden tente ainsi à nouveau de souffler un autre juteux accord à Paris.

Dans un communiqué, Washington annonce avoir pré-approuvé un projet de vente à Athènes de quatre frégates de combat et leur équipement, d'une valeur de 6,9 milliards de dollars, et un accord de modernisation des navires grecs pour 2,5 autres milliards de dollars. Le communiqué précise cependant que le contrat, dans les deux cas, "sera accordé au gagnant d'un appel d'offres international" portant sur la modernisation de la marine grecque.

Problème, fin septembre, Emmanuel Macron a conclu un accord similaire avec le Premier ministre grec. Selon le contrat, annoncé en grande pompe le 28 septembre à Paris, la France doit fournir trois frégates de défense et d'intervention pour quelque 3 milliards d'euros. Paris a même trouvé le constructeur : Naval Group, à Lorient (Morbihan), pour une date de livraison entre 2025 et 2026.

L'accord préalable porte également sur une quatrième frégate en option, et doit être signé "d'ici la fin de l'année", avait alors précisé le ministère français des Armées. Outre ces navires, il comprend également la fourniture, par le fabricant, de missiles MBDA de leurs armements et des prestations de soutien sur trois ans.

Mais bonne nouvelle, annonce ce samedi le ministère français des Armées, le contrat "vient d'être signé", jugeant caduque l'offre concurrente présentée par les États-Unis. "Depuis qu'on est en discussion avec les Grecs, l'offre américaine n'est plus sur la table (..) On a d'ailleurs signé le contrat avec les Grecs. Il a été paraphé il y a quelques jours", continue-t-il.

Athènes rassure Paris

"Les Américains nous avaient prévenu que cette annonce allait sortir", a précisé le ministère des Armées. "Ils nous ont écrit, nous ont dit 'au titre de nos bonnes relations', suite au problème AUKUS, on vous prévient".

"Il n'y a pas de velléité (de leur part) d'aller plus loin", souligne-t-on de même source à Paris. "Ce qu'il s'est passé là, c'est juste la suite d'un processus administratif (d'offre) qu'il était apparemment compliqué pour eux d'arrêter d'un point de vue administratif", a ajouté le ministère.

Le ministère grec de la Défense a, par ailleurs, tranché l'affaire, en assurant ce samedi que le contrat franco-grec était "en vigueur et sera poursuivi."

"Coup dans le dos"

Cette situation n'est pas sans rappeler celle vécue trois mois plus tôt. En septembre, les États-Unis avaient annoncé un partenariat de sécurité dans la zone indo-pacifique avec l'Australie et le Royaume-Uni, comprenant la livraison de sous-marins à propulsion nucléaire à Canberra. L'alliance avait automatiquement rompu un gigantesque contrat signé avec la France pour la vente de sous-marins conventionnels à l'Australie, provoquant la colère de Paris.

Le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, avait dénoncé un "coup dans le dos", comparant la méthode de Joe Biden "à ce que faisait" son prédécesseur Donald Trump. En riposte, la France avait rappelé ses ambassadeurs aux États-Unis et en Australie, avant que la situation s'apaise et une rencontre entre le président américain et Emmanuel Macron.

Les deux chefs d'État, réunis à Rome fin octobre, avaient annoncé leur intention de lancer "un dialogue stratégique en matière de commerce militaire", notamment sur les autorisations d'exportations. Avec ce possible épisode des frégates, Joe Biden a-t-il parlé trop vite ?


La rédaction de TF1info avec AFP

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