VIDÉO - À Venise, des gondoles amputées par le changement climatique

par L.T. | Reportage TF1 : Louise Malnoy, Chloé Duval
Publié le 3 février 2023 à 22h54

Source : JT 20h WE

À Venise, les gondoles sont menacées par le changement climatique.
Les gondoliers se voient obligés de retirer la figure de poupe de leur gondole.
Ils gagnent ainsi un peu de hauteur face à la montée des eaux.

C’est l’un des emblèmes de Venise. Il s’affiche sur de nombreuses devantures et dans la plupart des vitrines : l’ornement de la gondole. Une tradition aujourd’hui menacée par la montée des eaux. En hiver, le travail de Manuel Baston, gondolier, se complique. Avec les grandes marées, les canaux deviennent pour beaucoup impraticables. "Quand la marée atteint le haut de la ligne verte, on parle de 80 à 90 centimètres, ça devient difficile de passer sous les ponts", affirme-t-il dans le reportage en tête d'article.

À l’approche d’un pont particulièrement bas, il retire le riccio, la figure de poupe de sa gondole, sa partie la plus haute. De quoi lui faire gagner 25 centimètres. "Vous voyez toutes ces marques-là ? Ce sont les traces laissées par les gondoles qui ont tapé le pont avec l’avant ou l’arrière dès que la marée est importante", poursuit Manuel. Cette fois-ci, sa manœuvre réussit. La plupart des gondoliers utilisent la même astuce. 

"Tailler la poupe, c’est comme se couper le bras"

Alors, les constructeurs se sont adaptés. Dans l’atelier de Roberto Dei Rossi, on travaille le bois depuis 1985. Il faut deux mois de travail pour obtenir une gondole. "La gondole est l’unique embarcation asymétrique au monde. Elle doit être faite sur mesure pour le gondolier, selon son poids. Au début, on les conçoit entières", explique-t-il. 

D’ici quelques jours, il devra pourtant couper la poupe, comme pour l’essentiel de ses dernières commandes. "Pour moi, tailler la poupe, c’est comme se couper le bras. Selon moi, l’embarcation est née ainsi et donc doit rester ainsi", reprend Roberto. Car la gondole doit respecter certains standards, encadrée par un règlement de la commune de Venise. 

À la tête de l’association des gondoliers, Andrea Balbi doit rappeler aux 430 professionnels ces critères fondamentaux. "Certains retirent leur figure de poupe pendant huit jours. Ce n’est pas règlementaire alors, nous avons stipulé que la tolérance de cette pratique ne vaut que le temps de passer sous un pont. C’est tout. Sinon, ça ruine l’harmonie de la gondole", explique-t-il. Régulièrement, la police municipale de Venise contrôle les gondoles. Pas question pour les Vénitiens de laisser les aléas climatiques prendre le pas sur leur tradition séculaire. 


L.T. | Reportage TF1 : Louise Malnoy, Chloé Duval

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