VIDÉO - Afghanistan : émigrer, coûte que coûte

par Delphine XAINTE
Publié le 10 décembre 2021 à 21h17

Source : Sujet TF1 Info

EXODE - Depuis la prise de pouvoir des talibans mi-août, l'effondrement économique du pays s'est accéléré et les Afghans qui tentent de rejoindre l'Iran par voie terrestre sont toujours plus nombreux.

C'est depuis la grande ville afghane d'Herat à 836 km à l'ouest de Kaboul que les réseaux de passeurs organisent le grand départ des Afghans en quête d'une vie meilleure. Des convois de bus transportent des centaines de personnes près de la frontière iranienne d'Islam Qala. Là, ils sont mis en relation avec d'autres passeurs qui, à pied, en camionnette ou entassés dans le coffre d'une voiture, les rapprocheront de la frontière pour les faire entrer. Ceux qui ont obtenu des documents vrais ou faux peuvent tenter d'entrer par le poste officiel, c'est l'option la moins dangereuse. Les autres sont contraints d'attendre la nuit pour entrer en toute clandestinité en Iran au risque de se faire tirer dessus ou arrêter par une patrouille.

350 euros pour passer la frontière

Une fois en Iran, certains resteront pour trouver du travail, tandis que d'autres espèrent rejoindre la Turquie puis l'Europe.

Une femme d'Herat, passeuse de longue date, explique qu'avant la prise de contrôle des talibans, elle transportait 50 ou 60 personnes par semaine en Iran, presque tous des hommes célibataires. Depuis août, elle transfère environ 300 personnes par semaine, dont des femmes et des enfants. Elle dit facturer l'équivalent de 350 euros par personne, dont seulement 16 à l'avance, le dû étant réglé une fois que le migrant a trouvé du travail. Le système de paiement tardif est courant à Herat, il y a tellement de migrants demandeurs que les passeurs peuvent prendre ce risque.

Pas de vague d'entrée en Europe

Au cours des trois derniers mois, plus de 300.000 personnes sont entrées illégalement en Iran, selon le NRC (Conseil norvégien pour les réfugiés). Le Conseil estime qu'il y a entre 4 000 et 5 000 entrées illégales quotidiennes. Jusqu'à présent, une vague post-talibans de migrants afghans vers l'Europe ne s'est pas matérialisée. L'entrée d'Afghans dans l'UE est "restée globalement stable", d'après le rapport hebdomadaire de l'UE sur les migrations du 21 novembre 

Selon l'Organisation internationale pour les migrations, cette année, l'Iran a expulsé plus de 1,1 million d'Afghans au 21 novembre, soit 30% de plus que le total pour l'ensemble de 2020. Mais les expulsés réessayent souvent, encore et encore.


Delphine XAINTE

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