Le chef d'Al-Qaïda, Ayman al-Zawahiri, a été tué par un tir de drone américain, à Kaboul, en Afghanistan.Sorti sur le balcon de sa maison, l'ex-bras droit de Ben Laden a été éliminé par une ogive cinétique.Une version modifiée du missile Hellfire, qui a pour particularité une précision extrême de ciblage.
Une précision presque millimétrique. Le chef d'Al-Qaïda, Ayman al-Zawahiri, a été abattu dans la nuit du samedi 30 au dimanche 31 juillet, par un tir de drone américain, dans sa résidence d'un quartier huppé de Kaboul, en Afghanistan. "Justice a été rendue, et ce dirigeant terroriste n'est plus", a annoncé, lundi 1er août, le président Joe Biden lors d'une courte allocution télévisée depuis la Maison Blanche. Le résultat d'années de traque, de mois de repérage et d'un tir chirurgical.
Selon le scénario de l'opération, menée par la CIA, l'Égyptien de 71 ans, qui avait pris la tête de l'organisation terroriste en 2011, à la mort d'Oussama Ben Laden, a été repéré et pris pour cible par "un aéronef sans pilote". "Deux missiles Hellfire (ont été tirés sur) Ayman al-Zawahiri", a raconté dans la soirée un haut responsable américain, sous couvert d'anonymat. Sortie sur le balcon de sa maison sécurisée, en plein centre de la capitale afghane, l'ancienne éminence grise du leader djihadiste, considérée comme l'un des cerveaux des attentats de Londres, le 7 juillet 2005, et du 11-Septembre, "a été tuée".
"Selon de multiples sources de renseignement", l'homme, aisément reconnaissable à sa bosse sur le front, est la seule victime de cette opération. Présents dans la bâtisse au moment de l'attaque, la femme, la fille et les petits-enfants d'al-Zawahiri "n'ont pas été ciblés à dessein et n'ont pas été blessés", a-t-il été précisé. Autour de la demeure, les traces de la frappe sont presque invisibles. Une prouesse rendue possible par l'utilisation d'une arme, dont l'existence n'a jamais été confirmée par les États-Unis : le missile Hellfire R9X "flying ginsu", du nom d'une marque américaine de couteaux inspirés du Japon.
C'est du ciblage de très haut niveau
Le général Nicolas Richoux, ancien commandant de la 7e brigade blindée
"Le Hellfire est un missile anti-char classique qui peut être tiré depuis un hélicoptère, pourquoi pas à partir d'un drone. La véritable particularité de ce missile top secret est qu'il ne délivre pas de charge explosive au bout", a expliqué sur LCI, mardi 2 août, le général Nicolas Richoux, ancien commandant de la 7e brigade blindée. Cette version modifiée du missile américain "délivre (six) lames" qui se déploient avant l'impact, sans effet de souffle. "C'est une espèce d'étoile ninja qui en arrivant sur la cible la découpe en rondelles. Il semblerait qu'(Ayman al-Zawahiri) ait été haché menu", a détaillé le militaire.
Weapon CIA used to get al-Zawahiri. Kinetic Hellfire R9X. No warhead explosives, just blades that swing out to kill only one guy. pic.twitter.com/0dwkC40003 — Jay Hancock (@jayhancock1) August 2, 2022
Une photo de la voiture d'une cible supposée, tuée en Syrie en 2017, témoigne de l'adresse redoutable de cette ogive cinétique, avec un énorme trou sur le toit du véhicule, l'intérieur déchiqueté, mais l'avant et l'arrière intacts. "C'est une sorte de hachoir tournoyant employé assez fréquemment pour cibler un individu. La précision est telle que l'individu est neutralisé sans dégâts collatéraux", a indiqué Alain Rodier, directeur adjoint du Centre français de recherche sur le renseignement.
"C'est fait pour éviter les dommages collatéraux", a confirmé le général Nicolas Richoux. "Ce qui est intéressant, c'est la précision presque millimétrique pour cibler une personne sans tuer les autres. C'est quand même remarquable. C'est du ciblage de très haut niveau. Ça en dit long sur la capacité des Américains à mener des opérations sur le sol afghan."