Après les singes, Volkswagen aurait aussi fait inhaler des gaz d’échappement à des humains

Publié le 30 janvier 2018 à 9h37, mis à jour le 30 janvier 2018 à 14h04
Après les singes, Volkswagen aurait aussi fait inhaler des gaz d’échappement à des humains

SCANDALE – Le groupe Volkswagen est soupçonné d’avoir procédé à des tests d’émanation de gazole sur des animaux, mais aussi sur des humains. Face au tollé provoqué, un haut responsable en charge du lobbying a été suspendu.

Un scandale en chasse un autre dans le milieu automobile. Après l’affaire des contrôles de véhicule diesel truqués qui a coûté quelque 25 milliards d’euros au groupe, Volkswagen se retrouve à nouveau au cœur de la tourmente. Selon le New York Times, le constructeur automobile aurait voulu prouver la non-nocivité de ses moteurs en réalisant des tests… sur des singes.

Tollé outre-Rhin après les révélations de ces expériences qui  consistaient à mesurer l’impact des émanations de gazole sur les animaux. "Injustifiable d’un point de vue éthique" pour Steffen Seibert, le porte-parole de la chancelière Angela Merkel. "La confiance en l'industrie automobile est à nouveau écornée, déplore le ministre des Transports et de l'Agriculture, Christian Schmidt. Tous réclament des explications à Volkswagen.

Des voitures "plus propres que les vieux modèles"

Le New York Times a ainsi révélé avoir eu connaissance de tests menés aux Etats-Unis sur 10 singes en 2014. Dans les locaux du Lovelace Respiratory Research Institute d’Albuquerque (Nouveau-Mexique), ils étaient enfermés et respiraient la fumée d’un modèle Beetle (la célèbre Coccinelle en version moderne) tandis qu’ils regardaient des dessins animés. Volkswagen voulait ainsi prouver que "les véhicules diesel de technologie récente sont plus propres que les vieux modèles", explique le quotidien qui cite l’argument du constructeur pour séduire le marché américain. 

Contraint de s’expliquer, le groupe a présenté ses excuses pour "le manque de jugement de certains responsables et leur mauvaise conduite". Les autorités allemandes ont convoqué les dirigeants et demandé de "faire cesser immédiatement ce genre de tests" s’ils perdurent. La direction du numéro un mondial de l'automobile a annoncé, mardi, avoir suspendu son lobbyiste en chef, Thomas Steg, "jusqu'à ce que la lumière soit faite". Ce dernier a reconnu avoir joué un rôle dans l'organisation des tests aux Etats-Unis et a demandé à "assumer la responsabilité totale." 

Comme BMW, Daimler ou Bosch, Volkswagen a longtemps fait appel pour ses tests à un organisme de recherche qu’il finançait, le Centre de recherche européen sur l'environnement et la santé dans le secteur du transport (EUGT), fermé depuis un an et impliqué dans de nombreuses affaires.

Un organisme de test au coeur de la tourmente

Mais lundi, un nouveau rebondissement a fait grimper l’affaire à une autre échelle. Les journaux Stuttgarter Zeitung et Süddeutsche Zeitung ont évoqué d'autres tests, cette fois en Allemagne, et sur des êtres humains. Entre 2013 et 2014, 25 personnes en bonne santé auraient inhalé du dioxyde d'azote (NO2) à des concentrations variées. Et cela s’est, cette fois, déroulé dans un institut hospitalier allemand d'Aix-la-Chapelle. Ce dernier a tenu à réagir en expliquant que cette étude n’avait rien à voir avec le scandale du diesel. Il s’agissait, selon le centre, de mesurer les effets de l’exposition au NO2 –émis notamment par les moteurs diesel- pour des métiers comme conducteurs de poids-lourds, mécaniciens ou soudeurs afin de recommander une baisse éventuelle des seuils réglementaires. L’étude a conclu à l’absence "d’effet significatif" du plus nocif des oxydes d’azote alors que l’OMS l’associe à de nombreux troubles cardiovasculaires et respiratoires.

Thomas Steg, alors responsable des relations publiques et institutionnelles de Volkswagen, a expliqué avoir empêché que les tests ne soient appliqués aux humains. "Les chercheurs américains voulaient faire leurs tests sur des volontaires 

humains", a-t-il déclaré au quotidien allemand Bild. "J'ai répondu alors que je ne pouvais autoriser cela". Et l'ancien porte-parole de Gerhard Schröder de conclure : "Avec le recul, cette étude n'aurait jamais dû avoir lieu, qu'il s'agisse 

d'hommes ou de singes. Ce qui s'est passé n'aurait jamais dû arriver, je le regrette vraiment."

Daimler et BMW ont rapidement annoncé qu’ils n’avaient pas participé à l’étude de l’EUGT, organisme fondé en 2007 par les principaux groupes allemands qui ont mis un terme à ses activités après le "dieselgate". Un nouvel évènement qui ne va pas permettre de renouer de sitôt la confiance entre les Allemands et les constructeurs depuis la révélation du trucage à grande échelle de leurs moteurs diesel. Fin 2015, le groupe Volkswagen avait admis avoir doté 11 millions de véhicules d’un logiciel faussant les tests anti-pollution et dissimulant des émissions d'oxyde d'azote dépassant jusqu'à 40 fois les normes autorisées.


La rédaction de TF1info

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