Après les six revers de Boris Johnson, quels scénarios pour le Brexit ?

Publié le 10 septembre 2019 à 17h56, mis à jour le 10 septembre 2019 à 18h11

Source : La matinale Week-end

NO DEAL ? - Après le rejet par les députés lundi soir des élections anticipées voulues mi-octobre par le Premier ministre Boris Johson, plusieurs scénarios sont (encore) une fois envisageables dans la crise sans fin du Brexit.

Et maintenant ? Après une semaine chaotique pour Boris Johnson, le Premier ministre essuyant pas moins de six revers au Parlement – perte de sa majorité absolue, vote d'une loi l'obligeant à solliciter un report à Bruxelles, entre autres -, le Brexit entre dans une nouvelle phase. Encore une fois, l'incertitude règne : sur la scène nationale, où un report est possible et où des élections anticipées peuvent avoir lieu. Mais aussi dans les relations avec Bruxelles, puisqu'un Brexit sans accord, voire plus de Brexit du tout, sont des hypothèses à envisager. Explications.

Un nouveau report plus que jamais d'actualité

Prévu initialement le 29 mars 2019, le Brexit a été déjà reporté à deux reprises, faute d'unanimité du Parlement sur les formes qu'il doit prendre. Jamais deux sans trois ? La loi votée par les députés - et entrée en vigueur lundi – contraint en effet le Premier ministre Boris Johnson à demander à l'UE un report de trois mois, jusqu'à la fin janvier 2020. Même s'il s'agit d'une "capitulation" à ses yeux et qu'il a affirmé aux députés qu'il ne demanderait pas ce report, le Premier ministre n'a pas expliqué comment il comptait s'y prendre. Certes, il peut tenter un recours en justice, ou démissionner… mais en théorie, il est censé appliquer le choix des députés. Dans l'hypothèse où malgré tout il ne le ferait pas, les élus feraient sans doute appel devant les tribunaux de cette violation grave de la loi par le gouvernement. L’affaire pourrait même remonter à la Cour suprême… et conduire Boris Johnson en prison ?

Autre difficulté, liée celle-ci à Bruxelles : un report de la date du Brexit nécessite l'approbation des 27 pays membres de l'UE. Un pays pourrait d'ailleurs poser son veto… mais cela signifierait qu'il endosse la responsabilité d'un "no deal". Une (très) lourde responsabilité, donc. 

Des élections anticipées probables

C'est l'un des scénarios les plus probables, même si les députés se sont opposés lundi soir à ce sujet avec Boris Johnson : des législatives anticipées semblent en effet inéluctables dans les semaines ou mois à venir. Reste à savoir quand… Pour l'opposition travailliste, il serait plus avantageux qu'elles aient lieu après le 31 octobre car cela affaiblirait la position de Boris Johnson, qui s'était engagé à sortir son pays de l'UE "coûte que coûte" avant cette date, la dernière fixée pour le Brexit. Pour Boris Johnson, ce scrutin est vital puisqu'il a perdu sa majorité au Parlement la semaine dernière. Mais il voulait le tenir le 15 octobre, laissant ouverte la possibilité d'un Brexit sans accord si jamais il le remporte. Car il devra aller pêcher des voix du côté du parti du Brexit de Nigel Farage, qui avait cartonné aux élections européennes en prônant un divorce sans accord avec Bruxelles.

Les conditions à réunir pour un Brexit sans accord

Outre le conflit entre Boris Johnson et l'opposition au Parlement britannique, un autre duel pourrait avoir lieu. Celui-ci entre Londres et Bruxelles sur les conditions du Brexit. Si les discussions n'aboutissent pas, deux possibilités : les 27 refusent un nouveau report du Brexit prévu le 31 octobre, ou bien Boris Johnson remporte des élections anticipées et fait sortir son pays de l'UE sans accord.

Ce scénario aboutissant dans les deux cas à un Brexit sans accord est particulièrement redouté par les milieux économiques, qui craignent une dégringolade de la livre, une chute des exportations, une envolée de l'inflation, voire une récession, avec le rétablissement de droits de douane et le spectre de pénuries de produits alimentaires, d'essence et de médicaments.  Le gouvernement de Boris Johnson se prépare activement à ce scénario, multipliant les annonces de milliards de livres destinés à encaisser le choc.

Les conditions à réunir pour un Brexit avec accord

Une sortie à l'amiable est possible, mais il faut que Londres et Bruxelles parviennent à s'entendre sur la question cruciale du filet de sécurité irlandais, ou "backstop". Ce  mécanisme vise à éviter le retour d'une frontière en Irlande entre la province britannique du Nord et la république membre de l'UE au sud. Londres devait présenter de nouvelles propositions pour remplacer le "backstop", dont Boris Johnson ne veut pas car il maintient provisoirement tout le pays dans une Union douanière avec l'UE. Le Premier ministre irlandais Leo Varadkar a assuré lundi que l'UE n'avait "à ce jour"  reçu aucune proposition "réaliste" de Londres.

Pas de Brexit (si si)

Et si on annulait tout ? C'est le souhait de l'opposition travailliste emmenée par Jeremy Corbyn. Si elle arrive en tête d'élections générales anticipées et avec le soutien du parti europhile libéral démocrate (centre) et des indépendantistes écossais, elle a d'ores et déjà fait part de sa volonté d'organiser un second référendum sur le Brexit. Les europhiles - les 48% qui ont voté contre le Brexit lors du référendum de juin 2016 – rêve déjà de la victoire du "non".


La rédaction de TF1info

Tout
TF1 Info