CONTRE-ATTAQUE - Un an jour pour jour après l'assaut des partisans de Donald Trump, le président Joe Biden a pointé du doigt la responsabilité de son prédécesseur dans un premier discours anniversaire au ton très grave.
"Il y a un an aujourd’hui, dans ce lieu sacré, la démocratie a été attaquée, tout simplement prise d’assaut" : le président américain Joe Biden a adopté un ton ferme dès les premières minutes de son discours, prononcé jeudi 6 janvier depuis la salle des statues du Congrès américain, qui siège dans le Capitole. Une institution envahie il y a un an jour pour jour par des milliers de partisans de son prédécesseur Donald Trump, tentant d'empêcher la certification de l'élection du candidat démocrate à la présidentielle.
"Fermez les yeux, revisitez ce jour : des émeutiers qui réussissent à violer pour la première fois ce bâtiment", a lancé Joe Biden à l'occasion de cette prise de parole anniversaire, affirmant qu'ils "n'étaient pas un groupe de touristes, c'était une insurrection armée". Le locataire de la Maison Blanche a par ailleurs salué la mobilisation des forces de l’ordre qui "ont sauvé l’état de droit et notre démocratie", rappelant que 140 officiers avaient été blessés et deux policiers sont décédés à la suite de cette attaque, évoquant également le traumatisme psychologique des officiers présents lors de l'assaut.
"Notre Constitution a fait face à la menace la plus grave", mais "nous, le peuple américain, avons survécu à cette attaque et nous l’emporterons", a-t-il assuré. Tout au long des 20 minutes de discours aux accents à la fois sévères et combattifs, le président démocrate n'a cessé de souligner la responsabilité de son prédécesseur, sans jamais citer son nom.
"Il n’a rien fait pendant des heures, il y a avait des vies en jeu"
"Pour la première fois dans l’histoire de notre pays", a-t-il déploré, un président a "tenté d'empêcher un transfert pacifique du pouvoir" en affirmant que les élections avaient été volées - des affirmations encore jamais prouvées à ce jour. Joe Biden accuse son prédécesseur d'avoir ainsi encouragé ses partisans, gargarisés par ces déclarations, à attaquer le Capitole. Quelques heures avant la mobilisation, Donald Trump avait en effet appelé ses soutiens à marcher sur le Congrès. "Nous n’avons pas vu l'ancien président des États-Unis (sur les lieux, ndlr), il était à la Maison Blanche, il venait de perdre l’élection et il regardait la télévision", a fustigé Joe Biden. "Il n’a rien fait pendant des heures, il y a avait des vies en jeu, la principale institution de la nation était assiégée."
"Voici la vérité : l’ancien président des États-Unis a créé un tissu de mensonges concernant l’élection de 2020" a poursuivi le locataire de la Maison Blanche, affirmant que Donald Trump a "bâti son mensonge pendant des mois avant le scrutin" au fil de ce discours très à charge contre son prédécesseur. "Il l'a fait parce qu'il place le pouvoir au-dessus des principes, il ne s'intéresse qu'à ses propres intérêts plutôt de ceux de son pays", a-t-il ajouté.
Le président a insisté sur le fait que 81 millions de voix étaient allées en sa faveur et que plus de 150 millions d'Américains avaient voté lors de ces élections, du jamais vu dans l’histoire américaine selon lui, malgré le contexte sanitaire. "Aucune élection dans l’histoire des États-Unis n'a fait l’objet plus de contrôles que celle-là", a-t-il poursuivi : "on a recompté État après État". Joe Biden a également relevé que l'ex-président républicain et son camp n'avaient contesté aucune précédente élection. "C'est un ancien président vaincu par une marge de plus de 7 millions de votes dans une élection libre, équitable et totale", a-t-il martelé.
"Je ne laisserai personne placer un couteau sous la gorge des États-Unis"
Après ce réquisitoire contre l'ancien président américain, Joe Biden a appelé à la fermeté et promis de tout mettre en œuvre pour "nous assurer que ce genre d’attaque ne se reproduira jamais", refusant que "la violence politique ne devienne la norme", affirmant que les États-Unis étaient "à la frontière entre démocratie et autocratie". "Je n'ai pas cherché ce combat" mais "je ne me défilerai pas", a-t-il lancé.
Assurant que "les mensonges ne sont pas éteints" et que "la démocratie est menacée", il a promis : "Je me tiendrai sur la brèche, je protégerai cette nation et je ne laisserai personne placer un couteau sous la gorge des États-Unis, je laisserai s’exprimer la voix du peuple sans qu’elle soit menacée par la violence".
Joe Biden a par ailleurs salué la prise de position de certains élus républicains qui condamnent l'assaut du Capitole, et ainsi veulent garantir "l'intégrité" de leur parti. "Quels que soient nos désaccords, je travaillerai toujours main dans la main avec eux (...) car nous partageons cette foi en la démocratie", a-t-il assuré. Mais Donald Trump conserve un ascendant immense sur le parti républicain, et très rares sont ceux qui fustigent sans ambiguïtés l'attaque.
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Le ton offensif de Joe Biden fait écho à la dernière déclaration de son ministre de la Justice Merrick Garland, qui a promis mercredi que tous les participants à l'assaut du Capitole seraient bien poursuivis "quel que soit leur statut". L'ancien président et ses proches font quant à eux l'objet d'une enquête.
Joe Biden "a utilisé mon nom pour tenter de diviser encore plus l'Amérique", a répondu quant à lui Donald Trump dans un communiqué. "Ce théâtre politique ne fait que détourner l'attention du fait que Biden a complètement et totalement échoué", a-t-il estimé.
Selon un sondage rendu public mercredi par le site d'information Axios, seulement 55% des Américains estiment que Joe Biden est le vainqueur légitime de la dernière élection. Presque autant pensent que des événements tels que ceux du 6 janvier 2021 sont susceptibles de se reproduire dans les années à venir.