La guerre en Ukraine a réveillé l'angoisse d'une invasion similaire dans le pays frontalier qu'est la Moldavie.Une partie du territoire de cet État, la Transnistrie, est occupée depuis des années par des forces militaires russes.
La Moldavie n’est pas en guerre, mais plus les jours passent, plus le conflit paraît proche pour les 6000 habitants de Vadul Lui Voda, à 30 kilomètres de la capitale, Chisinau, et à quelques mètres seulement de la Transnistrie. "Nous ne faisons que prier Dieu pour qu'il nous protège du mal", confie, paniquée, une passante, tandis qu'un autre ajoute, dans le reportage du 13H de TF1 en tête de cet article : "Personne ne se sent en sécurité ici. Chaque nuit, on a peur."
1500 soldats russes en Transnistrie
Car la Transnistrie est un territoire séparatiste qui s'étend le long de la frontière avec l'Ukraine, en Moldavie. Si elle n'est pas reconnue comme indépendante par la communauté internationale, elle est soutenue par la Russie. "Une occupation des troupes russes y existe depuis la fin de l'Union soviétique", précisait par ailleurs à TF1info Carole Grimaud Potter, professeure de géopolitique à l'université de Montpellier et spécialiste du monde russe.
Aujourd'hui, la seule chose qui sépare la Transnistrie du village de Vadul Lui Voda est le fleuve Nistru. Le pont qui permet de le traverser est déjà gardé par des hommes armés qui seraient des soldats russes. La Moldavie estime qu’ils seraient près de 1500, déjà présents sur ce territoire.
C'est pourquoi les habitants pensent à fuir, bien que beaucoup n'en aient pas les moyens, car la Moldavie est l’un des pays les plus pauvres d’Europe. "Ça fait onze ans que je vis aussi, je n'ai nulle part où aller, mais si les choses empirent, je n'aurais plus le choix", regrette une femme. "Ici, il y a déjà l'armée russe, les séparatistes aussi peuvent se battre... Il ne faudra vraiment pas grand monde pour nous envahir", observe un autre villageois.
Un possible départ qui concerne aussi les Français installés dans le pays. Tatiana et Thierry Ernst vivent dans la capitale de la Moldavie, Chisinau, depuis douze ans. Chez eux, la télévision est allumée en continu et ils sont prêts à toute éventualité. "Ce n'est pas mon habitude, mais j'ai préparé un plein de voiture, on a acheté quelques vivres...", explique Thierry.
"Je ne vous cache pas que le jour où ils ont attaqué l'Ukraine, j'étais sur les nerfs. On sait qu'ils sont capables de franchir la frontière et de venir", estime de son côté Tatiana, encore angoissée. Pour l’instant, le couple souhaite rester en Moldavie et apporter leur aide aux réfugiés ukrainiens, qui arrivent par dizaines de milliers dans le pays. Ils souhaitent néanmoins que leur fille de 15 ans rentre en France le plus vite possible.