+1,5°C dès 2030-2035, le changement climatique plus grave que prévu… Ce qu'il faut retenir du rapport de synthèse du Giec

par T.G.
Publié le 20 mars 2023 à 15h25, mis à jour le 20 mars 2023 à 16h26

Source : Sujet TF1 Info

Les experts climats de l'ONU ont livré ce lundi le dernier consensus scientifique sur le réchauffement climatique.
Le réchauffement climatique causé par l'activité humaine atteindra 1,5°C par rapport à l’ère pré-industrielle dès les années 2030-2035, précise notamment le document.

"Un guide de survie pour l'humanité". C'est ce que le Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (Giec) a publié ce lundi, fruit de neuf années de travail. Un message d'alerte mais aussi d'espoir pour l'humanité, selon les scientifiques, lesquels estiment qu'un "futur viable" est possible. Seulement si une volonté politique se met en ordre de marche. Voici les grands enseignements du rapport, qui succède à celui de 2014 et n'aura pas d'équivalent dans la décennie en cours. 

Les impacts plus graves qu'estimé auparavant

"Pour tout niveau de réchauffement futur, de nombreux risques associés au climat sont plus élevés que ce qui avait été estimé" dans le précédent rapport de synthèse de 2014, écrivent les scientifiques. Ils s'appuient sur la multiplication observée récemment des événements météo extrêmes comme les canicules, et de nouvelles connaissances scientifiques, par exemple sur les coraux. "En raison de la montée inévitable du niveau des océans, les risques pour les écosystèmes côtiers, les personnes et les infrastructures continueront à augmenter au-delà de 2100", soulignent-ils aussi. 

Le réchauffement atteindra 1,5°C dès 2030-2035

Le réchauffement climatique atteindra 1,5°C par rapport à l'ère pré-industrielle dès les années 2030-2035, prévient le Giec, alors que la température a déjà grimpé de près de 1,2°C en moyenne. Cette projection est valable dans presque tous les scénarios d'émissions de gaz à effet de serre de l'humanité à court terme, compte tenu de leur accumulation depuis un siècle et demi.

Les émissions de CO2 qui émaneraient des infrastructures fossiles existantes, si elles ne sont pas équipées de moyens de captage, suffiraient à elles seules à faire basculer le monde vers les 1,5°C. Mais "des réductions profondes, rapides et prolongées des émissions (...) conduiraient à un ralentissement visible du réchauffement mondial en environ deux décennies", écrit aussi le groupe de scientifiques pour le compte de l'ONU. "Ce rapport de synthèse souligne l'urgence à prendre des mesures plus ambitieuses et montre que, si nous agissons maintenant, nous pouvons toujours assurer un futur vivable pour tous", insiste le président du Giec, Hoesung Lee.

Les années chaudes d'aujourd'hui parmi les plus fraîches dans une génération

"Les années les plus chaudes que nous avons vécues jusqu'à présent seront parmi les plus fraîches d'ici une génération", a résumé Friederike Otto, coautrice de la synthèse, qui représente cette réalité par un graphique coloré de rouge plus ou moins foncé. "Certaines choses sont plus faciles à faire accepter aux gouvernements lorsque c'est dans les infographies" plutôt qu'explicitement dans le texte, explique-t-elle. 

Les huit dernières années ont déjà été les plus chaudes jamais enregistrées au niveau mondial. A l'avenir, elles compteront donc parmi les plus fraîches du siècle, quels que soient les niveaux d'émissions de gaz à effet de serre. Ce constat souligne la nécessité de mener de front les efforts d'adaptation au changement climatique et ceux de réduction des émissions pour ne pas l'aggraver encore plus.

Cela coûte moins cher d'investir que de subir

"Les bénéfices économiques et sociaux d'une limitation du réchauffement climatique à 2°C dépassent le coût des mesures à mettre en place", assurent encore les experts. Mais toute procrastination supplémentaire élèverait la marche à franchir, note le Giec, alors que le monde bénéficie déjà des rapides progrès des énergies renouvelables.

"De 2010 à 2019, les coûts ont diminué durablement pour l'énergie solaire (85%), éolienne (55%) et les batteries au lithium (85%)", rappelle la synthèse. Outre l'effet sur le climat, des efforts accélérés et soutenus "apporteraient de nombreux avantages connexes, en particulier pour la qualité de l'air et la santé", écrivent les scientifiques, qui ne cachent pas le prix à payer : "à court terme, les actions impliquent des investissements de départ élevés et des changements potentiellement radicaux".


T.G.

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