FOCUS - L'étau se resserre autour de Donald Trump. L'enquête menée par le FBI sur une possible collusion entre son équipe de campagne et la Russie a conduit à des premières inculpations. LCI fait le point sur les éléments de cette enquête explosive.
Quel rôle a joué Moscou dans l’élection de Donald Trump à la tête des Etats-Unis ? Y a-t-il eu des liens entre la Russie et l’équipe de campagne de l’ex-candidat républicain? Le FBI planche sur la question depuis maintenant plus d’un an. L’enquête sur une possible collusion a débuté en juillet 2016, quatre mois avant l’élection. Après le limogeage brutal de James Comey, alors directeur du FBI, l’enquête a été confiée au procureur spécial Robert Mueller. Contrairement à un simple procureur fédéral, il dispose d'une plus grande latitude d'action et d'une indépendance renforcée. C’est lui qui a lancé les premières poursuites pénales ce lundi 30 octobre. Retour sur les avancées de cette investigation tentaculaire.
Trois membres de l'équipe de campagne de Trump inculpés
C'est un coup dur pour le président américain. Robert Mueller a mis en accusation trois membres de son équipe de campagne . Deux d'entre eux, Paul Manafort et son associé Richard Gates, sont sous le coup de 12 chefs d'inculpation dont conspiration contre les Etats-Unis, blanchiment d'argent, fausses déclarations et non-déclaration de comptes détenus à l'étranger. Concrètement, on leur reproche leurs activités non déclarées de lobbyiste en faveur de l'ancien président pro-russe Victor Ianoukovitch. D'après l'acte d'inculpation publié lundi, ils ont perçu plusieurs dizaines de millions de dollars de commissions en provenance d'Ukraine et ont blanchi de l'argent à travers des sociétés américaines et étrangères pour dissimuler des paiements au fisc américain "entre approximativement 2006 et 2016 au moins".
"Cela n'a rien à voir avec la campagne ou avec les allégations de collusion avec la Russie", a réagi John Dow, l'avocat du président. Effectivement, ni le nom du président, ni son équipe de campagne ne sont mentionnés dans l'acte d'inculpation. Mais plusieurs juristes voient dans l'initiative du procureur Mueller, et notamment le chef d'accusation très lourd de blanchiment d'argent passible d'une peine de vingt ans de prison, une possible manoeuvre visant à inciter Manafort et Gates à coopérer dans le cadre plus large de l'enquête sur une possible collusion avec la Russie.
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Manafort avait rejoint l'équipe de campagne de Trump en mars 2016, avant d'en prendre la direction en juin. Il avait ensuite été contraint de démissionner en août, notamment, en raison de ses liens avec l'Ukraine. Richard Gates a quant à lui fait partie de l'équipe de campagne de Donald Trump pendant plus de deux mois. Présentés lundi à un juge à Washington, les deux hommes ont plaidé non coupable, mais ont été assignés à résidence.
Le troisième inculpé est George Papadopoulos. Cet ancien conseiller chargé des questions de politique étrangère au sein de l'équipe de Donald Trump a reconnu avoir menti au FBI au sujet de contacts pris avec des intermédiaires russes. Ces rencontres, organisées pendant la campgne, étaient destinées à trouver "de quoi salir" la candidate démocrate Hillary Clinton et essayer d'organiser une rencontre entre le président russe Vladimir Poutine et M. Trump.
De lourds soupçons sur d'autres proches de Trump
Selon le Washington Post, le ministre de la Justice aurait lui aussi eu des contacts troublants avec des représentants russes au sujet de "questions politiques d'importance". Jeff Sessions a reconnu avoir eu plusieurs discussions avec l'ambassadeur russe à Washington, Sergueï Kisliak, pendant la campagne présidentielle, mais nie toute collusion. Il était alors le conseiller diplomatique de Donald Trump.
Et il n'est pas le seul sur lequel plane le doute, le fils de Donald Trump, Donald Trump Jr. et son gendre Jared Kushner sont eux aussi accusés de liens troubles. En juin 2016, ils ont rencontré - en compagnie de Paul Manafort - une avocate russe, Natalia Vesselnitskaïa, qui leur avait promis des informations compromettantes sur Hillary Clinton. La réunion a eu lieu à la Trump Tower, à New York. Jared Kushner a par ailleurs rencontré en décembre Sergueï Kislyak, à l'image de Jeff Sessions.
L'ambassadeur est aussi à l'origine de la démission du général Michael Flynn. En février dernier, il quittait son poste de conseiller à la sécurité de Donald Trump après les révélations de leurs discussions sur les sanctions américaines envers la Russie, avant même qu'il ne soit nommé conseiller.
Propagande russe relayée sur les réseaux sociaux ?
Facebook, Twitter et Google ont reconnu que leurs réseaux sociaux avaient servi de plateforme pour de la propagande venue de Russie. Facebook a ainsi confirmé au Congrès américain que des acteurs russes avaient publié des contenus, payants ou gratuits, avant l'élection pour "semer la discorde" dans la société américaine. L'Internet Research Agency, une société basée à Saint-Pétersbourg accusée d'avoir employé des "trolls professionnels" pour inonder les réseaux sociaux américains, pour le compte du renseignement russe, a ainsi posté 80.000 posts sur deux ans.
Avec les commentaires et les partages, 126 millions d'utilisateurs au total ont été en contact avec ces contenus. Le directeur juridique de Facebook, Colin Stretch, a également fait savoir que 20 millions d'utilisateurs Instagram avaient été impactés. Twitter a également fait les comptes: 36.746 comptes liés à la Russie et ayant produit des contenus automatiques, relatifs aux élections.