CRISE SANITAIRE - Dans le nord du Brésil, l'État de l'Amazonas connaît une flambée de contaminations avec la propagation d'un nouveau variant du coronavirus. Face à une situation sanitaire critique, les habitants se sentent abandonnés par leur gouverneur.
À Manaus, le plus grand cimetière est saturé. À l'intérieur, des experts sont obligés de creuser pour agrandir les allées.
L'objectif ? Faire de la place pour accueillir les nouveaux morts du Covid-19. Depuis plusieurs semaines, l'État de l'Amazonas, au Brésil, est fortement touché par la pandémie mondiale en raison d'un variant plus contagieux. Au total, plus de 4000 personnes sont décédées dans cette partie du pays. Pour endiguer l'épidémie, le gouverneur Wilson Lima a décrété un couvre-feu de 19h à 6h du matin. Une mesure qui parait tardive et dérisoire face à la proportion des dégâts.
Chaque jour, des dizaines de cercueils sont mis en terre avec toutes les précautions imposées par le Covid-19. Seuls cinq personnes ont le droit d'entrer dans le cimetière pour dire adieu aux défunts. Une règle difficile à accepter. Les autres membres de la famille sont priés de rester à l'extérieur. "Nous sommes indignés et consternés. Ce n'est pas seulement notre douleur mais celle de beaucoup de familles. Ces derniers jours, il n'y a que des morts du covid", déplore Antonio, un habitant de Manaus.
Des hôpitaux obligés de refuser des patients
Avec ce variant, le cauchemar recommence pour Manaus. La première vague de l'épidémie avait déjà été dévastatrice dans cette municipalité de deux millions d'habitants. En avril, des fosses communes avaient été creusées pour enterrer les victimes du Covid-19. Au niveau national, le Brésil a été particulièrement endeuillé par la pandémie qui a fait 210.000 morts. Le 18 janvier, le pays a lancé sa campagne de vaccination et l'État de Sao Paulo a envoyé 50.000 vaccins à Manaus. En attendant l'injection des sérums à la population, les autorités sanitaires restent submergées par l'afflux des malades.
Devant l'hôpital de Manaus, quelques familles attendent des nouvelles de leurs proches. "On n'a aucune nouvelle... On doit se renseigner auprès d'autres familles ou des infirmiers pour savoir si nos proches sont morts ou vivants", déclare Luciane dont la mère est hospitalisée. Derrière les portes de l'établissement, le chaos sanitaire règne. Faute de place, aucun tri n'est fait entre les patients. Les malades du Covid-19 sont mélangés aux autres individus. Des hôpitaux ont été obligés de refuser des patients qui sont morts sans assistance médicale.
Avant le Covid, on avait peu d'armes pour battre, maintenant on n'a plus rien.
Da Joelma Ricardo, chirurgienne à l'hôpital de Manaus
"On savait que ça allait se produire. Les couloirs des hôpitaux ont toujours été plein avant la crise. On avait peu d'armes pour se battre, maintenant on n'a plus rien. On est seuls", s'agace Da Joelma Ricardo, chirurgienne à l'hôpital de Manaus. De nombreux habitants ont décidé d'acheter leurs propres bombonnes d'oxygène afin de pallier la pénurie dans les établissements de santé a entraîné la mort de centaines de patients. "Ça, c'est la décadence du peuple amazonien. À cause de ce gouverneur corrompu, ceux qui n'ont pas 3500 real (soit 525 euros, ndlr) pour une bombonne, meurent", fustige Joao Aragon un habitant de Manaus une bouteille sous le bras.
Hors de cette agglomération, la situation est encore bien pire. Manaus est en effet la seule des 63 villes de l'État à bénéficier d'une unité de soins intensifs. C'est d'ici que partent les bouteilles rechargées en oxygène pour être distribuées à d'autres villes. Un retard de livraison a entraîné la mort de sept personnes à Caori, dans le centre de la région. Sur RFI, l'épidémiologiste Jesem Orellana de la Fondation Oswaldo Cruz à Manaus déclarait il y a quelques jours : "C’est une situation vraiment dramatique, qui dépasse toutes les limites du tolérable."
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