INTERNATIONAL - La crise qui secoue ce territoire depuis des semaines a franchi un nouveau palier avec l'irruption, lundi, de manifestants dans le Parlement. Comment cette ville semi-autonome en est arrivée là ? Explications.
"La chine n'est pas Hong Kong" : le graffiti inscrit sur les murs du Parlement de Hong Kong résume à lui seul la colère des manifestants qui, depuis plusieurs semaines, ont instauré un bras de fer avec les autorités. De la contestation d'un projet de loi sur les extraditions vers la Chine, le mouvement s'est en effet élargi au fil des manifestations à une dénonciation généralisée de l'action du gouvernement pro-Pékin. Retour sur une crise sans précédent.
Aux origines de la crise
Pour comprendre le climat de tension qui règne ces jours-ci Hong Kong, il convient de rappeler le statut atypique dont bénéficie la ville. Une ville sur laquelle a longtemps flotté le drapeau britannique : en 1841, les premiers soldats de sa Majesté mettent pied sur l'île pendant la première "guerre de l'opium" entre la Grande-Bretagne et la Chine. L’année suivante, le Traité de Nankin cède Hong Kong à la Grande-Bretagne à perpétuité. Au fil d’une histoire tumultueuse, au cours de laquelle le territoire passe sous l’emprise du Japon durant la Deuxième Guerre mondiale, la rétrocession a finalement lieu en 1997 sous les yeux du prince Charles.
Depuis, en vertu du principe "Un pays, deux systèmes", la Région administrative spéciale de Hong Kong (RASHK) bénéficie en théorie jusque 2047 de libertés inconnues en Chine continentale. Seulement voilà : de nombreux Hongkongais ont le sentiment que Pékin est en train de renforcer son emprise politique sur cette "région administrative spéciale", et que ses libertés sont menacées. Une région qui a vu grossir sa démographie en un siècle et demi, passant de 8.500 habitants à près de 7 millions.
La loi sur les extraditions, point de départ des troubles
C'est la volonté des autorités de modifier la loi sur les extraditions qui a mis le feu aux poudres. Cette ordonnance sur les délinquants en fuite, permettraient le transfert de personnes se trouvant à Hong Kong vers la Chine continentale. "Dans la pratique, quiconque directement ou indirectement lié à une activité jugée criminelle par la Chine (journalistes, ONG, travailleurs sociaux, hommes d’affaires, prêtres ou pasteurs), vivant ou de passage à Hong Kong, pourra être arrêtée, extradée et jugée en Chine", explique La Croix.
La décision a aussitôt été contestée par l'opposition et les juristes, qui craignent un renforcement du contrôle de Pékin. En mars, les autorités réduisent la liste des motifs d'extradition… mais il est trop tard pour la population. Fin avril, plusieurs dizaines de milliers de personnes descendent dans les rues. Ils sont plus d’un million le 9 juin. C'est la plus grande manifestation depuis la rétrocession, mais cela n’effraie guère le pouvoir. La cheffe du gouvernement local, Carrie Lam, réaffirme le lendemain que le Conseil législatif examinera le texte comme prévu. Le 12 juin, la situation dérape : de violents affrontements ont lieu entre la police et des manifestants, faisant 79 blessés et un mort. Les autorités décident de reporter "à une date ultérieure", puis finalement de le suspendre.
Contrainte, Carrie Lam présente ses "excuses", reconnaissant des "lacunes dans le travail du gouvernement". Pékin réaffirme son soutien à la dirigeante. Mais pendant combien de temps ? Les blocages se multiplient, aboutissant le 1er juillet – date anniversaire de la rétrocession – à du jamais-vu : l'envahissement du Parlement par des manifestants. Ils y déploient le drapeau de l'époque coloniale britannique, après avoir forcé un barrage de police et brisé les baies vitrées blindées du bâtiment. La police ne reprend le contrôle du Parlement qu'au bout de plusieurs heures.
Le précédent de 2014
Aussi massive soit-elle, cette vague de contestation a comme un air de déjà-vu… En effet, en 2014 et pendant plus de deux mois, des centaines de milliers de protestataires pro-démocratie avaient paralysé des quartiers entiers. Ils réclamaient l'élection du président du gouvernement local au suffrage universel, sans obtenir la moindre concession de Pékin. Le mouvement s'était baptisé "révolte des Parapluies", utilisés par les manifestants contre les gaz. Lors de leur dispersion, les manifestants avaient notamment accroché une banderole sur un pont promettant : "Nous reviendrons".
L'attitude de la Chine
Si le gouvernement central, dirigé par le Parti communiste chinois (PCC), a exprimé son soutien aux autorités de Hong Kong, il s'est jusque-là abstenu de toute intervention directe. Mais sa patience a peut-être atteint ses limites : des contestataires sont entrés de force lundi dans le Parlement hongkongais, accrochant le drapeau de l'ère coloniale dans l'hémicycle et taguant des messages anti-Pékin. Les options du président chinois sont cependant limitées : une intervention brutale risquerait notamment d'effrayer les investisseurs internationaux présents dans le territoire. Pour l'heure, le gouvernement central s'est borné à demander l'ouverture d'une enquête par les autorités hongkongaises contre les manifestants ayant saccagé le parlement et le "retour à l'ordre". Les dirigeants communistes craignant que leur autorité soit remise en cause, les médias d'Etat ont soigneusement évité ces dernières semaines de montrer des images des manifestations.
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