En piratant un satellite, des hackers ont placé hors de contrôle des parcs éoliens d'Europe centrale.Cette attaque non signée, mais aux conséquences limitées, réveille la crainte d'une cyberguerre.La France serait-elle prête en cas de cyberattaque sur des sites stratégiques ?
Selon le fabricant d'éoliennes Enercon, l'attaque aurait eu lieu le jour même de l'offensive russe en Ukraine, le 24 février dernier. Le satellite, grâce auquel sont pilotées quelque 6000 éoliennes d'Europe centrale, a été mis hors service par une cyberattaque. Les éoliennes ont pu rester en service grâce au contrôle manuel, limitant les conséquences de l'attaque. Si celle-ci n'est pas signée, tous les regards se tournent vers Moscou.
Quel qu'en soit l'auteur, et la portée effective, cette attaque rappelle à tous un message que l'on ne peut plus négliger : la menace d'une cyberguerre est bien réelle. "La Russie a la capacité de lancer des attaques, en particulier sur des infrastructures critiques", explique l'expert en cybersécurité Gérôme Billois, "ils avaient par exemple réussi à couper l'électricité pendant plusieurs heures à Kiev en 2015 et en 2016, et c'est pour cela que tout le monde est attentif à ce qui va se passer".
La liste sensible des "opérateurs d'importance vitale"
En France, une liste non publique regroupe 250 entités susceptibles d'être attaquées, réparties dans 12 secteurs d'activité. Les "OIV" (Opérateurs d'Importance Vitale) sont considérées par l'État comme indispensables à la survie de la nation, ou dangereuses pour la population. Des cibles de choix pour un agresseur potentiel, parmi lesquelles on compte les plus évidentes : centrales nucléaires, gares, hôpitaux, ou encore réseau électrique. Tous ces sites sont incorporés à un dispositif qui exige leur surveillance 24 heures sur 24.
"Les personnes susceptibles d'attaquer des organismes d'importance vitale sont pour la plupart des entités étatiques", explique le chercheur et hacker français Baptiste Robert, "c'est-à-dire des groupes d'assaillants extrêmement structurés". Pour cet expert, il faudrait malgré tout plusieurs mois, voire des années pour réussir à pirater ses lieux. La France dispose elle aussi d'une armée de "cyber-soldats", 3000 spécialistes dont le travail consiste justement à contrer les tentatives de piratage.
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