Une jeune femme iranienne a accepté de filmer pour TF1 son quotidien à Téhéran.Elle raconte sa ville après quatre mois et demi de révolte.Découvrez notre reportage.
Elle risque sa vie en nous parlant. À 25 ans, cette jeune femme travaille dans un salon de beauté à Téhéran. Alors qu’elle s’apprête à sortir, elle témoigne dans le reportage du 20H de TF1 en tête de cet article et explique pourquoi elle refuse de porter le voile dans les lieux publics, ce qui était inimaginable en Iran il y a encore cinq mois. "Le pouvoir fait tout son possible pour nous faire taire. Ils menacent nos familles. Si on va manifester, ils nous emprisonnent ou bien ils nous condamnent à mort. Mais moi, je refuse de vivre selon leurs règles. Je veux vivre libre selon mes propres règles", témoigne-t-elle.
Sur les images filmées clandestinement à Téhéran par l’un de ses amis, une femme sur deux ne porte plus le voile, pourtant toujours obligatoire. C’est le premier résultat concret de quatre mois et demi de révolte en Iran. "J’ai l’impression qu’un vrai changement est en cours dans notre pays. Quand je vois toutes ces femmes les cheveux au vent, quand je les vois sourire, je me dis que nous sommes en train de gagner enfin notre liberté", poursuit-elle.
Une liberté encore fragile, conquise depuis le décès de Mahsa Amini en septembre dernier, morte à 22 ans après avoir été arrêtée par la police des mœurs, qui lui reprochait d'avoir enfreint le code vestimentaire de la République islamique en portant mal son voile. Depuis, le slogan "Femme, vie, liberté" est devenu le cri de ralliement de tous les manifestants. "Regardez, ma ville a changé de visage. Le slogan ‘femme, vie, liberté’ est inscrit sur les murs et sur les affiches. Et si quelqu’un l’efface, dès le lendemain, un autre viendra de nouveau l’écrire", affirme-t-elle.
Près de 500 manifestants sont morts
La police des mœurs, elle, se fait discrète pour éviter les affrontements. Au volant de sa voiture, où le voile est aussi obligatoire, elle a été témoin de plusieurs révoltes. "Récemment, j’ai vu un soldat frapper une femme et la tirer par les cheveux, car elle refusait de porter le voile. C’était horrible. Mais comme tous les témoins de la scène sont intervenus, le soldat a dû la libérer", raconte-t-elle.
C’est une liberté chèrement gagnée. Près de 500 manifestants sont morts dans les rues et quatre opposants ont été exécutés par pendaison. Comme beaucoup d’Iraniens, elle s’informe maintenant sur une chaîne d’opposition diffusée par satellite depuis Londres. "Beaucoup de manifestants ont été arrêtés et depuis, on n’a plus de nouvelles d’eux. On sait qu’ils souffrent, mais un jour, on reconstruira notre pays et on saura que tous ces sacrifices n’ont pas été vains", conclut-elle.
Chaque soir, à sa fenêtre, elle hurle sa colère avec ses voisins. Leur cri : "À bas le dictateur", un autre slogan qui semble ne plus vouloir s’éteindre.
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