VIDÉO - Qui est Joe Biden, l'homme qui défie Donald Trump ?

Romain Le Vern et Flore Galaud
Publié le 4 novembre 2020 à 12h31, mis à jour le 4 novembre 2020 à 12h40

Source : Sujet TF1 Info

PORTRAIT - C'est la troisième fois qu'il tente sa chance pour décrocher la Maison Blanche... Mais qui est Joe Biden, l'homme qui défie Donald Trump ? Si à l'étranger, il reste peu connu, outre-Atlantique, les Américains le connaissent bien.

Il est loin d'être un novice en politique. Les Américains connaissent bien Joe Biden, ce "démocrate à l’ancienne", figure rassurante dans le paysage politique américain (VOIR NOTRE PORTRAIT VIDEO CI-DESSUS). "Un homme du compromis ayant développé en près de 50 ans de politique une vraie cohérence et une vraie fidélité", selon la politologue Nicole Bacharan, contactée par LCI. Sénateur fédéral pour le Delaware de 1973 à 2009, il est considéré comme appartenant à l’aile droite du Parti démocrate et préside le comité judiciaire et criminel de la chambre haute du Congrès de 1987 à 1995. Il est également à la tête à deux reprises, entre 2001 et 2009, du comité des affaires étrangères du Sénat mais demeure un candidat défait aux primaires démocrates en vue de l’élection présidentielle de 1988 et de celle de 2008 : "S’il n’a jamais quitté la vie politique, Joe Biden n’a jamais réellement impressionné comme candidat à la présidentielle", nous assure Nicole Bacharan. Alors, cette troisième tentative pour décrocher la Maison Blanche sera-t-elle cette fois la bonne ? 

Disciple d'Obama

Joe Biden a été réélu au Sénat "de manière ininterrompue" jusqu’à ce qu’il devienne vice-président de Barack Obama en 2008 puis en 2012 : "Au départ, il y a eu, de la part d’Obama, un calcul politique, puis ils ont tissé un vrai lien personnel. En 2008, Obama était politiquement jeune, pas très expérimenté, même s’il était élu au Sénat depuis 2004 et avait annoncé sa candidature début 2007. Biden avait, lui, une vraie expérience de politique internationale. Homme de l’appareil du parti démocrate, il avait un lien fort avec l’électorat populaire et maîtrisait suffisamment de leviers et de dossiers sur lesquels Obama, qui faisait très professeur de Harvard dans sa manière d’être, pouvait paraître un peu fragile. Biden lui a notamment apporté cet équilibre de l’âge." 

De là est née une vraie affection : "Bien sûr, il y a eu des moments d’irritation parce que Biden n’est pas aussi clair que Obama dans son discours, il est bouillonnant, pouvant faire des déclarations moyennement préparées, s’emmêler… Mais il a été un vice-président très fidèle, qui avait de vraies responsabilités. Ensemble, ils formaient une très bonne équipe, avec une vraie affinité l’un envers l’autre". 

Hanté par la tragédie

Dans l’opinion publique, Joe Biden reste un des démocrates les plus populaires. "Un homme honnête" selon Nicole Bacharan, qui ne s’est pas enrichi grâce à la vie politique et qui a essuyé des tragédies dans sa vie de famille l’ayant relié aux gens." Deux, terribles, en particulier : la première en 1972, une semaine avant Noël, sa femme, Neilia, et leurs trois enfants sont victimes d’un accident de la route, leur voiture ayant été percutée par un chauffard ivre. Son épouse et sa fille Naomi Christina, âgée de 13 mois, sont tuées et ses deux fils gravement blessés. La seconde en 2015, lorsqu’il perd son fils aîné, Beau Biden, mort d'un cancer du cerveau. 

Avant de mourir, son fils l’avait encouragé à se présenter mais moralement, il ne s’en était pas senti capable
Nicole Bacharan, politologue

"A l’enterrement du fils de Biden, c’est Obama qui a fait le discours à l’église ou encore qui lui a donné une médaille présidentielle de la Liberté, soit la plus haute distinction que l’on puisse attribuer, poursuit la politologue. Biden est alors un homme éprouvé et ses électeurs compatissent. Il voulait se présenter à l'élection présidentielle en 2016, il a finalement fait campagne pour Hillary Clinton. Avant de mourir, son fils l’avait encouragé à se présenter mais moralement, il ne s’en était pas senti capable."

Le sens du devoir et de la fidélité constitue son atout le plus sûr. Catholique pur et dur, Biden se montre pourtant extrêmement ouvert : "Pratiquant, il considère pour autant qu’il faut séparer la religion de l’Etat, la religion de la politique et surtout, considère que chacun fait ses choix, poursuit la politologue. Sur des sujets sensibles comme l’avortement et la contraception, il a rapidement évolué et considéré que les femmes avaient le choix. Il a précipité un peu l’évolution de l’administration Obama sur le mariage gay. Obama voulait y aller progressivement mais Biden, en tant que vice-président, lui a dit qu’il ne voyait pas de raison d’empêcher deux personnes qui s’aiment de se marier."

Le spectre de l'affaire Anita Hill

S’il fallait trouver une vraie zone d’ombre dans sa trajectoire politique, l’affaire Anita Hill serait là où le bât blesse. "Une faute qui le hante", confirme Nicole Bacharan. En 1991, George Bush père alors président avait nommé Clarence Thomas, un noir ultra-conservateur, comme juge de la Cour suprême. Anita Hill, une professeure de droit noire, l’avait dénoncé en incriminant son comportement sexiste. Lors des auditions devant le Sénat, Joe Biden présidait la commission des affaires judiciaires. Une confrontation a eu lieu, Anita Hill avait été convoquée comme témoin à la commission de confirmation et les sénateurs - que des hommes blancs d’âge mûr - ont ostensiblement questionné sa crédibilité : "Je vivais aux Etats-Unis à ce moment-là, tout était retransmis à la télévision", poursuit-elle. "Ce fut très brutal, très machiste et dans ce domaine, Joe Biden n’a pas été le dernier. Et en 2020, à l’heure du mouvement #MeToo, ces images restent dévastatrices."


Romain Le Vern et Flore Galaud

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