Le second tour de la présidentielle en Turquie aura lieu ce dimanche 28 mai.Recep Tayyip Erdogan brigue un troisième mandat et, contrairement aux sondages précédant le premier tour, il est désormais favori.Comment expliquer qu’après 20 années passées au pouvoir, l’opposition a du mal à se faire entendre ?
On l’avait cru affaibli, il n’a jamais été aussi près de remporter un troisième mandat présidentiel. Recep Tayyip Erdogan parvient encore à faire vibrer ses partisans comme ce samedi après-midi pour son dernier meeting avant le scrutin du second tour.
Cela fait 20 ans que l’homme est au pouvoir, comme Premier ministre d’abord puis comme président d’une Turquie qu’il a dirigée toujours plus d’une main de fer, particulièrement après 2016 et le putsch manqué qui l’avait visé à l’époque. Un partenaire difficile pour les Occidentaux qui tantôt menace l’Europe d’une crise migratoire, tantôt se pose en médiateur concurrent des crises internationales comme en Syrie ou en Ukraine.
"Il a dit qu'il reconstruirait nos maisons et il le fera"
Or, les Turques lui font confiance malgré le manque de libertés, malgré la crise économique et une inflation galopante. Et quand les survivants du séisme de février conspuent l’inaction des autorités, ce n’est toujours pas à Erdogan qu’ils en veulent. "Oui, nos maisons ont été détruites, mais il a dit qu’il reconstruirait et il le fera", affirme Nursel Karci, une électrice d'Erdogan.
Son secret : savoir parler à l’électorat populaire venu des campagnes, flatter la fierté des Turques qui soutiennent son programme islamo-conservateur et qui voit d’un bon œil, par exemple, la transformation de Sainte-Sophie en mosquée ou encore les opérations musclées hors des frontières.
60 fois moins d'exposition pour son adversaire dans les médias
Faisant miroiter, 100 ans après la création d’une Turquie laïque, un retour aux gloires passées de l’ancien Empire Ottoman, il est perçu comme un homme qui rassure. "Erdogan a la réputation d’être un homme à poigne, donc je pense que les électeurs considèrent qu’il est capable de conduire le pays dans un moment qui est quand même très difficile à la fois du point de vue économique et international. Or, il n’a même pas de programme cette année Erdogan dans les élections. Il demande simplement aux électeurs de lui redonner encore le temps de finir sa mission", explique Dorothée Schmid, spécialiste de la Turquie, à l'Institut français des relations internationales (IFRI).
Cette fois-ci, c’est une première, il a été mis en ballotage par une opposition unie qui a essayé de le concurrencer sur le terrain du nationalisme. Mais son adversaire principal a été savamment muselé avec 60 fois moins d’exposition que lui sur les chaînes de télévision. En 20 ans de pratique du pouvoir, Recep Tayyip Erdogan a aussi appris à verrouiller les médias.
Sur le
même thème
Tout
TF1 Info