INQUIÉTANT - Après s'être armés pour faire face à une éventuelle vague de criminalité provoquée par la pandémie de Covid-19, puis par les manifestations anti-racistes, les Américains font désormais des stocks d'armes et de munitions avant l'élection présidentielle du 3 novembre.
Aux Etats-Unis, des zones rurales aux grandes villes, une frénésie d'achat d'armes s'est emparée des Américains. Depuis février, les ventes explosent, boostées par les angoisses cumulées d'une pandémie et de violentes émeutes, le tout dans un climat politique hyper-tendu. L'approche de l'élection présidentielle, et la crainte habituelle d'un durcissement du second amendement, amplifie encore le phénomène.
Record historique de demandes
Les acheteurs ont tous types de profils, "de 18 à 80 ans" et "du chauffeur de camion-poubelle à l'employé de bureau", témoignent des propriétaires d'armurerie, à New York, auprès de l'AFP. Ils n'en reviennent pas d'avoir autant de clients, sans discontinuer depuis février. Selon eux, les fabricants peinent même à suivre ce boom de la demande, et le pays rencontre une pénurie d'armes et de munitions, ce qui fait grimper les prix.
Les statistiques de la police fédérale confirment cette ruée. En moyenne en 2019, on comptait 2,3 millions de demandes de vérification d'antécédents judiciaires - obligatoires pour les achats d'armes en magasins - par mois. En 2020, les demandes sont montées à 3,9 millions en juin, un record historique.
La pandémie, la violence et l'élection
Plusieurs Américains disent avoir passé le pas et acheté leur première arme cette année. Certains ont d'abord été motivés par les conséquences économiques de la pandémie : la perte de milliers d'emplois, la montée de la pauvreté, leur a fait craindre des rackets ou des cambriolages. "Les armes à feu ne faisaient pas partie de mon mode de vie jusqu'à récemment, mais je voulais être capable de protéger ma famille", explique à l'AFP un homme venu s'approvisionner en munitions. Il a acheté deux armes depuis le printemps.
D'autres ont été motivés par les émeutes antiracistes suite à la mort de George Floyd, quadragénaire noir tué par un policier blanc fin mai. Ces rassemblements parfois émaillés de violences entre manifestants et forces de l'ordre, ou entre manifestants et milices d'extrême droite, ont été très médiatisés. Dans cette "période compliquée", ils se sentent "moins en sécurité" et veulent être "capable de se protéger", justifient tous les nouveaux acquéreurs interrogés. Cause ou conséquence de ces achats d'armes en forte hausse, une montée de la criminalité est observée à New York : les homicides ont augmenté de 40% sur les neuf premiers mois de l'année et les fusillades de 91%.
Pour clore cette année si particulière, l'élection présidentielle américaine approche. Et avec elle, la peur d'un éventuel changement de la législation concernant les armes, poussant les Américains à se constituer des stocks. Un phénomène qui s'observe tous les quatre ans, selon le Washington Post. Durant les deux mois précédents le scrutin de 2016, où s'affrontaient Donald Trump et Hillary Clinton, les ventes d’armes à feu étaient 17% et 18% plus élevées qu’à la même période en 2015.
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