VIDÉO - Irak : le terrible sort des "enfants de Daech"

F. Senneville | Reportage vidéo : B. Christal et R. Reverdy
Publié le 6 décembre 2021 à 9h52
JT Perso
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Source : TF1 Info

ENQUÊTE - Quatre ans après la libération de Mossoul de l'emprise de l'État islamique, au terme d'un long siège et d'une bataille meurtrière, une équipe de TF1 est partie à la recherche de ceux qu'on appelle là-bas "les enfants de Daech".

Ils sont les enfants de djihadistes morts ou en prison, ou eux-mêmes d'anciens enfants-soldats de Daech, que l'organisation appelait alors "les lionceaux du Califat". Rejetés par la société irakienne, ils sont innombrables dans les rues de Mossoul, à survivre comme ils peuvent, quatre ans après la fin de la bataille meurtrière qui avait libéré la ville de l'emprise de l'organisation islamiste. Benoît Christal est allé à leur rencontre, ramenant d'Irak le reportage à voir  en tête de cet article.

Dans la périphérie de Mossoul, dans une décharge géante, l'envoyé spécial de TF1 a pu en voir des dizaines, qui trient les déchets sans aucune protection. Au bout d'une journée de douze heures, ces enfants ramèneront environ six euros chacun pour la subsistance de leurs familles. Leurs pères appartenaient à Daech, ils sont morts pendant la guerre, ou ont été emprisonnés. 

Parmi eux Mohamed, dont le père serait mort les armes à la main. Du haut de ses treize ans, l'adolescent fait presque figure de vétéran, parmi les enfants de la décharge de Mossoul. Il est un des seuls à pouvoir se souvenir de la guerre, et raconte : "Je ne me souviens plus de tout ce qui s’est passé", commence-t-il, "je n’avais que 7 ans quand mon père est mort". "C’est vrai que Daech était dans notre quartier", se souvient-il, "et que plein de gens les aimaient bien, et puis ils sont partis. Mais nous, on est des victimes de la guerre, on n’est pas des combattants".

"Lionceaux du califat"

Rejetés par les habitants de Mossoul, ces enfants suscitent la méfiance dans tout l'Irak. Car parmi eux, il y a aussi d’anciens enfants-soldats, des gosses enrôlés par les djihadistes, qui les appelaient "les lionceaux du califat", dans leurs vidéos de propagande. Daech les montrait s'entraîner comme des commandos, ou parader les armes à la main, prêts au sacrifice comme leurs aînés. Dans un camp au nord de la ville, où sont parquées des familles soupçonnées d’avoir, au minimum, collaboré avec les terroristes, un secteur entier est réservé à ces enfants de la guerre. 

Mahmoud, qui a désormais 21 ans, est l'un d'entre eux : il dit avoir rejoint lui-même les rangs de Daech, alors qu'il n'avait que 14 ans. "Ils m’ont lavé le cerveau et je suis resté 3 ans avec eux", témoigne-t-il, "ma seule obsession, c’était de tuer nos ennemis, soldats irakiens, policiers, infidèles, Américains… Je voulais tous les tuer, et c’est ce que j’ai fait durant la guerre." "Mais aujourd’hui je le regrette", nous dit cet ancien "lionceau du Califat". "Ma famille ne veut plus me voir, et je suis coincé ici sans aucun avenir."  Mahmoud nous livre aussi une vision inquiétante de l'état d'esprit des laissés pour compte de l'après-guerre : "Vous savez, Daech est déjà partout, dans le désert autour de nous", explique-t-il. "Ils versent même des salaires à des gens ici, à l’intérieur du camp (...), et si vous demandez aux gamins s’ils préfèrent la police irakienne ou Daech, ils vous répondront sans hésiter : 'l’Etat islamique'"

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Dans le centre-ville de Mossoul aussi, les enfants de Daech errent dans les rues. La vieille ville semble encore en ruines, quatre ans après la fin de ce que l'état-major américain tient pour la bataille urbaine la plus meurtrière depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Une ONG française travaille ici avec une centaine d'enfants traumatisés, issus de familles de victimes ou de complices de Daech. Leurs dessins, faussement naïfs, sont tous marqués par la violence, la mort et les armes. "Là, c’est un kamikaze de Daech avec des explosifs", explique un petit garçon en montrant ce qu'il vient de dessiner, "et ça c’est le policier qui vient le tuer. Oui, j’ai vu ça pendant la guerre".  

Dans la rue, l'association essaie d'établir le contact avec des enfants qui travaillent pour faire vivre leurs familles, ou sont complètement livrés à eux-mêmes. La peur, c’est que Daech parvienne à les recruter : l'État Islamique a repris ses attentats en Irak, et cherche de nouveaux candidats au djihad. Au détour d'une rue, une fillette vend des chewing-gums aux passants, de 8h du matin à 10h du soir. Rétive à répondre aux questions des animateurs, elle préfère s'éloigner discrètement. Il faudra des mois d'approche pour espérer l'arracher à la rue et aux pièges de l'après-guerre. 


F. Senneville | Reportage vidéo : B. Christal et R. Reverdy

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