VIOLENCE - Aux États-Unis, les bavures policières avec des images insoutenables continuent de se multiplier, tandis que plusieurs policiers ont été pris à parti par des manifestants ces derniers jours. Des scènes symboles du divorce entre une partie de la population et les forces de l'ordre.
Chaque soir depuis la mort de George Floyd, ce père de famille afro-américain de 46 ans mort asphyxié par un policier lors de son interpellation le 25 mai, des manifestants dénoncent les bavures policières. Et chaque soir, certains d’entre eux sont interpellés sans ménagement par ces mêmes forces de l’ordre qu’ils accusent d’être trop violentes.
Jeune retraité de la police new-yorkaise, lieutenant pendant 20 ans, Darrin Porcher a entraîné les recrues, avant d’être chargé des enquêtes internes sur les dérapages policiers. Un poste qui lui a fait prendre conscience de l’ampleur de ces derniers : "Souvent j’étais absolument stupéfait, je n’arrivais pas à croire que nos policiers puissent commettre des actes aussi choquants. Bourrer un suspect de coups de poings dans le ventre, le jeter à terre… ", raconte-t-il aujourd’hui. "A chaque fois j’ai engagé des poursuites agressives", précise-t-il. Avec des résultats à la clé : les violences policières ont nettement régressé à New York.
Les Afro-américains, victimes surreprésentées des violences policières
Mais cela reste une exception. Dans le reste du pays les bavures continuent de se multiplier. La mort de George Floyd n’est que le dernier drame en date. Une tragédie représentative d’une réalité : les Afro-américains sont les premières victimes des dérapages de la police. En 2019, la police a tué 1.000 personnes dont 23% d'Afro-Américains, alors que cette communauté ne représente que 12% de la population totale.
"La police américaine a un état d’esprit agressif, paramilitaire à cause de la violence des crimes et des armes à feu. On a aussi un problème culturel : le racisme ici remonte au temps de l’esclavage", analyse Darrin Porcher, lui-même afro-américain.
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Trump fait appel "aux pires instincts" des policiers
Au fil des ans, dans un pays qui compte plus d’armes que d’habitants, les forces de l’ordre ont reçu un équipement destiné à l’attaque. Les policiers sont entraînés à prendre le contrôle physiquement sur les délinquants, et les formations sont souvent défaillantes, sans aucun standard national. "On a 18.000 agences de police différentes dans ce pays, ce n’est pas comme en France où vous avez la police et la gendarmerie", explique Eli Silverman, professeur de justice criminelle et ancien responsable de formations policières. "Ici chaque unité délivre sa propre formation, elles sont très variées et plus ou moins bonnes."
Barack Obama avait pris quelques mesures pour réformer la police, comme la généralisation de caméras embarquées. Donald Trump lui met l’accent sur la répression. "Il vient encore de demander aux policiers d’être plus durs, plus agressifs, et il fait appel aux pires instincts de certains policiers", constate Eli Silverman.
Un peu partout pourtant aux Etats-Unis, des dizaines de policiers ont fait fi des consignes du président et se sont agenouillés pour montrer leur soutien aux manifestants dans la lutte contre les violences policières.