VIDÉO - Centralia, la ville américaine qui brûle depuis 57 ans

Catherine Jentile
Publié le 23 août 2019 à 16h39, mis à jour le 23 août 2019 à 19h35

Source : JT 20h Semaine

REPORTAGE - Depuis 57 ans, les flammes ne cessent de consumer la mine de charbon souterraine de Centralia. Un phénomène qui a progressivement vidé cette ville de tous ses habitants, la transformant en ville-fantôme.

Un feu qui n'en finit jamais. Centralia est une ville rayée de la carte de Pennsylvanie depuis 1981. Cela fait bien longtemps que les plus de 2000 habitants, maisons ou commerces sont introuvables. A peine aperçoit-on encore les pierres qui délimitaient les propriétés depuis le ciel. 

Un feu de poubelles aux conséquences dramatiques

Ancien habitant de la ville, Robert Gadinski nous fait une présentation passée des lieux : "Ici, dit-il ne montrant du doigt un endroit recouvert par la végétation, il y avait la station-service. Et notre maison se trouvait juste en face, de l'autre côté de la rue. Aujourd'hui, il n'y a plus rien." Silencieux, Robert semble revoir ces souvenirs du passé, qui témoignent bien mal de l'agitation trépidante qu'il y avait à Centralia jusqu'au début des années 1960, pas plus que les dangers que lui faisaient courir sa mine de charbon. 

Les autorités ont d'ailleurs longtemps cru qu'elles pourraient éviter un déplacement de population. Dick Thornburgh, gouverneur de Pennsylvanie, ne disait-il pas en 1983 qu'"aucun habitant, que ce soit pour des raisons financières ou autres, ne serait obligé de vendre sa maison ou de quitter les lieux" ? Cette promesse n'a pas été tenue, et la ville dut être rasée. La faute à un feu de poubelles, qui se propage à une mine de charbon voisine, créant un incendie souterrain qui finit par faire exploser l'asphalte des routes et produit des émanations toxiques un peu partout dans la ville.

Emanations toxiques, ville-fantôme et paradis du street-art

Des images d'archive montrent ainsi des routes éventrées, laissant apparaître des canalisations en piteux état, mais également  d'épais nuages de fumée recouvrir la ville. Depuis, l'artère principale qui traversait Centralia a été fermée à la circulation. Depuis, les street-artistes par centaines se sont emparés de l'asphalte pour en faire un gigantesque tableau. "Depuis qu'on est petit, on entend parler de cet endroit, témoigne Corey, 21 ans, sur place. Tout le monde disait qu'on devait absolument venir". Fasciné, Bernard, même âge, n'en revient pas d'être ici : "C'est incroyable d'être ici, parce qu'en principe, c'est illégal. Mais personne ne surveille."

Et pour cause. Depuis 57 ans, le feu continue de se consumer sous la surface, faute d'avoir trouvé un moyen de l'éteindre. Un risque d'émanation dangereuse existe, alors que l'incendie continue de se propager. C'est pourquoi il y a, à certains endroits de Centralia, des sondes qui permettent "de mesurer le gaz et la température au sous-sol pour savoir quand il y a un danger pour l'homme", précise Robert Gadinski en faisant sentir le souffle brûlant des flammes aux touristes de passage. 

A Centralia, il n'y a plus qu'un dernier irréductible. Gerald, mécanicien, qui restaure de vieilles voitures. "Avant, il y avait encore quelques personnes, mais maintenant, c'est vraiment une ville-fantôme", constate-t-il. "Mais je ne me sens pas seul. Il y a encore du passage et il y a beaucoup de visiteurs le week-end." Il faut bien qu'il s'en satisfasse car, à court ou moyen terme, il n'y a aucun espoir de voir renaître Centralia. Il faudrat en effet au moins 200 ans pour que le feu sous-terrain puisse enfin s'éteindre.


Catherine Jentile

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