INTERVIEW - Arrêté jeudi 4 avril contre toute attente, le magnat de l'automobile a accordé peu de temps auparavant une interview exclusive à TF1/LCI. Il dénonce un "complot" provenant d'adversaires internes de Nissan et en appelle au gouvernement français.
De nouveau arrêté ce jeudi matin par les autorités japonaises, alors qu'il était en résidence surveillée, Carlos Ghosn a accordé quelques heures auparavant mercredi soir (au Japon) une interview par internet à TF1/LCI depuis le cabinet de son avocat. Le magnat de l'automobile déchu, poursuivi entre autres pour fraude fiscale, a fait part de sa pugnacité et savait "à 90%" qu'il allait être de nouveau interpellé. "Je suis un homme combatif, je suis un homme innocent", martèle l'ex-PDG de Renault, qui continue de plaider le "complot" et fait appel au gouvernement français "pour préserver mes droits, en tant que citoyen".
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"Quelques personnes à l'intérieur de Nissan sont à l'origine de ça"
Fidèle à sa ligne de défense depuis son arrestation, le 19 novembre 2018, l'homme d'affaires évoque une "conspiration" orchestrée par "quelques personnes à l'intérieur de Nissan qui sont à l'origine de ça" et qui "bénéficient de complicités à l'extérieur de Nissan". Ces derniers, poursuit Carlos Ghosn, œuvreraient, au Japon mais aussi "en France", depuis "avril, mai 2018 au moins", et rassembleraient "des faits permettant de me sortir de mon rôle de président de Nissan et de l'alliance Nissan-Renault-Mitsubishi". Et l'ex-patron de prévenir : "J'ai des noms."
Objectif de ce "complot", selon Carlos Ghosn : "me tenir à l'écart" afin de continuer l'enquête "qui mobilise 100 personnes chez Nissan et 70 personnes chez les procureurs". Contre les accusations du patron de Nissan Hiroto Saikawa à son encontre, il riposte, faisant état de "beaucoup de mensonges, [qui] sont en train de se révéler les uns après les autres", et qui confinent à l'"acharnement". Un acharnement qui n'est pas récent, à l'en croire. "Il a démarré le jour de mon arrestation et ne s'est jamais arrêté. Il n'y a pas eu un jour, pas eu une semaine au cours desquels il n'y a pas eu de nouvelles accusations, de nouvelles rumeurs, des faits sortis de leur contexte."
Une référence aux reproches qui lui sont faits, aussi bien par la justice japonaise que la justice française : fraude fiscale, utilisation des fonds de Renault à des fins privées, on pense notamment à l'enquête ouverte sur les conditions de financement de son mariage au château de Versailles en 2016. Plus récemment, ce sont des informations sur le montant de sa retraite chapeau qui ont été étalées au grand jour. Un montant de 750.000 euros par an, que le conseil d'administration de Renault a finalement refusé de lui verser. À propos des appartements à Beyrouth et Rio que le PDG dont l'ex-PDG est accusé d'avoir bénéficié indûment, il affirme que "tout le monde était au courant", dont le président de Nissan.
Un appel au gouvernement français
Alors qu'Emmanuel Macron s'était ému fin janvier de ses conditions de détention "dures", l'ex-PDG de l'alliance Nissan-Renault a fait appel "au gouvernement" français. "Pour me défendre, pour préserver mes droits, en tant que citoyen pris dans un engrenage incroyable à l'étranger". S'il estime que le comportement des fonctionnaires japonais est "tout à fait correct", il qualifie le système de "draconien", et indique notamment avoir été empêché d'appeler sa mère malade au Brésil.
Initialement arrêté à l'automne 2018 pour des suspicions de dissimulation au fisc japonais d'environ 5 milliards de yens entre 2011 et 2015, Carlos Ghosn se dit enfin "inquiet" pour l'avenir de l'alliance et, tout en défendant son bilan à la tête de celle-ci, évoque sa "préoccupation" concernant les performances de Nissan.