Missile en Pologne : 2 morts, prudence sur l'origine de la frappe... Ce que l'on sait sur l'explosion

S.M avec AFP
Publié le 15 novembre 2022 à 22h54, mis à jour le 16 novembre 2022 à 12h31

Source : TF1 Info

Selon Varsovie, un missile "de fabrication russe" a frappé un village polonais proche de la frontière ukrainienne, mardi 15 novembre au soir, sans que l'on puisse encore confirmer qui est l'auteur du tir.
La Pologne a annoncé élever son niveau d'alerte militaire, et l'Otan, dont est membre le pays, se réunira de toute urgence ce mercredi pour "examiner la situation".

Volodymyr Zelensky dénonce une "escalade très importante", et Moscou nie catégoriquement.  La Pologne a placé mardi 15 novembre au soir son armée en état d'alerte renforcée après avoir été atteinte par ce qu'elle a décrit comme un missile "très probablement de fabrication russe" dans le village de Przewodow, dans le sud-est du pays, tout près de la frontière avec l'Ukraine. Selon les autorités polonaises, l'attaque a fait deux morts. Mais pour l'heure, l'origine du tir reste encore incertaine et le déroulé exact des événements encore flou. 

"À 15h40, dans le village de Przewodow (...), un projectile de fabrication russe est tombé, tuant deux citoyens de la République de Pologne", a relaté dans un communiqué Lukasz Jasina, porte-parole du ministère polonais des Affaires étrangères, signalant que l'ambassadeur russe avait été convoqué pour "des explications détaillées". Le président polonais Andrzej Duda a déclaré pour sa part que son pays n'avait pas encore de "preuve univoque" sur l'auteur du lancement de missile. "Une enquête est en cours", a-t-il relevé, affirmant qu'il s'agissait d'un incident "isolé".

"Il vient d'être décidé de relever le niveau d'alerte de certaines unités de combat... et d'autres personnels en uniforme", a déclaré le porte-parole du gouvernement Piotr Müller, à l'issue d'une réunion d'urgence du Conseil de la sécurité nationale. Le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a lancé un appel au calme à la population "face à cette tragédie".

Kiev pointe Moscou, qui nie toute implication

De son côté, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a directement accusé la Russie d'avoir tiré des missiles sur la Pologne, qualifiant cette frappe présumée "d'escalade très importante", et exprimé ses "condoléances pour la mort de citoyens polonais victimes de la terreur des missiles russes". "L'Ukraine, la Pologne, toute l'Europe et le monde doivent être entièrement protégés de la Russie terroriste", a-t-il poursuivi, assurant avoir "échangé les informations disponibles et (nous) sommes en train de clarifier tous les faits"

La frappe "n'est rien d'autre qu'un message de la Russie adressé au sommet du G20", a insisté le président ukrainien par visioconférence devant les dirigeants du groupe réunis à Bali, ajoutant qu'il y a "un État terroriste parmi vous", désignant Moscou. Son ministre des Affaires étrangères a par ailleurs qualifié de "théories du complot" les allégations circulant sur internet, selon lesquelles il pourrait s'agir d'un missile ukrainien tombé en territoire polonais. 

Si l'origine russe de ce missile venait à être avérée, cela signifierait que la Russie a agressé un pays membre de l'Otan, qui pourrait dès lors être en capacité de réagir militairement

Moscou, pour sa part, nie toute agression et a considéré les déclarations polonaises comme "une provocation délibérée dans le but d'aggraver la situation". "Aucune frappe sur des cibles proches de la frontière entre l'Ukraine et la Pologne n'a été effectuée par des roquettes russes. L'épave publiée par les médias polonais depuis la scène du village de Przewodow n'a rien à voir avec les armes russes", a dénoncé un communiqué. Le missile a été tiré par un système de défense S-300 des forces ukrainiennes, la frappe russe la plus proche de la Pologne étant à 35 km de la frontière mardi, a ajouté dans la matinée Moscou.

Les pays occidentaux apportent leur soutien mais restent prudents sur l'origine du tir

De leur côté, les dirigeants de la France, du Royaume-Uni ou de l'Allemagne ont échangé par téléphone avec le dirigeant polonais suite à ces événements, exprimant leur soutien. Mais nombre de capitales occidentales ont aussi appelé à la vigilance, pour ne pas précipiter une escalade. 

"La Pologne peut compter sur le soutien de la France et notre disponibilité pour appuyer les enquêtes en cours", a tweeté Emmanuel Macron. La France a par ailleurs appelé à "la plus grande prudence" sur l'origine du missile tombé en Pologne, "beaucoup de pays" de la région disposant du même type d'armement, a déclaré mercredi l'Élysée, qui met en garde contre "les risques d’escalade importants". 

Pour sa part, le président américain Joe Biden a estimé qu'il ne pouvait pas s'agir d'un tir russe. "Il est improbable (...) qu'il ait été tiré depuis la Russie", a-t-il déclaré à l'issue d'une réunion d'urgence mercredi des dirigeants des grandes puissances du G7 (États-Unis, France, Allemagne, Royaume-Uni, Italie, Canada, Japon), en Indonésie, en marge du sommet du G20. "Je vais m'assurer que nous puissions déterminer ce qu'il s'est passé exactement" avant de décider d'une réaction, a-t-il ajouté. Washington, dont de nombreuses bases militaires sont déployées sur le territoire polonais et qui compte quelque 10.000 militaires, dit suivre la situation de près, et mène l'enquête sur l'origine de ces explosions.

Joe Biden juge "improbable" un tir depuis la RussieSource : TF1 Info

Quant au Premier ministre Rishi Sunak, il a également proposé son assistance à la Pologne, réitérant "la solidarité du Royaume-Uni" avec ce pays membre de l'Otan, tandis que Downing Street a notamment indiqué que Londres travaillerait à établir "en urgence ce qu'il s'est passé". Et l'Allemagne a dit se tenir "étroitement aux côtés" de Varsovie, tandis que son chancelier Olaf Scholz a mis en garde mercredi contre toute "conclusion hâtive".

Du côté des pays voisins de la Pologne, les pays Baltes ont exprimé à Varsovie leurs condoléances et leur soutien sur les réseaux sociaux, à l'instar de la Lettonie mais aussi l'Estonie, qui a affirmé être prête à défendre "chaque centimètre du territoire de l'OTAN", tout comme le président lituanien Gitanas Nauseda, qui s'est dit "inquiet". D'autres pays de l'Est de l'Europe ont également réagi. En Hongrie, le Premier ministre Viktor Orban a convoqué un Conseil de défense. "Nous ne savons pas exactement ce qui s'est passé", a déclaré le ministre hongrois de la Défense, interrogé à l'issue de la réunion. En cas de responsabilité russe, "il s'agira d'une nouvelle escalade de la part de la Russie", a tweeté le Premier ministre tchèque Petre Fiala. Son homologue slovaque Eduard Heger a aussi exprimé son soutien à Varsovie. 

Enfin, le président turc Recep Tayyip Erdogan, dont le pays est aussi membre de l'Otan, a dit "respecter" les démentis russes et, s'alignant sur les propos de Joe Biden, a estimé qu'"il ne serait pas correct de prendre des décisions hâtives". Quant à la Chine, très réticente à condamner l'offensive russe depuis son lancement, "toutes les parties concernées doivent rester calmes et faire preuve de retenue afin d'éviter une escalade", a déclaré Mao Ning, une porte-parole du ministère des Affaires étrangères.

L'Otan se réunit, la Pologne envisage le déclenchement de l'article 4

Face à ce qui pourrait être une menace inédite, les membres de l'Otan ont pris la décision de se réunir de toute urgence mercredi 16 novembre dans la journée, en marge du G20. Le secrétaire général de l'Alliance, Jens Stoltenberg a assuré sur Twitter que l'Otan "surveille la situation et que les alliés se consultent étroitement". "Il est important que tous les faits soient établis", a-t-il ajouté.

Le président polonais Andrzej Duda a également annoncé que son pays s'apprêtait à demander l'application de l'article 4 du Traité de Washington, fondateur de l'Otan. Cet article prévoit des consultations entre Alliés lorsqu'un d'entre eux estime que son "intégrité territoriale" ou sa "sécurité" sont menacées. Un autre article, l'article 5 de la charte, oblige quant à lui les membres à se protéger mutuellement militairement en cas d'attaque et pourrait être invoqué dans ce cas de figure. 

Du côté de Bruxelles, le président du Conseil européen, Charles Michel, a, lui aussi, proposé "une réunion de coordination" avec les dirigeants de l'UE au G20. "Nous sommes solidaires de la Pologne après l'explosion survenue à sa frontière. Alors que l'enquête se poursuit, nous restons en contact étroit avec nos partenaires sur les prochaines étapes", a abondé sur Twitter Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne.

Quant à l'ONU, elle s'est montrée inquiète : il est "absolument essentiel d'éviter l'escalade de la guerre en Ukraine", a exhorté le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres dans un communiqué, se disant "très préoccupé". Il a réclamé une "enquête approfondie" sur le tir.


S.M avec AFP

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