Parmi les sanctions européennes, figure le gel d'avoirs de proches du régime russe.En France, cela correspond à une liste de près de 500 noms, qu'il est parfois difficile de relier à ce qu'ils possèdent vraiment.Face à l'ampleur de la tâche, le ministère des Finances a créé une équipe dédiée à cette traque.
Des politiques, des haut-gradés de l'armée russe, et des hommes d'affaire proches du Kremlin. La liste compte près de 500 noms de personnalités et entités russes, dont les avoirs en France doivent être gelés, au titre des sanctions décidées par l'Union européenne. Outre leurs biens financiers, un grand nombre de ces proches du régime possèdent des villas sur la côte, des chalets dans les stations de ski huppées, ou des yachts dans les ports français. Tous sont ciblés par les services français, pour qui la tâche est considérable. Le lien entre les noms et les avoirs est parfois difficile à démontrer, grâce aux montages financiers, et les propriétaires russes s'organisent pour la compliquer encore plus.
Dans le port de la Ciotat (Bouches-du-Rhône), une équipe de TF1 a pu filmer un des premiers biens russes saisis par les douanes françaises : un yacht long de 88 mètres, que l'on peut découvrir dans le reportage en tête de cet article. Son propriétaire s'appelle Igor Setchine et il figure en bonne place dans la liste des personnalités visées par les sanctions européennes. C'est un proche de Vladimir Poutine, dont il fut le vice-Premier ministre, qui est désormais membre du conseil d'administration du géant du pétrole Rosneft. Son navire aurait dû être immobilisé à quai, dans le cadre des sanctions prises contre les avoirs des proches du régime. Mais une fouille à bord a révélé que le yacht s'apprêtait à partir sans autorisation, une infraction qui justifie une saisie et de possibles poursuites judiciaires contre son capitaine.
Cinq bateaux immobilisés
Dans le port de Fos-sur-Mer, dans le même département, c'est un cargo appartenant à une compagnie russe qui a été immobilisé. Le navire n'est pas saisi, mais son équipage est confiné à bord. "Tant que les sanctions économiques ne sont pas levées par l'Union européenne", explique un officier des garde-côtes, "ce navire n'a pas le droit d'avoir une activité maritime, donc il ne quittera pas le quai". À ce stade, le ministère français des Finances a immobilisé cinq bateaux sur tout le territoire, mais ne souhaite pas communiquer sur l'ensemble de sa traque.
Bercy à la manoeuvre
Car c'est bien d'une chasse administrative qu'il s'agit, et qu'il faut mener rapidement. Quatre services majeurs de Bercy sont à la manœuvre : l'administration fiscale, le service de renseignement financier Tracfin, les douanes, et la direction générale du Trésor, mobilisant par moments jusqu'à plusieurs centaines d'agents sur tout le territoire. L'objectif immédiat est de repérer les avoirs financiers et les biens (comme les villas ou les bateaux) appartenant aux plus de 500 personnes et entités sous le coup des sanctions européennes. L'urgence est de les "geler" avant qu'ils ne soient vendus par leurs propriétaires, ou quittent le territoire français.
De leur côté, les oligarques semblent s'organiser pour échapper aux sanctions. L'équipe de TF1 a obtenu le témoignage d'une proche d'un d'entre eux, qui posséderait notamment des biens à Monaco, qu'il vient justement d'inscrire au nom de sa femme. "Comme ça, on ne peut pas trouver d'information officielle", explique notre source au téléphone. Pour gagner cette course de vitesse, Bercy vient de mettre sur pied une "task force", pour harmoniser l'action des différents services à l'œuvre.
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