VIDÉO - Ces inconnus qui ont fait bouger les lignes en 2019

Flore Galaud et Léa Bons
Publié le 31 décembre 2019 à 19h25, mis à jour le 31 décembre 2019 à 20h18
VIDÉO - Ces inconnus qui ont fait bouger les lignes en 2019
Source : LCI

WELL DONE - Ils ont été au cœur de l'actualité en 2019 et ont, chacun à leur façon, marqué l'Histoire. LCI vous retrace le parcours éclair de six illustres inconnus passés de l'ombre à la lumière au cours de ces derniers mois.

Vous avez sûrement vu leurs visages, où entendu leurs noms cette année dans l'actualité. Ils ont tous en commun cette volonté farouche d'aller au bout de leurs envies, de leurs convictions. Hommes ou femmes, en quelques mois seulement, ils sont parvenus à faire bouger les lignes, et à passer ainsi de l'ombre à la lumière. De la jeune Greta Thunberg à la chercheuse Katie Bouman, LCI vous retrace le parcours de ces six illustres inconnus qui ont fait parler d'eux en 2019 (dans la vidéo ci-dessous). 

Greta Thunberg, porte-parole de la génération climat

Une enfant à couettes assise en tailleur, pancarte à la main, sur le pavé froid devant le Parlement de Stockholm : adolescente anonyme il y a encore un an, Greta Thunberg est devenue la conscience environnementale du monde et la voix d'une génération exaspérée par l'inaction de ses dirigeants. Elle a été couronnée en décembre plus jeune "personnalité de l'année" du magazine américain Time.

Tout commence en août 2018, lorsque la Suédoise de 16 ans entreprend de faire la "grève de l'école pour le climat". Armée d'une pancarte en carton, elle attire rapidement l'attention des médias suédois, puis internationaux. En quelques mois, la jeune fille s'impose comme la pasionaria de la planète bleue.  Des jeunes du monde entier rallient sa cause. Les "Vendredi pour l'avenir" jettent dans la rue des millions de jeunes avant le sommet de l'ONU sur le climat de New York (Etats-Unis) en septembre 2019, auquel elle s'en rendue en voilier, pour éviter l'avion trop polluant. Dans la métropole américaine, elle s'adresse aux puissants : "Comment osez-vous ? Vous avez volé mes rêves et mon enfance avec vos mots vides".

Le lanceur d'alerte de "l'impeachment" contre Trump

Ce mystérieux agent de la CIA, un temps employé à la Maison Blanche, s'est alarmé pendant l'été de la teneur d'un appel au cours duquel le président américain aurait demandé à l'Ukraine d'enquêter sur un de ses rivaux. Lui-même n'a pas lu la retranscription de l'échange, mais il a récolté les témoignages de plusieurs responsables y ayant eu accès. Donald Trump aurait posé comme condition à une aide militaire cette enquête, ce qui relèverait d’un abus de pouvoir à des fins personnelles.

Son signalement, un temps bloqué par sa hiérarchie, est parvenu en septembre au Congrès, où les élus démocrates ont décidé d'ouvrir une enquête "en destitution" sur les faits dénoncés. Le lanceur d'alerte a ainsi provoqué l'audition de plus d’une quinzaine de témoins devant le Congrès américain, sans que la Maison Blanche ne puisse rien y faire.  

Après ces auditions, la majorité démocrate à la chambre basse a mis le républicain Donald Trump en accusation ("impeached"). Il sera ensuite jugé par le Sénat, où la majorité républicaine devrait lui épargner d'être destitué.

Donald Trump, qui se dit victime d'une machination politique, ne décolère pas. Régulièrement, il s'en prend au lanceur d'alerte qu'il accuse d'être au service des démocrates et lui demande de "sortir de l'ombre". Chose qu'il n'a toujours pas faite pour le moment. 

Juan Guaido, l’homme qui a déstabilisé Maduro

Le 23 janvier, quelques jours après avoir pris la présidence du Parlement du Venezuela, seule institution encore contrôlée par l'opposition, Juan Guaido, député de 36 ans parfaitement inconnu à l’étranger, se proclame président par intérim après que la majorité des députés, jugeant la réélection de  Maduro frauduleuse, a déclaré "illégitime" le chef de l'Etat. L'élu redonne espoir à une opposition affaiblie alors que ses principaux dirigeants se trouvent emprisonnés, exilés ou dans la clandestinité. Il est reconnu par une cinquantaine de pays, dont les Etat-Unis. 

Ce grand brun au large sourire, ingénieur industriel de formation, dit avoir "tout essayé" pour pousser Nicolas Maduro vers la sortie, alors que le pays traverse une profonde crise économique qui a fait fuir 3,6 millions de Vénézuéliens depuis début 2016. Mais toutes ses initiatives se sont soldées par des échecs. 

Juan Guaido, marié et père d'une petite fille de deux ans, se définit comme un "survivant" de la "tragédie de Vargas", un glissement de terrain qui a fait des milliers de morts en décembre 1999 dans cet Etat côtier du Nord où il vivait avec sa mère et ses cinq frères et sœurs. 

Le parquet vénézuélien, considéré par l'opposition comme acquis au pouvoir, a engagé plusieurs poursuites contre lui, passibles de 30 ans de prison. Washington a toutefois mis en garde Caracas : emprisonner l'opposant serait la "dernière erreur" de Nicolas Maduro.

Alaa Salah, l'icône de la révolution soudanaise

Drapée de blanc et haranguant la foule depuis le toit d'une voiture, Alaa Salah est devenue l’une des icônes de la révolution soudanaise et la porte-voix des femmes dans son pays. Son allure lui a valu d'être surnommée "Kandaka", ou "la reine nubienne", en référence aux souveraines ayant marqué l'histoire de la région dans l'Antiquité.

Le doigt pointé vers le ciel, appelant à lutter contre le pouvoir : l'image de la Soudanaise de 22 ans a fait le tour des réseaux sociaux lors du mouvement de protestation contre le régime d'Omar el-Bechir, arrivé au pouvoir en 1989 et destitué par l'armée le 11 avril sous la pression de la rue.

En dépit des menaces de mort que cette étudiante en architecture et en ingénierie à Khartoum dit avoir reçues, elle a appelé sur Twitter les Soudanais à ne pas plier face au "dictateur tyran".

Depuis le mois d'avril, Alaa Salah s'est engagée pour la défense des droits des femmes du Soudan, où des siècles de tradition patriarcale et des décennies de lois édictées par un régime qui appliquait la charia ont fortement limité le rôle des femmes.

En octobre, elle a dénoncé devant le Conseil de sécurité de l'ONU “les discriminations contre les femmes et les inégalités, cumulées à des décennies de conflits et de violences". 

Carola Rackete, capitaine des migrants

A 31 ans, aux commandes du navire humanitaire Sea-Watch 3, l'Allemande Carola Rackete brave le blocus italien en débarquant à Lampedusa en juin 2019 avec les 43 migrants qu'elle a sauvés en Méditerranée, après deux semaines d'errance en mer. Sa détermination lui vaut les foudres du ministre italien de l'Intérieur souverainiste Matteo Salvini, chantre de la lutte contre l'immigration illégale, qui accuse cette "criminelle allemande" d'un "acte de guerre". Elle replace aussi au cœur de l'actualité le drame des milliers d’êtres humains risquant leur vie pour atteindre l'Europe et fuir la guerre, les persécutions ou la misère.

Arrêtée à son arrivée en Italie puis expulsée, elle est toujours poursuivie pour avoir accosté de force dans le port de l'île sicilienne. La Cour de Cassation se prononcera à ce sujet le 16 janvier. Pourtant, cette écologiste n'avait pas pour ambition de devenir capitaine de bateau. Après des études scientifiques, elle s'engage au sein de Greenpeace et de British Antarctic Survey, l'opérateur national britannique de recherche scientifique en Antarctique. En 2016, elle participe pour la première fois à une mission de secours en mer avec l'ONG humanitaire allemande Sea-Watch.

Depuis son fait d'arme de l’été 2019, Carola Rackete, auteure de "Capitaine courage", consacre son temps à la défense de l'environnement et participe notamment à des marches pour le climat avec le mouvement Extinction Rebellion.

Katie Bouman, la chercheuse derrière le trou noir

Katie Bouman, 30 ans, est devenue une célébrité mondiale pour son rôle dans la création de la première image de trou noir jamais réalisée, publiée en avril par un grand projet de collaboration internationale, le Event Horizon Telescope (EHT).

La jeune femme était à l'époque en post-doctorat à l'institut d'astrophysique Harvard-Smithsonian de Cambridge (Etats-Unis). Sa spécialité est l'imagerie computationnelle.

En 2017, le projet EHT réalise une observation simultanée, par huit radiotélescopes répartis sur la Terre, de deux trous noirs. Katie Bouman était responsable du développement de l'algorithme qui a permis de traduire les téraoctets de donnée recueillies... en une seule image, celle que le monde a découverte le 10 avril, un disque noir cerclé d'un halo orangé, un peu flou.

L’instant où elle a découvert l'image pour la première fois a été immortalisé par une photo sur laquelle la chercheuse, assise devant son ordinateur, semble ébahie en regardant l'objectif, les deux mains pressées contre sa bouche. Une image qui a donné un visage à l'une des plus grande percées de l'Histoire de l'astronomie. Cet instant fut "l'un des souvenirs les plus heureux de ma vie", a-t-elle déclaré. Elle est aujourd'hui professeure à l'université Cal Tech de Los Angeles (Etats-Unis), dans le département des sciences informatiques.


Flore Galaud et Léa Bons

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