Guerre en Ukraine : Vladimir Poutine a-t-il surestimé son armée ?

A.L | Reportage vidéo Sylvie Pinatel, Florian Le Goïc
Publié le 22 mars 2022 à 10h09

Source : JT 20h WE

L’invasion de l’Ukraine par la Russie aurait dû être une offensive éclaire.
Mais la stratégie de Vladimir Poutine se heurte à une résistance ukrainienne farouche.
A-t-il surestimé les capacités de son armée ?

L’armée russe est-elle vraiment la deuxième puissance militaire dans le monde ? La force de son action est en tout cas remise en question au regard de la faible avancée de l'offensive qu’elle mène en Ukraine. Au bout de trois semaines de guerre, seuls 10% de la surface ukrainienne seraient contrôlés par la Russie. Les grandes villes comme Kiev, Kharkiv ou Marioupol, résistent toujours à l’envahisseur.

A contrario, le coût militaire de l’invasion est déjà assez élevé pour Vladimir Poutine. Selon des estimations, 15 à 20% des hommes de l’armée russe auraient été tués, faits prisonniers ou blessés. De premières observations qui viennent renforcer la probable surestimation des capacités de l’armée russe.

La stratégie de Vladimir Poutine était pourtant simple. Lors de la réforme de son armée il y a 15 ans, le chef d’État russe a choisi de développer les frappes à distance. Ainsi, au premier jour de la guerre, 115 sites près de Kiev ont été visés par 400 frappes russes.

 

Cet arbitrage s’est fait au détriment du renouvellement de son parc de blindés, utilisés malgré tout lors de l'invasion de l'Ukraine. Différentes vidéos montrent des chars du siècle dernier, simplement modernisés au niveau du blindage. "Ils se sont dits : 'De toute façon, les blindés, les chars lourds, ces modèles T70, T80, T90, c’est largement suffisant par rapport aux adversaires qu’on pourrait avoir en face de nous'", explique le consultant défense de TF1/LCI Pierre Servent. Des images montrent pourtant des chars mis en pièce par le feu ukrainien.

Des hommes peu équipés et peu motivés

Afin d’accompagner ces véhicules, Vladimir Poutine avait annoncé le déploiement de 200.000 hommes. Selon les experts, ils ne seraient que 130.000 et ne seraient pas toujours bien équipés en termes de transmission. "On ne fait pas la conquête d’un pays qui fait plus de la surface de la France avec 130.000 hommes", observe Pierre Servent, qui juge que Vladimir Poutine aurait été intoxiqué par ses services de renseignement. "C’est un grand classique des systèmes autocratiques. Tout le monde a la trouille autour de l’autocrate et lui fournit ce qu’il a envie d’entendre", ajoute encore l'expert en Défense.

En ce sens, plusieurs responsables chargés du renseignement et des généraux auraient été limogés ces jours-ci, renforçant le sentiment que tout ne se passerait pas comme prévu. D’autant que le moral ne serait pas bon au sein des troupes russes. Dans une vidéo publiée il y a quinze jours, un jeune conscrit russe raconte : "Ceux qui sont morts, ils ne les ramènent pas à la maison. Nous, on attend d’être transportés de l’autre côté de la frontière. Ça fait trois jours qu’on nous dit ça, mais personne ne vient nous chercher." D’autres soldats ont été filmés par des caméras de surveillance de magasins ukrainiens alors qu’ils étaient en train de se ravitailler gracieusement.

"L’armée russe a toujours eu des problèmes de logistique, de soutien du soldat. J’ai coutume de dire que la première victime de la violence, de la brutalité de l’armée russe, c’est souvent le soldat russe, depuis très longtemps. Il y a beaucoup de morts dans l’armée russe, par alcoolisme, par accident… Or à la guerre, le moral est essentiel", analyse Pierre Servent.

Des lettres de soldats montrent que ce sentiment est loin d’être partagés par les militaires envoyés au front. À leurs commandants d’unité, des sergents expliquent leur refus de se redéployer "en raison de la mauvaise organisation de l’unité, du manque de communication et de moyens de techniques" ou encore "de soutien logistique, de l’absence de coordination des actions, de l’absence de toute communication avec le commandement…"

Vladimir Poutine est-il en train de s'enliser en Ukraine ?Source : JT 20h WE

En Russie, des comités de mères de soldats se sont également élevés à plusieurs reprises contre la guerre. Une position forte du fait du caractère sacré de ces voix dans ce pays. Vladimir Poutine les a rassurées aussitôt pour les faire taire. "Je sais que vous êtes inquiètes pour vos bien-aimés. Soyez fières d’eux, comme nous le sommes tous", déclarait-il encore le 8 mars dernier dans une allocution au peuple russe. Tous les moyens sont bons pour continuer à galvaniser son peuple derrière cette opération militaire.


A.L | Reportage vidéo Sylvie Pinatel, Florian Le Goïc

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