REPORTAGE - Comment la police de Kiev traque les infiltrés russes

Virginie Fauroux | Reportage vidéo Benoît Christal, Charif Souary, Régis Roiné
Publié le 9 mars 2022 à 9h54

Source : JT 20h Semaine

Dans Kiev en proie au chaos, les informateurs ou saboteurs russes peuvent se cacher facilement.
L'une des missions de la police consiste à repérer ces hommes qui vivent au milieu de la population civile.

Pour démasquer un "infiltré" russe, tous les habitants de Kiev connaissent désormais la technique : faire prononcer à une personne suspecte le mot "palyanytsa". Une voyelle trop appuyée et c'est fini. En russe, c'est une fraise. En ukrainien, c'est le pain traditionnel connu de tous. Et aucun Russe, se dit-il à propos de cette ruse vieille comme les guerres soviétiques, ne peut prononcer ce mot correctement. Depuis une semaine, la traque des "saboteurs" russes envoyés par Moscou ou agissant de l'intérieur pour aider l'ennemi, selon Kiev, a fait plonger l'Ukraine dans un climat de suspicion maximale.

Résultat, dans la capitale en proie au chaos, des civils sont interpellés en pleine rue, soupçonnés d'être des espions à la solde de la Russie. Ces scènes deviennent courantes, comme l'a constaté le JT de 20H en suivant une patrouille de la police. Un peu plus loin, ce sont deux hommes qui sont encerclés et questionnés. Ils prenaient des photographies d'un immeuble touché par une frappe russe. L'un des deux suspects est Américain. Il porte une réplique de gilet pare-balles et dit être là pour soutenir le peuple ukrainien. "Je comprends ce contrôle, car il y a des saboteurs russes qui essaient de créer le chaos", dit-il dans la vidéo en tête de cet article. 

19.000 hommes prêts à lutter contre l'armée russe

L'homme qui dirige les renseignements de la police en Ukraine est un ancien des forces spéciales, vétéran de la guerre du Donbass. Le Colonel Evgeny Zhukov a sous ses ordres 19.000 hommes prêts à lutter contre l'armée russe si elle rentre à Kiev. "Je suis un guerrier et un policier dans un système de défense unique et soudé en Ukraine", lance-t-il. Et alliant le geste à la parole, il prévient qu'il utilisera son arme de poing avant de tirer en l'air. Le message se veut clair. 

Autre mission dévolue à ces policiers : sécuriser un site bombardé quelques heures plus tôt devant la ville d'Irpin, attaquée par les Russes. Le site est encore en flamme et les premiers civils évacués se présentent. En collaboration avec l'armée, les policiers assurent le contrôle des véhicules où s'entassent les réfugiés jusque dans les coffres. "La Russie rend les évacuations des civils très complexes. Nous les Ukrainiens, on est tous unis avec les moyens du bord pour les sauver", explique l'un d'eux.

Éloigner les civils du front, assurer leur sécurité, les nourrir parfois, voici les nouvelles prérogatives de la police en temps de guerre. Dans cette zone bombardée, près de 3 000 civils sont évacués chaque jour vers la capitale ukrainienne.


Virginie Fauroux | Reportage vidéo Benoît Christal, Charif Souary, Régis Roiné

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