Vadim Novinsky, oligarque ukrainien mais né en Russie, était passé sous les radars.Il a été retrouvé en Suisse, sous la robe d'un protodiacre dans une paroisse orthodoxe.Pendant des années, il a incarné une ligne prorusse au sein de la politique ukrainienne et était un fidèle de Poutine.
Il a 59 ans et il était, jusqu'au 24 février 2022, une figure prorusse dans l'écosystème politico-économique ukrainien. Fin avril, la piste de Vadim Novinsky a été retrouvée en Suisse... dans une église orthodoxe sous la robe d'un protodiacre. Une histoire qui pourrait anecdotique si elle n'était pas révélatrice, en même temps, des immenses difficultés rencontrées par Kiev et le reste du monde occidental pour sanctionner les oligarques.
Vadim Novinsky est né en Russie. Jusqu'en 2012, il n'avait pas la nationalité ukrainienne jusqu'à ce qu'il ne l'obtienne sur décision expresse du président ukrainien d'alors, Viktor Ianoukovytch, pour "services rendus au pays". Ce même président qui sera destitué un peu moins de quatre mois plus tard par le Parlement national après avoir noué des liens étroits avec Moscou, tout en rejetant l'Union européenne.
La richesse de Novinsky, bâtie sur l'industrie métallurgique et celle de l'acier, atteint aujourd'hui 1,5 milliard de dollars. Surtout, il était copropriétaire via une société dont sa société-holding était actionnaire de l'usine Azovstal. L'aciérie est devenue, entre avril et mai 2022 le symbole de la résistance ukrainienne. C'est dans les dédales de cette gigantesque usine que se sont réfugiés les derniers combattants de Marioupol, officiellement tombée fin mai 2022.
Avant le début de la guerre, Vadim Novinsky avait une deuxième casquette : celle d'homme politique. Élu dès 2013, il sera réélu après la révolution de Maïdan en octobre 2014 au sein du "Parti des régions", un groupe politique ouvertement prorusse et d'opposition. De cette époque, il en garde un surnom : le "fouet de Poutine". En effet, il était considéré comme étant celui qui tirait les ficelles du parti en s'assurant que l'ensemble des membres de son groupe suivent bien la ligne pro-Moscou.
Une fuite en Suisse : tout sauf un hasard
Lorsque, le 24 février 2022, la guerre éclate avec l'invasion de l'Ukraine par l'armée russe, Novinksy assure se rallier au régime de Kiev. "Il n'y a aucune excuse pour la Russie", assurait-il à la presse locale en mars 2022. Une allégeance qui n'a convaincu ni le régime de Volodymyr Zelensky, ni la justice ukrainienne qui lance une enquête pour "soutien aux autorités russes" en avril 2023.
Face à la pression politique et judiciaire, il a quitté son poste de député... et le pays. Il a rejoint l'Allemagne avant d'"être de passage en Suisse", a-t-il assuré au détour d'une brève conversation avec un journaliste en avril dernier. L'oligarque assurant "vouloir retourner en Ukraine dès que les conditions seront réunies". ll n'en reste pas moins que son choix d'aller en Suisse n'est, très probablement, pas dû au hasard. L'Église orthodoxe suisse qui a longtemps eu des liens importants avec la Russie. Le patriarche Kirill ayant été en poste dans la région de Genève dans les années 1970, avec un rôle d'informateur pour le KGB.
À ce jour, aucune sanction occidentale n'a été prise contre Navinsky, malgré ses relations étroites avec Vladimir Poutine. L'Ukraine, par contre, l'a sanctionné pour "soutien aux actions et politiques de la Fédération de Russie qui compromettent et menacent l'intégrité territoriale, la souveraineté et l'indépendance de l'Ukraine, ainsi que sa stabilité et sa sécurité".
Le 10 avril dernier, le siège de sa holding - Smart Holding Group - a été perquisitionné. Des preuves d'un montage offshore et de la littérature prorusse ont été retrouvées. Dans la foulée, 95 millions d'euros de sa fortune ont été gelés... une goutte dans l'océan de sa fortune.
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