Le général Michel Yakovleff, ancien vice-chef d'état-major du Shape à l'Otan, a évoqué ce lundi sur LCI la situation à Bakhmout, où les affrontements entre Russes et Ukrainiens se concentrent depuis plusieurs mois maintenant.Selon lui, en se focalisant sur la prise de cette ville, le Kremlin a oublié le reste de la guerre et a brûlé sa capacité offensive.
"C'est comme Stalingrad, les Allemands ont failli s'emparer de Stalingrad, il restait quelques bouts avant que les Russes ne mènent la contre-offensive." Invité de Damien Fleurot ce lundi 22 mai sur LCI, le général Michel Yakovleff, ancien vice-chef d'état-major du Shape (le commandement intégré de l'Otan) a comparé la situation actuelle de Bakhmout, où les combats entre Russes et Ukrainiens font rage depuis plusieurs mois, avec cette célèbre bataille de la Seconde Guerre mondiale qui avait précipité la défaite de l'Allemagne.
"Si jamais les Ukrainiens réussissent à percer au nord et / ou au sud de Bakhmout, vous imaginez la catastrophe que ce serait pour les Russes", ajoute-t-il alors que le Kremlin a revendiqué la capture totale de la ville deux jours plus tôt.
Les Russes ont oublié de penser aux restes de la guerre
Michel Yakovleff
En janvier 2023, l'armée russe, renforcée par des réservistes, repasse à l'offensive, en particulier dans le Donbass, où Bakhmout, cité industrielle de 70.000 habitants avant le conflit, fait l'objet d'une bataille sanglante depuis l'été. Les forces de Moscou, avec en première ligne les paramilitaires du groupe Wagner, s'emparent de sa partie orientale, sans parvenir à l'encercler.
Samedi 20 mai, dans une vidéo diffusée par son service de presse, la milice Wagner revendique finalement la prise totale de la ville, rapidement confirmée par le Ministère russe de la Défense. Une victoire à nuancer et à considérer avec la plus grande prudence, étant encore démentie par Kiev. Assistons-nous à une nouvelle bataille de communication ? "Dans la mesure où la prise de Bakhmout serait une victoire pour les Russes, plus on retarde l'échéance, du point de vue de Zelensky, mieux on se porte", a assuré l'officier général de l'Armée de terre française.
Pour Michel Yakovleff, la Russie s'est cassée les dents à Bakhmout : "En focalisant l'attention des Russes, de Wagner, là-dessus, les Russes ont oublié de penser aux restes de la guerre. Ils ont brûlé leur capacité offensive (...), ils ont consommé des réserves de munitions immenses."
Toujours selon lui, la prise de la ville n'avait, à l'origine, aucun intérêt stratégique pour Vladimir Poutine : "C'est une conquête vide de sens, sauf sur le plan symbolique. (...) Elle a pris un intérêt stratégique parce qu'elle avait un intérêt symbolique. En devenir le maître est devenu, pour le Kremlin, un objectif en soi."
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