Blé et tournesol : l’Ukraine continue de produire coûte que coûte

Léa Tintillier | Reportage Henri Dreyfus, David Bordier, Sylvain Roland
Publié le 20 mars 2022 à 17h48

Source : JT 13h WE

Les agriculteurs ukrainiens sont "sur le front" pour continuer à produire des céréales.
L’Ukraine en produit 80 millions de tonnes, dont les deux tiers sont exportés.
À cause de la hausse du prix du blé, certains pays d’Afrique sont menacés par la famine.

Le sol ukrainien est tout à la fois la plus grande fierté d’un peuple et sa principale richesse. Cette terre noire est parmi les plus fertiles du monde et lui vaut le titre de grenier à blé continental. La période des semences débute en pleine guerre et Katarina Chubko se sent particulièrement investie. "Moi, ma ligne de front, elle est ici. Je sens que les Ukrainiens sont derrière moi, je sais ce que je fais là et à quoi ça sert. Je sais qu’on doit fournir en pain l’humanité et quoi qu’il arrive, on le fera", assure-t-elle, dans le reportage du 13 h de TF1 en tête de cet article. 

Pourtant, la prochaine récolte s’annonce compliquée. Sur ses 7500 hectares, soit 100 fois la taille moyenne d’une exploitation française, Katarina doit gérer toutes les conséquences de la guerre. "Est-ce que c’est plus compliqué ? Oui incontestablement. D’abord parce qu’il y a des terres qui sont abîmées, des problèmes de carburant, de stockage, mais surtout de transport", explique-t-elle. 

Il faut néanmoins tenir le rang de géant agricole. L’Ukraine produit 80 millions de tonnes de céréales et d’oléagineux par an. La production est exportée aux deux tiers. Seulement, la quasi-totalité de ces exportations se fait par la mer Noire désormais inaccessible. Le rail devient la seule issue possible. 

Des menaces de famine dans de nombreux pays d’Afrique

La compagnie nationale ferroviaire s’est donc engagée à exporter coûte que coûte les céréales du pays. Près de 300 wagons partent désormais tous les jours en direction de la Pologne, de la Hongrie et de la Slovaquie notamment, mais il n’est pas certain que cela suffise à compenser le blocage des ports. 

Pour éviter une crise humanitaire dans le pays, Kiev a annoncé le gel d’une partie de ses exportations. Mais l’Ukraine est un acteur clé de l’alimentation mondiale. Sans elle, certains pays d’Afrique courent à la catastrophe, selon l’économiste Nazariy Zinko. "On ne peut plus rien prédire avec certitude, mais ce sont potentiellement des centaines de millions de gens qui n’auront plus les moyens d’acheter de la nourriture à cause du prix du blé. Ils mourront peut-être à cause de ça", affirme-t-il. Depuis le début du conflit, le prix du blé a déjà augmenté de 70%. 


Léa Tintillier | Reportage Henri Dreyfus, David Bordier, Sylvain Roland

Tout
TF1 Info